2 avril / 12 avril 1984. Organisation de mon premier voyage : L'EXPRESS au Japon.

Natsukashii désigne la nostalgie heureuse..., l'instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l'emplit de douceur. Vos traits et votre voix signifiaient votre chagrin, il s'agissait donc de nostalgie triste, qui n'est pas une notion japonaise.
La nostalgie heureuse - Amélie Nothomb

J'ai été officiellement engagée à L'Express le 1er Février 1983.

Un poste Cadre venait de se libérer à la Promotion des Ventes.

Et, avec mon passé professionnel à Publicis Conseil.

Où j'avais organisé de nombreux séminaires...

J'ai été rapidement choisie.

Aussi parce que je parle trois langues : Anglais, Allemand et Italien.

Mon directeur, Jiji, était"space".

Depuis quelques années, les grands médias de la presse écrite proposaient à leurs dépositaires de presse, des voyages à prix réduits.

Qu'ils déduisaient de leurs impôts sous forme de "Mission professionnelle".

Où on leur offrait les soirées, les apéritifs, et une garantie de sécurité, de vrai luxe et de cocooning.

Quand on a commencé à travailler sur ce voyage…

Histoire de me motiver...

La première chose qu'il m'ait dite c'est : "C'est dommage pour vous, vous allez faire tout le travail, et c'est moi qui vais faire le voyage !"

Le sort n'en a pas décidé ainsi.

………………..

Environ 100 personnes étaient inscrites.

Avec, en plus des Maisons de la Presse, le directeur général, Tom Sebestyen,  Jacques Huteau, l'administrateur, Eric Frèrejean, le directeur de la diffusion, et les gros bonnets des N.M.P.P. (Nouvelles Messageries de Presse Parisienne, organe officiel de diffusion de la presse) gracieusement invités.

On avait également prévu un médecin (le gendre du directeur général).

Il m'a fallu faire des appels d'offres pour réaliser le matériel.

Sur fond jaune avec un rond rouge au milieu.

Les sacs, les casquettes, les tee-shirts, les petits badges personnels, les auto-collants, etc.

Et choisir LA bonne agence de voyages.

Ce fut PREXO.

Leur directeur était très snob, mais j'avais peur que, une fois sur le terrain, il ne soit pas vraiment efficace.

Départ : le Lundi 2 Avril 1984.

Retour : le jeudi 12 Avril 1984.

10 jours au Japon !

……………………….

JOUR 1 - Lundi 2 Avril

Rendez-vous était fixé à Roissy/Charles de Gaulle 2 à 8 heures précises du matin.

Dans un salon privé d'Air France où les bagages furent étiquetés, transportés et chargés à bord du Vol 272 à destination de Tokyo, décollant à 10 h 35.

Nous avions, Anne-Marie, l'attachée commerciale, chargée des voyages médias d'Air France, et moi, collé des stickers sur tous nos sièges réservés.

Nouvelle expérience pour moi, je n'étais plus passagère mais organisatrice.

J'étais promue G.O.

Avec une certaine Evelyne.

Qui avait assumé le voyage en Chine, quelques années auparavant.

Au japon, notre guide via notre agence, serait Mitsuko Minomiya.

Et nous emmenions aussi Mme Shibata, une spécialiste du Japon au CNRS.

Disponible pour ceux qui voulaient en connaître plus.

20 heures de vol avec , après dix heures de vol, un stay à Anchorage.

Un vaste, trop vaste et impersonnel Duty Free de luxe dans les glaces de l'Alaska.

A l'ours blanc menaçant.

JOUR 2 - Mardi 3 Avril

Arrivée à l'aéroport Narita de Tokyo à 11 h 35.

Accueil et transfert à l'Hôtel New Otani.

3 heures de transfert à l'hôtel dans les encombrements des périphériques.

Collation du déjeuner dans le chambres.

Anecdote :

La seule valise qui a été égarée est celle d'Anne-Marie d'Air France.

Les femmes du groupe se proposent pour lui prêter vêtements et objets de toilette.

Dans le transport entre l'aéroport et l'hôtel, j'en ai profité pour - sur la demande du directeur général - expliquer aux hommes célibataires de notre groupe que les prostituées japonaises extorquaient rapidement 100 dollars aux touristes pour acheter du champagne sans espoir de consommation charnelle.

