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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

« Mogambo », sans Ava, rien ne va....

Le gars a le choix entre Ava Gardner et Grace Kelly. C’est dur, le cinéma : deux des plus belles femmes de Hollywood, et aïe aïe aïe, notre héros est vraiment déchiré. Dans la vraie vie, évidemment, faut pas rêver, il aurait le choix entre Mamie Nova et rien du tout. Mais comme on est au cinoche, Victor Marswell (Clark Gable), baroudeur d’Afrique, concepteur de safaris, reçoit la visite de touristes qui flinguent des éléphants ou qui s’intéressent aux gorilles. Mélo absolument peu crédible, ce film de John Ford est amusant. Il s’agit en fait, au départ, d’un bide au théâtre intitulé « Red Dust » (huit représentations seulement jouées en 1932), dont l’auteur, Wilson Collison, est un obscur tâcheron, employé au cadastre - poussé par une ardente vocation, il a signé des dizaines de romans et de scénarios oubliés.

Le complexe de Clark Gable

La MGM, qui a acheté les droits, porte à l’écran une première fois, dans « la Belle de Saïgon », ce pensum bourré de clichés dans lequel un macho (Clark Gable, déjà) est écartelé, dans son ranch indochinois, entre une pute (Jean Harlow) et une bourgeoise mariée (Mary Astor). Gros succès, cette fois-ci, surtout à cause d’une scène olé olé où Jean Harlow, la blonde platine, prend un bain dans un tonneau d’eau de pluie. Il paraît que ladite Harlow est sortie à poil de son bain en s’exclamant :  « C’est pour les gars du labo ! »car évidemment, il n’était pas question de laisser une scène aussi exaltante dans la copie finale. En 1953, la MGM remet le couvert, avec le même acteur, Gable, et deux actrices, Shelley Winters et Gene Tierney.

 

Mais ces deux-là vont refuser, et c’est Grace Kelly et Ava Gardner qui les remplacent. Tourné au Kenya et en Ouganda, dans des conditions héroïques (John Ford est d’une humeur de chien et Clark Gable exige que tous les acteurs masculins se rasent la poitrine, du fait que lui-même est chauve des pectoraux et ne veut pas qu’il y ait d’autres signes de virilité), le film est à nouveau un gros succès. Soixante-dix ans plus tard, que reste-t-il de ce machin ridicule ? Ava Gardner, sublime, sublime, sublime.

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