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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Triduum pascal à Solesmes

On était en 2001....

J'étais catéchiste pour les enfants de deuxième année, sur la zone de Boutigny/Prouais.

Après une messe de Jeudi Saint très difficile à Faverolles...

J'ai décidé d'aller m'aérer la tête fissa à Solesmes.

Mon père spirituel de l'époque était le père Joseph Michel Marie Lemaire (fils du fondateur des éditions Téqui).

Un moine des plus charismatiques.

Je l'avais connu en mars, alors que je cherchais un prêtre exorciste pour une jeune fille très perturbée de la paroisse.

C'était en effet lui le père exorciste de l'abbaye.

Il en était également l'infirmier.

L'un de ses frères, le père Jean-Philippe Lemaire, était aussi bénédictin à Solesmes.

C'était un rite...

J'allais donc le voir tous les mois.

400 km aller/retour....

Qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente !

Sachez-le...

Les moines sont très au courant du monde extérieur.

Du pire et du meilleur.

Bien plus que les simples prêtres paroissiaux.

Ils acceptent quiconque se présente à la confession.

Criminels, voleurs, etc...

L'ordre de Saint-Benoît les oblige aussi à recevoir celui qui se présente à leur porte.

Et à lui offrir asile et nourriture.

Mais...

Comme je m'y étais prise bien trop tard...

Aucun hébergement n'était possible à l'hôtellerie des sœurs de Sainte-Cécile.

On m'a aiguillée vers le sanctuaire de Notre-Dame-du-Chêne à Vion.

L'endroit était superbe avec ce printemps sarthois.

Le recteur en était le père Dominique Auzenet.

Qui faisait, lui aussi, office de père exorciste dans cette campagne sarthoise.

Où il y avait encore beaucoup de rituels de magie.

Dans le parc, se trouvait une jolie petite reproduction du Saint Sépulchre.

Où l'on célèbre encore aujourd'hui une mise au tombeau du Christ.

Dès ma valise posée...

Et un diner frugal, à la table d'hôtes, rapidement avalé...

J'ai filé à Solesmes pour assister à l'Office des Ténèbres.

En emmenant avec moi quelques retraitants.

Je n'ai jamais aimé cet Office du Vendredi Saint, qui me rappelle mes frayeurs de jeune pensionnaire au Parchamp.

L'adoration de la croix est un moment difficile.

Très difficile.

Je m'étais familiarisée avec les chants grégoriens depuis quelques temps.

D'une part, parce que la Communauté Saint Martin était désormais en charge de notre paroisse nogentaise...

D'autre part, grâce à mes séjours d'été à Carnac, à l'abbaye Saint-Michel-de-Kergonan.

La messe en latin, elle, je la chantais par coeur depuis l'enfance.

Le Samedi Saint est un jour étrange pour les Cathos.

Les tabernacles sont vides et ouverts.

Un jour de transition.

Une attente.

J'ai pu me balader dans les jardins du prieuré.

Le soir, j'ai eu la chance d'assister par trois fois au feu pascal.

Une fois au Chêne et une fois devant l'église paroissiale de Solesmes, et une fois à l'abbaye.

Des gens viennent du monde entier pour assister à cette vigile pascale.

Et le très chic hôtel d'en face affiche complet.

Resurrexit, sicut dixit !

Je savais que la Vigile Pascale serait superbe.

Elle fut au-delà de mes attentes.

Les chants, l'encens, les bougies, les couleurs, tout m'était émerveillement.

Le cierge pascal était superbe.

J'ai suivi la messe du dimanche au Prieuré.

Avec la remarquable homélie du père Auzenet.

Le repas pascal fut joyeux et familial.

On a beaucoup ri autour du gigot pascal.

J'avais repéré leur petite boutique où j'avais fait de nombreux achats.

Ce que j'attendais avec impatience, c'était la vénération de la sainte épine de la Croix du Christ.

Quel absolu romantisme !

……………………….

Dom Guy-Marie Oury en a retracé l'histoire :

La dévotion aux reliques de la Passion avait pris une extension extraordinaire avec les Croisades, et le prieuré de Solesmes n'est pas un cas isolé ; tout le monde a entendu parler de la sainte Épine de Port-Royal ; mais le culte des reliques de la couronne d'épines est bien antérieur au temps des croisades. Saint Paulin de Nole en parle dès le début du Ve siècle ; Cassiodore mentionne la couronne d'épines parmi le trésor des reliques conservées à Jérusalem dans son commentaire du psaume 86, et un peu après, à la fin du VIe siècle, Grégoire de Tours rapporte la légende selon laquelle les épines de la couronne du Seigneur retrouvent chaque jour leur verdeur originelle et sont toujours fraîches.