C'était la première fois de ma vie que je logeais dans un hôtel de plus de 1000 chambres.

Anne-Marie m'a dit de faire attention, de ne pas prendre les ascenseurs seule, car il y avait des criminels qui pouvaient guetter.

Sur la notice de l'hôtel, il a fallu que je tombe sur un rassurant "Quoi faire en cas de tremblements de terre" !

Et aussi sur la possibilité de massages.

Nos frais divers et nos extras étaient totalement pris en charge : nettoyage des tenues, masseurs, médecins, boissons, etc...

J'étais tellement épuisée du voyage que j'ai demandé à faire monter deux masseuses pour ma cothurne et moi.

Elles nous ont massé habillées de nos kimonos.

En nous piétinant.

Pour faire disparaître nos tensions.

Juste génial !

Enthousiaste, je l'ai vivement conseillé à Eric, notre directeur de la Diffusion.

Qui a eu peur quand il a vu arriver l'une des masseuses édentée...

Et oui, on était au Japon, pas en Thaïlande !

Dîner au restaurant dans le petit jardin japonais de l'hôtel.

JOUR 3 - Mercredi 4 Avril - TOKYO

Matinée réservée à la visite guidée de la ville : La Place du Palais Impérial, le Sanctuaire Meiji, le Jardin des Iris, le Temple Shintoïste.

Déjeuner au restaurant Chinzanso.

Après-Midi : Visite du Temple Asakusa Kannon et du Musée National.

De 18 à 19 heures : Cocktail à l'Ambassade de France.

Dîner au Restaurant Top of The Tower.

Anedocte :

Dans les jardins de l'ambassade, j'ai fait plus particulièrement la connaissance des Maisons de la Presse de Chartres et d'Angers.

Le soir, les jeunes de notre groupe ont rejoint dans un lieu à la mode une employée de l'ambassade.

Quelque part dans Tokyo.

Les parents leur offraient souvent ce voyage pour qu'ils se connaissent entre eux et se marient si affinités.

C'était bien avant Tinder !

J'avais demandé à chacun de se munir d'une carte de l'hôtel pour prendre un éventuel taxi.

Qui risquait de ne pas parler anglais.

Lors du dîner au restaurant, j'ai eu mal au cœur, le buffet tournait dans un sens et nous tournions dans l'autre.

Difficile d'attraper notre nourriture chinoise dans ce cas.

JOUR 4 - Jeudi 5 Avril - TOKYO

10 heures : Conférence avec l'Association de la Presse Japonaise.

Conférence sur les problèmes de distribution et commercialisation des journaux.

Déjeuner dans un restaurant en ville.

De 14 à 16 h : Visite du grand quotidien japonais : ASAHI SHIMBUN.

Excursion pour les dames (et autres membres du voyage intéressés).

Départ après le petit déjeuner à destination de l'ancienne ville de NIKKO. Visite du jardin botanique de MANSEIEN où sont cultivés 100. 000 "bonsaï" (arbres miniatures) dont certains datent de trois siècles.

L'autocar vous promènera ensuite sur la route de NIKKO, bordée de cèdres géants. Avec ses nombreux tournants, en tête d'épingle, la montée se présente comme une vraie série de balcons superposés où l'on jouit de merveilleuses vues panoramiques.

Arrivée au magnifique lac CHUZENJI, où la pêche et le yachting sont les sports les plus populaires.

Le déjeuner sera servi au NIKKO KANAYA HOTEL.

Visite des chutes de KEGON, les plus hautes du Japon (96 m).

Visite au sanctuaire TOSHOGU, avec le fameux portique YOMEINON, à deux étages, connu comme l'une des trois merveilles du pays.

Retour en fin de journée à Tokyo.

Anecdote :

Au Toshogu, j'ai vu l'original des singes de la sagesse. Dans le fronton du temple.

Il faisait froid.

Il a neigé aux chutes de KEGON.

Nous sommes revenus en train à Tokyo.

Au moment de partir il me manquait deux couples.

Mitsuko en a piqué une crise de nerfs.

Et est allée demander au conducteur de train de différer le départ.

J'ai récupéré mes 4 voyageurs imprudents devant un kiosque de la gare qu'ils comparaient avec les kiosques français.

Dîner au restaurant BLUE SKY.

