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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 1.700 articles.

1er Février 1901. Naissance de Clark Gable.

«Il était l'un des rares survivants de la grande époque des champions. Sa carrière a le même impact que celle d'un Jack Dempsey sur le ring. Et c'est effectivement le seul acteur qui ait mérité son surnom: le King.»
John Huston.

Fabuleux destin que celui du King, né à Cadiz, dans l'Ohio, peu taillé pour faire du cinéma, mais doué d'un fichu caractère. Mort en 1960, deux semaines après le tournage des Désaxés document crépusculaire sur Hollywood, l'acteur est à tout jamais Rhett Butler, héros mythique d' Autant en emporte le vent. Un sacré monstre sacré !

Sur les photos des années 20, il ressemble à un homme des bois: oreilles géantes, épaules à lancer des troncs d'arbres, nuque tassée, mains XXL, dents gâtées, nez épaté, regard hépatique. Bref, il ne partait pas favori. Et pourtant: en 1935, à la cérémonie des oscars, un sourire et un noeud papillon immaculés se lèvent en cadence et s'avancent vers la statuette. Difficile à deviner, mais c'est lui. C'est le même. Sous peu, on va le baptiser «The King». L'homme des bois est devenu Roi. 

Le bourg de Cadiz, dans l'Ohio, restera pour avoir enfanté deux figures des Etats-Unis d'Amérique. Un parfait crétin: le général Custer. Et un dieu: William Clark Gable. L'élu est donc né là, le 1er février 1901, d'un père chercheur de pétrole - qui n'en trouve pas - et d'une mère qui monte au ciel assez vite. Les familles ont des origines allemandes. Le patronyme de Gable, en fait, serait un dérivé de Goebel. A partir de 1933, la MGM inventera à son pensionnaire des racines irlandaises et néerlandaises : sait-on jamais. 

«J'ai un casier universitaire vierge», lâchera un jour le King. A 12 ans, il livre des sacs de farine pour 50 cents par semaine. Ensuite, en vrac, il sera apprenti à la ferme, porteur d'eau dans les mines, mécanicien garagiste, ouvrier dans une raffinerie, comptable chez un fabricant de pneus, bûcheron, marchand de cravates. Pas de quoi chanter. Mais feu sa grand-mère lui a légué 300 dollars: à 21 ans, «Billy» prend les billets et la route de Portland, dans l'Oregon. C'est ici que tout bascule. Un copain l'entraîne à une audition donnée par une compagnie de théâtre. Sur-le-champ, il a le béguin pour les planches - et pour la douce Franz, une comédienne en herbe. A part ça, il a une voix de serin, il est gauche et il éprouve des difficultés à mémoriser un texte. C'est beaucoup. On le gratifie d'un bon conseil: laisse tomber, petit. Mais il s'accroche à ces gens du théâtre. Qu'a-t-il à leur offrir? Sa carcasse de boxeur, sa gentillesse naturelle et sa gaieté, qui feront de lui un régisseur bénévole prêt à dépanner tout acteur défaillant pendant la tournée. C'est parti. 

La chronique sentimentale de Gable est alors indissociable de sa montée des marches. En 1923, Franz le dirige vers Josephine, 39 ans, qui tient un cours d'art dramatique à Portland. C'est elle qui va dresser le sauvage. Elle lui parle d'un certain Shakespeare, lui donne des leçons de diction, recale sa voix - qui deviendra nasale - et finance le dentiste. Elle l'emmène à Hollywood, l'épouse, lui obtient quelques figurations dans des films, et puis c'est l'impasse. De toute façon, ce cinéma muet ne l'intéresse pas. S'il a appris à articuler, ce n'est pas pour faire semblant. Cet inconscient à peine dégrossi rêve maintenant de Hamlet et de Macbeth. Pas moins. Tel le Capitaine Fracasse, il retrouve les modestes scènes des théâtres ambulants et, tous les soirs, avant d'être Roméo face à Juliette, il repeint en blanc ses nouvelles dents en or. A New York, Clark croisera Ria, une riche veuve, qui a le même âge que Josephine. Il a 27 ans. Deuxième mariage à l'horizon. Alors qu'il était «prêt à raccrocher pour ouvrir une chemiserie», Ria lui fait passer la vitesse supérieure. 

