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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Le 15 août 1969 à Woodstock : un air de liberté et des embouteillages

 

Le premier jour du festival, des milliers de spectateurs convergent vers le village de Bethel, dépassant les organisateurs.

Il est environ 17 h 40, vendredi 15 août 1969, lorsque, sur la scène en bois du Woodstock Music and Art Fair – « foire musicale et artistique de Woodstock », nom officiel –, le guitariste et chanteur Richie Havens (1941-2013) répète le mot freedom, « liberté », sur la mélodie de Motherless Child, un chant apparu au temps de l’esclavage aux Etats-Unis. Havens, comme cela est rappelé dans le livre Woodstock, de Mike Evans et Paul Kingsbury (traduction française, Editions de La Martinière, 288 pages, 25 euros), avait interprété toutes ses chansons prévues. On lui demande de continuer pour faire patienter avant le prochain groupe retardé. « Pendant la longue intro (…) je gagnais du temps pour savoir ce que j’allais chanter. Je crois que le mot freedom m’est sorti de la bouche à cause de cette liberté que j’avais sous les yeux. »

Cette improvisation, immortalisée dans le film consacré au festival, réalisé par Michael Wadleigh – avec notamment dans l’équipe la monteuse Thelma Colbert Schoonmaker et Martin Scorsese comme assistant réalisateur –, ce freedom répété à l’envi, devenant la chanson-symbole de cet air de liberté associé à la mythologie de Woodstock. Liberté des idées, des corps et des esprits dans les atours de la période hippie, durant « trois jours de paix et de musique », slogan de la publicité publiée à quelques jours du festival « dans des centaines d’hectares (…) sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge ».

 

 

C’est en fait Sweetwater, formation folk-rock psychédélique de Los Angeles, qui devait ouvrir le festival. Le groupe s’est retrouvé bloqué dans des embouteillages commencés dès le matin. Les petites routes pour arriver au village de Bethel (New York), à 170 km au nord-ouest de la ville de New York, près duquel a été installé le festival, sont devenues impraticables. Dans un rayon de 20 kilomètres, des dizaines de milliers de voitures ont été garées sur les bas-côtés. Bus et navettes en provenance de New York et des villes environnantes ne peuvent avancer. On termine le trajet à pied, encombrant un peu plus le passage.

Impossible de gérer la billetterie

D’abord prévu dans la commune de Woodstock, au nord de New York, puis à Saugerties à quelques kilomètres, le festival a gardé son nom de Woodstock lors de l’annonce, fin mai, qu’il irait à Wallkill… avant de trouver une solution à Bethel, fin juillet. L’équipe prend ses quartiers au motel El Monaco, à White Lake, un hameau à 4,5 km du terrain loué à Max Yasgur, éleveur de vaches laitières. Il a fallu tout installer rapidement à tel point que le site est à peine terminé au moment de l’ouverture et que les accès en sont mal contrôlés. Et surtout, le nombre de spectatrices et spectateurs qui convergent vers le site est bien plus important que prévu.

 

 

Si 186 000 billets ont été vendus (pour un, deux ou trois jours), ce sont entre 400 000 et 500 000 personnes, qui seraient venues, à un moment ou l’autre, sur la pente herbeuse et les abords du festival, comme l’indiquera, peu après, l’un des organisateurs, Michael Lang – associé au sein de la société Woodstock Ventures avec John P. Roberts, Joel Rosenman et Artie Kornfeld. Dont 4 062 personnes munies d’un billet qui n’ont pu accéder au site et ont été remboursées après.

Les fins grillages qui délimitent le site peuvent être pliés facilement. Une partie de la foule trouve plus pratique de passer par là plutôt que de continuer à faire la queue. Max Yasgur n’a pas voulu que l’on entoure l’ensemble de ses terres. On arrive donc aussi par des forêts alentours, des petits chemins. En fin d’après-midi, il n’est plus possible de gérer la billetterie. Le festival est déclaré « free », en accès libre, gratuit. Annonce faite par John Morris, coordinateur de production du festival et l’un des présentateurs.

De toute manière, le budget est déjà largement dépassé, notamment avec les dépenses de location d’hélicoptères pour amener certains groupes coincés dans les embouteillages ou du ravitaillement. Alors autant passer pour de chouettes organisateurs sympas. Même si un plan du film les montre prendre la décision… le sourire crispé.

Sylvain Siclier

(voir en annexe pour lire les 6 épisodes)

 

 

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