JOUR 5 - VENDREDI 6 AVRIL - TOKYO / KAMAKURA / HAKONE

Suggestion pour les matinaux : découverte du fabuleux marché aux poissons sur le port de Tokyo, un spectacle inoubliable.

C'est moi qui cornaquai le groupe.

Premiers sushis dans un petit restau du marché.

Matinée libre.

13 heures : Départ en autocar spécial à destination de KAMAKURA, où l'on découvrira le Grand Bouddha et le Temple Kenchoji.

Continuation vers HAKONE et installation à l'hôtel :

HOTEL KOWAKI-EN

Soirée en kimono pour l'équipe de L'Express.

Premier Karaoké. Avec "La vie en rose" d'Edith Piaf.

Au fond, le baron Christian d'Epenoux, grand reporter invité pour le voyage.

Devant, au milieu, à côte de moi en blanc, Mitsuko, notre guide.

Avec nous, trois jeunes dépositaires de presse (ou enfants de)

Anecdote :

Nous avions une totale matinée de libre.

Avec Anne-Marie et 4 ou 5 femmes de dépositaires, nous avons décidé de prendre le métro et d'aller voir l'ouverture du plus grand magasin de Tokyo.

Mitsukoshi.

Histoire de voir les vendeuses en gants blancs qui saluent respectueusement les premiers clients.

Et d'acheter quelques souvenirs.

L'aller s'est bien passé, mais, au retour nous nous sommes trompés de direction….

Difficile de décrypter les noms des stations en japonais sans sous-titrages.

Et de comprendre que dans le métro de Tokyo il n'y a qu'un seul sens.

Celui de l'aller.

Nous avons dû confondre Asakusai et Aksuka, ou quelque chose dans le genre… 

Nous avons pris des taxis et nous sommes arrivés très en retard…

Et je me suis fait remonter les bretelles.

Car tout le groupe nous attendait pour partir.

Anne-Marie nous quittait à ce moment précis.

Nous devions nous revoir sur deux autres voyages : Fort de France, et les Maisons de la Presse de banlieue à Dakar.

J'ai assumé sans elle les kiosquiers parisiens à Athènes pour le lancement de L'Express Paris (2 fois 75 personnes pour 3 jours)

JOUR 6 - SAMEDI 7 AVRIL 1984 - HAKONE/ATAMI/KYOTO

Le matin, visite du parc national et promenade en bateau sur le bord du Lac Hakone.

Visite du musée MOA à ATAMI.

Déjeuner dans un restaurant à ATAMI.

14 h 33 : Départ du fameux Bullet Train KODAMA 253 à destination de KYOTO.

Arrivé à la gare de KYOTO à 17 h 36.

Transfert au KYOTO ROYAL HOTEL.

Dîner dans le Salon ROYAL CROWN.

Anecdote : 

Nous avons cherché vainement à voir le Mont Fujiyama.

"La tradition affirme que tout Japonais doit avoir gravi le mont Fuji au moins une fois dans sa vie, faute de quoi il ne mérite pas la précieuse nationalité." Amélie Nothomb.

Pour rigoler, Christian d'Epenoux a collé une carte postale sur la vitre du train en remplacement…

Arrivés à Kyoto, il fallait descendre vite, très vite, du Bullet Train.

Nous n'avions donc pas pris nos bagages avec nous et ils ont été transportés par car.

Au KYOTO ROYAL HOTEL il y avait un restaurant français nommé "Azay-Le-Rideau".

Tenu par un chef japonais qui avait été formé par Alex La Foux à Paris (le pote de mon Langellier, rue Clément, Paris 6e).

Et j'avais ses coordonnées avec moi.

JOUR 7 - DIMANCHE 8 AVRIL KYOTO

9 h : départ en autocar spécial pour la visite guidée de la ville de KYOTO : Le Château Nijo, le Pavillon d'Or, le Temple Kiyomizu et le Pavillon d'Argent.

Déjeuner au restaurant MINOKICHI.

Après-midi : continuation de la visite de KYOTO.

Dîner dans le salon ROYAL CROWN.

Anecdote :

Les jeunes du voyage voulant absolument aller en boîte...

Le chef du restau me conseille AU MARAHAJA le Club à la mode.

Je serai présente au milieu d'eux pour régler leurs consommations et pour les ramener à l'hôtel.

A pas d'heure !