Avec elle, il fréquente le gratin du monde du spectacle et peut satisfaire son goût de l'élégance: ce dandy baraqué, qui s'habille très sport et qui est d'une propreté obsessionnelle, commence à avoir de l'allure. A cette époque, Spencer Tracy triomphe à Broadway dans un drame intitulé The Last Mile. Poussé par sa compagne, et presque à reculons, Clark reprend le rôle sur la côte ouest et obtient - enfin - son premier succès, en 1930, au Belasco Theater de Los Angeles. Trois fours suivront. Ce n'est pas gagné. Mais une autre femme apparaît dans son paysage, qui partira pour lui au combat: son agent, Minna Wallis. 

«Mon Dieu! une chauve-souris...»
Hollywood est alors en train de vivre un séisme. Le 6 octobre 1927, la Warner a sorti Le Chanteur de jazz, dans lequel Al Jolson ne dit pas un mot, mais roucoule à l'écran My Mammy et Kol Nidre. C'est le choc. En 1928, la Paramount, la MGM et la United Artists s'engouffrent en choeur dans le parlant. Dès 1929, la migraine hollywoodienne ne vient pas du krach boursier, mais des stars du muet: que tirer d'un John Gilbert avec son timbre de chèvre? Pas grand-chose. On cherche donc la relève, et c'est dans ce contexte que Minna part à l'assaut des studios. Direction la Warner, où Darryl Zanuck est épouvanté par les oreilles de son poulain: «On dirait un singe», lance-t-il. Minna ne se démonte pas. Elle démarche la firme Pathé, qui prépare un western, Le Désert rouge. Elle jure au producteur que Clark est aussi à l'aise sur un pur-sang qu'un Apache. Parfait. Affaire conclue. Il jouera le rôle du traître. En sortant de là, l'Apache se pince: «Minna, t'as perdu la tête ou quoi? De ma vie je n'ai jamais approché un cheval.» Il a 29 ans. Il y a un début à tout. Dans le registre équestre, on peut déjà rappeler qu'en 1960 il se fera traîner sur 200 mètres par un mustang dans Les Désaxés, de John Huston. En avoir ou pas. Là-dessus, la magistrale Joan Crawford est formelle: «Il avait des couilles.» 

Armée du western, Minna repart au front et vise Irving Thalberg, le prince de la MGM. Qui frémira, lui aussi, devant les oreilles du client: «Mon Dieu! une chauve-souris...» Mais il lui propose des essais. Un grand moment: on fixe ses oreilles avec du ruban adhésif. Cinq minutes plus tard, Clark l'arrache et y va d'un fulgurant coup de gueule: «Hors de question que j'utilise ces trucs-là! Soit on me prend comme je suis, soit je rentre à New York!» On le prend comme il est pour un petit rôle de blanchisseur dans Quand on est belle, de Jack Conway. Le dogue se fait remarquer: il a vraiment du chien. Le 4 décembre 1930, Thalberg lui signe un contrat d'un an avec la MGM: 350 dollars par semaine. En ces temps de dépression, où les gens crèvent littéralement de faim, c'est un pactole. 

Gangster, escroc, bootlegger, mauvais garçon, tenancier de tripot, aviateur, planteur d'hévéas: il alignera 20 films entre 1931 et 1933. Dans le scénario, il n'est pas du style à pratiquer le baisemain. Il incarne le coriace qui bouscule la pimbêche, le dur à cuire qui emballe sec la mijaurée. Toute la crème du studio aura affaire à lui: Norma Shearer, Joan Crawford, Jean Harlow, Barbara Stanwyck, Greta Garbo, Marion Davies, Carole Lombard, Helen Hayes - et à qui le tour? Cette séduction primaire attire le public féminin et masculin. Il devient une petite vedette, passe à 2 500 dollars par semaine, se met à harceler le big boss, Louis Burt Mayer: «J'en ai assez du rôle de gigolo, et de malmener des femmes antipathiques», jette-t-il à la cantonade. Lui d'ordinaire si ponctuel sur les plateaux, lui qui apprend ses textes à la virgule, lui dont on loue le professionnalisme se met à bouder. La MGM a le secret pour calmer les frondeurs: on les prête à des producteurs fauchés, qui sont logés sur Poverty Row, l'allée de la Dèche. C'est le cas de Harry Cohn, qui dirige la très discrète Columbia, et qui a sous la main un Sicilien prometteur, Frank Capra. La MGM leur enverra deux fortes têtes: Clark Gable et Claudette Colbert. 

