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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Le triste destin de la duchesse d’Alençon, la sœur de Sissi qui a péri dans le Bazar de la Charité

Je croyais en avoir fini avec la triste histoire du Bazar de la Charité...

Et puis, ce matin, voilà ce que je lis sur Vanity Fair sous la plume de Pierrick Geais...

Que vous trouverez ci-dessous.

Est-ce utile de préciser que la vie des Orléans est importante pour tous les Drouais...

Puisque la Chapelle royale Saint-Louis de Dreux abrite les sépultures de la famille de Bourbon-Orléans.

 

Et que cette chapelle abrite tout particulièrement deux gisants pour la duchesse d'Alençon.

Lire :

A Dreux, il existe deux gisants pour la duchesse d'Alençon.

Le triste destin de la duchesse d’Alençon, la sœur de Sissi qui a péri dans le Bazar de la Charité

Sophie-Charlotte en Bavière n’est pas la plus connue des sœurs de Sissi. Pourtant, son destin est tout aussi romanesque, de son union manquée avec Louis II de Bavière jusqu’à son mariage tumultueux avec le duc d’Alençon, sans oublier sa disparition tragique dans les flammes du Bazar de la Charité.

 

Sophie-Charlotte n’aurait manqué pour rien au monde le Bazar de la Charité. Chaque année, elle y tient un comptoir, où elle vend bibelots et colifichets, au profit de l’œuvre du noviciat des Dominicains. Cette grande vente de bienfaisance, présidée par le baron de Mackau, est devenue un événement mondain, où il faut voir et être vu, et surtout se montrer plus généreux que son voisin. En mai 1897, le Bazar a quitté la rue de La Boétie, où il était traditionnellement installé, pour un espace plus vaste rue Jean-Goujon, dans le huitième arrondissement, à deux pas de l’Élysée. Le baron a vu les choses en grand, faisant même venir un véritable décor de théâtre, représentant une rue d’un Paris médiéval fantasmé. Ces dames, élégamment gantées et chapeautées, pourront donc s’amuser à jouer à la marchande, comme si elles étaient des damoiselles du Moyen-Âge. Sophie-Charlotte, duchesse d’Alençon, a obtenu un comptoir tout près de la porte d’entrée, pour être certaine de faire plus de ventes. De toute manière, tout le monde se presse pour venir la saluer. Les Alençon n’ont, certes, plus le train de vie flamboyant qu’ils avaient par le passé, mais ils restent tout de même des figures influentes du gotha.

La duchesse est issue de la Maison de Wittelsbach, la plus illustre dynastie européenne, fille de Maximilien et Ludovica en Bavière. Elle est surtout connue pour être la sœur cadette de l’impératrice d’Autriche, la célèbre Sissi, et de Marie, reine des Deux-Siciles. Le duc d’Alençon, Ferdinand d’Orléans, est, lui, le petit-fils du roi des Français Louis-Philippe Ier. Ce qui n’est pas rien.

Le 4 mai 1897, la duchesse d’Alençon a donc répondu « présent » pour tenir à nouveau son stand. L’attraction de cette édition est le cinématographe, qui projette quelques petits films dans une salle à côté. Le public se presse pour admirer cette nouvelle technologie, mais au milieu de l’après-midi, l’appareil surchauffe et prend feu. En quelques secondes seulement, d’immenses flammes lèchent le décor hautement inflammable, puisqu’il est malheureusement recouvert d’une sorte de goudron. Des centaines de personnes se pressent vers la sortie, mais les portes ne s’ouvrent pas de l’intérieur. Le Bazar de la Charité se transforme en véritable brasier. Le duc d’Alençon tente d’aller secourir son épouse, mais la foule en panique l’en empêche. On lui assure de toute manière que cette dernière a pu s’échapper et s’est déjà réfugiée chez un voisin, le duc de Chartres. Mais ce n’est pas le cas, Sophie-Charlotte est restée prisonnière de cet effroyable incendie. Le lendemain, au milieu d’une centaine de cadavres carbonisés – pour la plupart des dames de la bonne société –, son corps est authentifié par sa dentiste qui reconnaît sa mâchoire. Quelques survivants raconteront, plus tard, les derniers instants de la duchesse d’Alençon, morte en héroïne : dans le plus grand des calmes, elle aurait tenté de sauver plusieurs de ses amies, avant de penser à elle.