JOUR 8 - LUNDI 9 AVRIL KYOTO / NARA / KYOTO

8 h 30 : Départ en autocar spécial à destination de NARA, ancienne capitale du Japon située à 42 km au sud de KYOTO.

Sur le chemin de Nara, arrêt à UJI pour visiter le Temple Byodoin.

Visite de NARA (Temple Todaiji, Temple Horyuji et Sanctuaire Kasuga).

Déjeuner au NARA HOTEL.

L'après-midi, poursuite de la visite de NARA.

Retour à KYOTO en fin d'après-midi.

Dîner dans le salon ROYAL CROWN.

Anecdote :

Mes chers Français en avaient ras-le-bol de la nourriture nippone.

Je les aiguille donc vers le Restaurant "Azay-Le-Rideau" pour qu'ils dégustent un bon tournedos frites.

Dans le centre commercial du Kyoto Royal Hotel.

J'ai demandé au Chef si nous pouvions aller en nombre restreint dans un vrai Bar à Geishas.

Il a téléphoné à son père pour avoir la permission de nous emmener dans son club.

Il avait au bas mot plus de 35 ans...

C'est comme ça au Japon !

Nous y sommes allés à 5 : Christian d'Epenoux , son épouse, Cody, Evelyne, un des voyageurs qui m'avait rendu service et moi.

La geisha nous a montré le thé très spécial qui permet, après une nuit de beuverie, de retrouver ses esprits et d'effacer de l'haleine toutes traces d'alcool. 

(NDLR On devrait en importer).

Ce genre de femmes n'est pas du tout une prostituée.

Elle est souvent de grande famille…

Et est capable de  servir le thé et les boissons et de jouer les entremetteuses silencieuses quand deux grands patrons de l'industrie se rencontrent.

Pour un achat ou une fusion, par exemple.

JOUR 9 - MARDI 10 AVRIL - KYOTO

Départ en autocar spécial pour une journée d'excursion : visite du château HIKONE, de la Maison des Samouraïs et des cerisiers dans le Parc MARUYAMA.

Déjeuner dans un restaurant en cours de route.

Retour à l'hôtel en fin d'après-midi.

Dîner-Sukiyaki (accroupis sur ses genoux) au restaurant japonais JUNSET, avec un "geisha show".

Nuit au Kyoto Royal Hotel.

Anecdote :

En grande tenue noire et blanche, j'avais discrètement mis des petites boucles d'oreilles Fiorucci en forme de Minnie.

Mais l'une des jeunes geishas l'a repéré.

Et a poussé des petits cris de joie.

En venant les toucher.

Gros fous-rires du groupe.

JOUR 10 - MERCREDI 11 AVRIL KYOTO / OSAKA / PARIS

Matinée libre.

Déjeuner au KYOTO ROYAL HOTEL.

15 h : Transfert à l'aéroport d'OSAKA pour embarquement sur le vol de retour sur PARIS (AF 273), décollant à 17 h 55 (Paris 9 h 55)

Anecdote :

Re-stay à Anchorage.

Deux de nos exportateurs de L'Express , le Canadien et le Suisse, n'ont pas décuité depuis qu'ils ont voulu aller visiter HIROSHIMA et NAGASAKI.

Ils montaient le grand escalier à l'envers.

Et j'ai du y mettre bon ordre.

Juste avant Anchorage, Lachaud, le dépositaire de Chartres fait un malaise et perd connaissance.

Le temps d'aller le secourir avec le médecin, un autre passager se trouve mal. 

Puis, un autre. Et encore un autre.

J'aide à les allonger.

Et je m'évanouis à mon tour.

La cabine est sans doute mal pressurisée.

Le pilote nous demande de ne surtout rien dire à Anchorage car l'avion entier risque la quarantaine.

JOUR 11 - JEUDI 12 AVRIL PARIS

Arrivée à Paris Charles de Gaulle à 6 h 45.

Anecdote :

J'étais tellement épuisée que j'ai dormi 48 Heures non stop.

Liliane Langellier

P.S. Après ce voyage, Air France a offert à L'Express

un voucher de trois jours au Méridien de Fort de France.

Tous frais payés.

Eric Frèrejean de Chavagneux a décidé que cette place me revenait de droit.

Pour bons et loyaux services rendus au Japon !

Yesssssss !