Le premier dialogue entre le metteur en scène et l'acteur (ivre mort) est resté dans les annales. Capra: «M. Gable, nous sommes censés accoucher d'un film. Dois-je vous raconter l'histoire ou préférez-vous lire le script?» Gable: «Mon pote, je m'en branle.» Et c'est la stricte vérité. Mais on le créditera d'un avis sur Capra, exprimé un beau matin à sa partenaire, dans la limousine qui les conduit au travail: «Tu sais, chérie, ce macaroni a quelque chose.» Le film s'intitule New York-Miami et va réveiller la comédie hollywoodienne. La rencontre improbable - dans un autocar - d'une riche héritière qui fugue et d'un journaliste insolent et fraîchement viré sera servie par la décontraction d'un Gable à la limite du je-m'en-foutisme. Dont acte: dès le lendemain du dernier jour de tournage, il réintègre la MGM, tourne trois films d'affilée et n'y pense même plus. New York-Miami sera le triomphe de l'année 1934 - et 5 oscars suivront, le 27 février 1935. Gable oscarisé. C'est l'avènement du King. 

Zeus sur l'Olympe. Star au-dessus des stars. Voilà ce qu'il devient, et presque malgré lui. Thalberg lui propose Les Révoltés du Bounty avec Charles Laughton et Franchot Tone. Il a peur d'être «ridicule avec une queue de cheval et des culottes courtes». Il ne veut pas y aller. Il ira quand même. Enorme succès. Avec un paradoxe à la clef: alors qu'on s'agenouille sur son passage, le King n'a aucune confiance en lui. Il se pose la seule et bonne question: suis-je vraiment un acteur? Disons une immense personnalité, répondront ses proches. Pour l'heure, ses dents lui font mal. Il se met à boire comme un cosaque. Sous l'alibi d'une appendicite, les dentistes de la MGM lui réinventeront un sourire, et le King repart à l'usine. Gentleman sur les plateaux, il est très proche des troisièmes rôles, des figurants, des gardiens du studio. Dans le genre, s'il existe une autre star qui ne déjeune qu'avec les techniciens et les scénaristes - le bas de l'échelle à Hollywood - c'est Carole Lombard, l'actrice la mieux payée et la plus subtile de sa corporation. Presque née sur place, elle a été formée, à coups de tartes à la crème, par l'admirable Mack Sennett. Elle est la terreur des snobs, qu'elle mouche, avec un usage immodéré, de fuck et de shit. Bref, Carole et Clark étaient faits pour se taper dans l'oeil. 

«Franchement, ma chère, je m'en tape!»
Ils se marieront pendant le tournage d'un film, un de plus, que le King ne sent pas du tout: un certain Autant en emporte le vent. «C'est trop grand pour moi, gémit le futur Rhett Butler. On va me tomber dessus.» Que dire de Gone With the Wind que les initiés rebaptiseront Gone ou encore GWTW ? Tournage apocalyptique, comme chacun sait. George Cukor laisse Gable dans son coin, ne s'occupe que des actrices, improvise à vue et accumule le retard. En bon producteur - qui n'a pas lu le livre - David O. Selznick vire le réalisateur et soumet une liste de trois remplaçants au King, qui pointe un nom: celui de son complice Victor Fleming, dit «le Moine fou». Ce dernier, encerclé par 116 nains en furie, tente de finir Le Magicien d'Oz quand Gable le supplie de reprendre le film. Après avoir visionné les rushes de Gone et parcouru le script, cet ancien pilote de chasse livre à Selznick, et en public, sa pensée profonde: «David, votre putain de scénario est une vraie merde.» 

Pendant des semaines, le Moine fou fera pleurer Vivien Leigh et insultera tous les crédités au générique. Tous, sauf un: Clark. Il ne s'intéresse qu'à lui, n'éclate de rire qu'avec lui. Au-delà de sa gentille carrière, ce film marquera un tournant sémantique. Pour la première fois, et pas la dernière, on utilisera dans un dialogue l'expression to give a damn. Honorons donc cet épatant «Franchement, ma chère, je m'en tape!» de Rhett Butler, qui a fait basculer le code Hays, garant de la haute morale hollywoodienne. Sur les lèvres de Gable, cela sonne comme une respiration. 