 

Un mariage raté avec Louis II de Bavière 

Sophie-Charlotte avait cinquante ans. Et sa vie avait été loin d’être un long fleuve tranquille. Seule son enfance, sur les bords du lac de Starnberg, avait été douce. Entourée de neuf frères et sœurs, elle avait connu de jeunes années libres et insouciantes, bien loin de l’étiquette de la cour que ne supportait pas son extravagant père, le duc Maximilien. Avec Sissi, elle avait appris à monter à cheval, passant des journées entières à crapahuter dans la forêt. Sa mère, Ludovica, était la bienveillance incarnée. Sa seule préoccupation était que ses filles fassent de beaux mariages – si possible d’amour –, pour que jamais elles ne manquent de rien.

Sophie-Charlotte est d’abord promise à son cousin, le baroque Louis II de Bavière. S’ils n’ont pas grand chose en commun, ils partagent tout de même un amour immodéré pour le compositeur Richard Wagner, dont le jeune roi de Bavière est le mécène. Sophie-Charlotte a aussi l’avantage d’être la sœur de Sissi, à laquelle Louis voue une admiration sans faille. Les préparatifs de ce mariage sont rocambolesques… Le fiancé est fuyant, ne daigne même pas embrasser sa future femme, et ne traduit aucun sentiment à son égard. Misanthrope, il préfère se retirer dans son château de Berg, parfois en compagnie de son écuyer, l’athlétique Richard Hornig, dont il s’est vraisemblablement épris.

Personne n’ose se l’avouer, mais assurément Louis n’aime pas les femmes. Il ne voit en Sophie-Charlotte que l’héroïne d’un opéra dont il serait le metteur en scène. Il la rebaptise d’ailleurs Elsa, du nom d’un personnage de Lohengrin, œuvre majeure de Wagner. Il fait répéter la cérémonie de mariage durant des semaines, comme un spectacle, et dépense des fortunes pour les costumes et les décors. Pourtant, il ne cesse de repousser la date des noces. Ludovica et Maximilien perdent patience, tout comme Sophie-Charlotte qui trompe son ennui dans les bras du photographe chargé de ses prochains portraits officiels. Le 7 octobre 1867, un mois avant la nouvelle échéance du mariage, Louis II écrit une lettre à Sophie-Charlotte où il avoue ne pas l’aimer. Les fiançailles sont rompues.

Il faut alors trouver un nouveau mari à Sophie-Charlotte, vexée de ne pas devenir reine de Bavière même si elle n’avait aucune inclinaison pour Louis. On envisage Charles de Hohenzollern, prince de Roumanie, mais Ludovica n’a pas envie de voir sa fille déménager dans ces contrées jugées encore sauvages. Le choix définitif se porte donc sur Ferdinand d’Orléans, fils du duc de Nemours. Ce dernier est issu d’une lignée prestigieuse, mais contrainte à l’exil éternel, n’étant plus la bienvenue en France.

Un exil sans fin

Il faut alors trouver un nouveau mari à Sophie-Charlotte, vexée de ne pas devenir reine de Bavière même si elle n’avait aucune inclinaison pour Louis. On envisage Charles de Hohenzollern, prince de Roumanie, mais Ludovica n’a pas envie de voir sa fille déménager dans ces contrées jugées encore sauvages. Le choix définitif se porte donc sur Ferdinand d’Orléans, fils du duc de Nemours. Ce dernier est issu d’une lignée prestigieuse, mais contrainte à l’exil éternel, n’étant plus la bienvenue en France.

Les futurs fiancés se rencontrent à Dresde, en juin 1868, chez la reine Marie de Saxe, tante de Sophie-Charlotte. Le mariage est ensuite prononcé fin septembre, à Possenhofen, château où la nouvelle duchesse d’Alençon a passé toute son enfance.

Si Ferdinand est assurément épris de son épouse, ce n’est pas tout à fait réciproque. Sophie-Charlotte ne verra aucun inconvénient à avoir quelques amants, dont son médecin, qui vient régulièrement à son chevet pour surveiller sa santé fragile et plus encore… La duchesse est en effet continuellement malade, affaiblie par ses deux grossesses et par ses voyages sans fin. La petite famille ne s’établit jamais nulle part, vivant entre l’Angleterre, l’Italie, la Bavière et l’Autriche.

Ce n'est qu'en 1892, après le mariage de leur fils Emmanuel avec la princesse Henriette de Belgique que les Alençon s'installeront définitivement à Paris, avenue de Friedland. Quelques mois avant sa mort tragique, Sophie-Charlotte, tout juste âgée de cinquante ans, décide de rédiger son testament. Comme un mauvais présage. Avait-elle le pressentiment qu'elle disparaîtrait dans le brasier du Bazar de la Charité ?

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