Carole et Clark ont racheté son ranch à Raoul Walsh. Le King plante des citronniers, achètent des vaches, se déguise en cow-boy, tire sur les serpents à sonnette et se met en tête de devenir fermier. Dans ce paradis sans piscine de starlette, Clark accumule les fusils de chasse, les cannes à pêche, les voitures de sport, les motos et les livres de poésie, qu'il lit presque en cachette. Mais l'année 1942 déchire sa vie. Alors qu'elle effectue une tournée pour placer des bons du Trésor destinés à financer l'effort de guerre, Carole se tue en avion. Il est sonné. 

Dans le Londres des instants sombres, sous les affiches de Gone, le colonel Passy dira à un jeune résistant nommé Jean-Pierre Melville: «Le jour où les Français pourront voir ce film, c'est que notre pays sera libre.» Même heure, même ville, on peut croiser le fantôme de Rhett Butler en tenue d'aviateur. Il est venu tourner des images de propagande pour l'armée de l'air, avec une idée très noire en tête: s'écraser au sol pour la rejoindre. En attendant, c'est lui qui écrit les lettres aux familles des héros calcinés. Il rentre en Amérique pour assister, en larmes, au baptême d'un navire, le Carole-Lombard. 

Son après-guerre sera placé sous le signe du whisky, qu'il boit dans des vases. Il a les mains qui tremblent. Il fume comme une forge antique. Et les épigones de Carole défilent dans son quotidien dépressif. Il convole avec l'ex-femme de Douglas Fairbanks Sr, Mme Zorro en personne. Une emmerdeuse. Ce quatrième mariage nous vaudra un échange grandiose, même s'il est apocryphe, entre le King et Pépé Hemingway. Pépé: «Si j'avais une femme comme ça, je crois que je décrocherais ma 22 long rifle.» Clark: «Ernest!» Pépé: «Ce ne serait pas la première fois que je ferais un carton sur une autruche.» Pour régler son divorce - une facture de 150 000 dollars - il part trousser quelques petits films en Europe. On le retrouve à Londres, à Paris, à Deauville, à Rome, à Florence. Mais c'est à Nairobi, en novembre 1952, qu'il récupère un peu de sa joie. Bienvenue sur le tournage hystérique de Mogambo. 

Ava Gardner rêve d'étrangler John Ford, lequel ne songe qu'à tuer son mari, Frank Sinatra: il est là, il n'a rien à faire et il est sur les nerfs. Le soir, au bivouac, c'est Clark qui calme Frank: «Relax, moussaillon. Tout ce dont tu as besoin, c'est juste d'un verre.» Et même de quatre ou cinq. Très motivé, le King a débarqué au Kenya avec ses fusils, sa tenue de brousse et ses cartouches de blondes. Dans Mogambo il incarne le chasseur blanc. Au-delà du script, il est surtout venu là pour les choses sérieuses: tirer le crocodile entre deux prises, crapahuter à travers la jungle et se baigner parmi les rhinocéros - ce qu'il fait en compagnie de la toujours partante Grace Kelly. Le film (pas terrible) sera un succès, mais préfigure la rupture entre Gable et la MGM. En Amérique, la télévision du début des années 50 - déjà 5 millions de postes - asphyxie les grands studios, qui n'ont plus les moyens de salarier leurs stars à l'année. C'est un monde englouti. Irving Thalberg, le prince, est mort depuis belle lurette. Louis B. Mayer, lui, se retire sur les champs de courses. En 1954, le contrat du King ne sera pas renouvelé. Quand sa Jaguar, qu'il a dessinée lui-même, passe les portes de la MGM pour la dernière fois, tout le petit personnel pleure son gentleman. 

Au total, il aura été marié cinq fois. L'ultime Mme Gable se prénomme Kay. Un clone de Carole, ou presque. Il retrouve la paix avec elle. Mais il a les traits marqués par la bouteille. Et parfois, sur un plateau, il lui arrive de s'empaler sur la caméra. Tel un boxeur encore lucide, il annonce ses dix derniers combats. Dix films, et il raccroche. C'est à la fin du neuvième qu'il ira au tapis. 

Retour sur le huitième. En 1959, il tourne à Rome C'est arrivé à Naples, sympathique badinage avec Sophia Loren. Il apprécie les pâtes. Il pèse 115 kilos. C'est dans sa villa romaine qu'il reçoit un scénario signé Arthur Miller, le mari de Marilyn. Titre: Les Désaxés. 

«Le seul acteur qui ait mérité son surnom»
Le King n'entrave rien à ce faux western moderne, et pour cause: c'est illisible. Pressenti, Robert Mitchum a déjà retourné le script avec un mot doux: «Nullité.» Il n'est pas le seul à le penser. Contre l'avis de tous, Gable dira oui. D'abord, son compère John Huston, ce dingue, a donné son accord pour diriger les opérations. Ensuite, on lui propose le contrat le plus phénoménal jamais rédigé depuis la naissance de Hollywood: 10% des recettes brutes, une garantie de 750 000 dollars et 48 000 dollars par semaine de dépassement. Gable, qui a toujours refusé d'être doublé sur les cascades, dispose de trois petits mois pour perdre 20 kilos. Sa femme, enceinte de ses oeuvres, surveillera la gymnastique. 

Tournage en enfer, dans la fournaise du Nevada. Dès le premier jour, les jeunots de l'Actors Studio demandent au King comment il appréhende un rôle. Réponse: «Je lui apporte tout ce que j'ai été, tout ce que je suis. Et tout ce que j'espère devenir.» Superbe. Le calvaire peut commencer. Déjà sous terre, Marilyn nage dans les médicaments. «Monty» Clift est à peu près dans le même état. Le réalisateur, lui, disparaît dans les casinos de Las Vegas. Et Clark, magnifique, serre les dents. Ce film se terminera grâce à sa détermination, à sa patience, à son courage. C'est le document crépusculaire sur Hollywood. 

L'élu de Cadiz meurt d'une crise cardiaque le 16 novembre 1960 - soit deux semaines après le dernier clap des Désaxés. Il sort ainsi les pieds devant, en vrai professionnel. John Huston, qui, très tôt, avait rêvé de faire L'Homme qui voulut être roi en associant Bogart à Gable, délivrera son épitaphe: «Il était l'un des rares survivants de la grande époque des champions. Sa carrière a le même impact que celle d'un Jack Dempsey sur le ring. Et c'est effectivement le seul acteur qui ait mérité son surnom: le King.»

PHOTOS : 

 

Zeus sur l'Olympe, star au-dessus des stars, l'homme des bois est devenu «The King», et ce presque malgré lui.
Début des années 20. Oreilles géantes, nuque tassée, dents gâtées, nez épaté, regard hépatique... Bref, il ne partait pas favori.

La Malle de Singapour (1935). On s'agenouille sur son passage, mais le King n'a aucune confiance en lui. Il se met à boire comme un cosaque.

Le Désert rouge (1931). Son agent, Minna Wallis, a juré que Clark était aussi à l'aise sur un pur-sang qu'un Apache. Affaire conclue. «Minna, t'as perdu la tête? De ma vie je n'ai jamais approché un cheval.»


Avec Carole Lombard, en 1940. L'actrice est la terreur des snobs, qu'elle mouche à coups de fuck et de shit. Faits pour se taper dans l'oeil, ils se marient pendant le tournage d'Autant en emporte le vent.


Courtes vacances entre deux tournages, en 1936. Avec Carole, il achètera un ranch et se mettra en tête de devenir fermier.

En 1960, avec Marilyn, sur le tournage des Désaxés, son dernier film. Un enfer. Marilyn nage dans les médicaments. Clark serre les dents.


En 1935, Gable est sacralisé. New York-Miami, triomphe de l'année 1934, lui rapporte son premier oscar. C'est l'avènement du King.
Avec Claudette Colbert, dans New York-Miami. La MGM voulait calmer ces deux fortes têtes en les prêtant à un producteur fauché.


Autant en emporte le vent (1939): un tournage apocalyptique. Le producteur vire le réalisateur. Victor Fleming prend la suite, mais lui lance: «Votre putain de scénario est une vraie merde.»

Sur le tournage de Mogambo, avec Ava Gardner, en 1952.


Les Révoltés du Bounty (1935). Il avait peur d'être ridicule avec sa queue de cheval.

C'est arrivé à Naples (1959), son avant-dernier film. Un sympathique badinage avec Sophia Loren. Il pèse 115 kilos et a les traits marqués par la bouteille.

 

1er Février 1901. Naissance de Clark Gable.
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