 

 

Parmi les épines de la couronne les plus anciennement cédées à l'Occident, il y a celles qui furent déposées au trésor d'Aix-la-Chapelle ; elles avaient été envoyées par l'Impératrice Irène à Charlemagne, lors des échanges diplomatiques des années 798-802. Charles le Chauve retira de ce dépôt quatre épines pour les donner à l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne en 877. À la fin du moyen âge, de nombreuses épines vénérées comme reliques sont seulement des épines ayant été mises en contact avec une relique considérée comme authentique.

La relique de Solesmes, qui devait être sauvée à la Révolution par le fermier du Grand Aulneau qui la prit chez lui et la cacha, était la seule relique ancienne possédée au monastère de Saint-Pierre au temps des Mauristes. Ils en parlent dans les notes historiques envoyées à Saint-Germain-des-Prés aux rédacteurs de l'histoire de l'ordre.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'identification de Raoul de Sablé n'est pas encore faite, et que l'on ne sait pas avec certitude à quelle date approximative la relique de la Sainte Épine a été apportée à Solesmes. Mais elle a été ensuite conservée avec le plus grand soin ; elle a traversé sans dommage les désastres de la Guerre de Cent ans, ce qui ne fut pas le fait des autres reliques du prieuré, semble-t-il ; et c'est pour lui servir de reliquaire monumental que fut élevé à la fin du XVe siècle le grand ensemble du Tombeau du Seigneur.

Ces admirables décorations (ils viennent de décrire les sculptures du tombeau du Seigneur et de la Belle Chapelle) ne rendent cependant pas cette basilique aussi illustre que l'une des Épines de la couronne placée sur la tête de Notre Seigneur Jésus-Christ durant sa Passion, qui est conservée ici avec le plus grand honneur, dans un reliquaire de cristal, entouré d'une couronne d'épines fondue en argent et en or, que tient en main un ange de même facture. Très fréquemment les foules viennent la vénérer. Elle a été rapportée de Palestine par Raulphus ou Rodolfus, seigneur de Sablé, qui était allé en Terre Sainte avec Godefroy de Bouillon et les autres nobles de France pour la libérer de l'invasion des Turcs. Et c'est ce gage de sa dévotion que Raoul a confié à la garde de la basilique de Solesmes fondée par ses ancêtres et dotée avec magnificence.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'identification de Raoul de Sablé n'est pas encore faite, et que l'on ne sait pas avec certitude à quelle date approximative la relique de la Sainte Épine a été apportée à Solesmes. Mais elle a été ensuite conservée avec le plus grand soin ; elle a traversé sans dommage les désastres de la Guerre de Cent ans, ce qui ne fut pas le fait des autres reliques du prieuré, semble-t-il ; et c'est pour lui servir de reliquaire monumental que fut élevé à la fin du XVe siècle le grand ensemble du Tombeau du Seigneur.

 

 

À titre purement documentaire, pour illustrer ce sujet, voici ce qui arrivé vers 1937 à une Luxembourgeoise du nom de Mathilde Muller, qui était professeur à Luxembourg. Le P. Shons, prieur de Clervaux, lui avait fait cadeau d'un petit reliquaire contenant une parcelle de la vraie Croix et — ce qu'elle ignorait— un tout petit morceau de la Sainte Épine de Solesmes. La relique lui avait été donnée à Quarr Abbey en 1910 par un père de Solesmes.

Or Mathilde Muller put rendre visite à Thérèse Neuman, la mystique bavaroise, un vendredi, alors qu'elle revivait en esprit la Passion du Christ. Subitement, Thérèse s'adressa à sa visiteuse, présente dans la chambre : "Qu'as-tu sur toi ?" ; déconcertée, elle répondit : "Rien". - "Mais si, tu as quelque chose là". - "Non" ; - "Mais si ! C'est quelque chose qui a touché au Christ". Alors Mathilde Muller se souvint du reliquaire qu'elle portait à son cou, pendu à une chaînette d'or. Thérèse prit le reliquaire et l'appliqua sur le stigmate de sa main, puis elle dit : "Oui, oui, c'est le morceau de ta Croix sur laquelle Jésus a expié nos péchés et est mort. Il se trouvait vers le bas."

Après quelques instants, elle porta sa main à la nuque, et y posa la relique. "Mais oui, mais oui, il y a encore autre chose. Il y a un morceau d'épine de la couronne de Jésus. Ce morceau a été pris de celui qui se trouve en France dans un monastère où on le vénère beaucoup ; on y prie bien ; on y aime bien Jésus. Quelques-uns lui font très plaisir et consolent son cœur."

 

"Je vois celui qui apporte la relique. Il vient d'un pays lointain. Il l'apporte à ce monastère au bord de l'eau, pour qu'on l'y vénère et que l'on prie pour ceux qui ont donné leur vie pour Jésus dans le pays où il a souffert."

"Oui, oui, c'est quelque chose qui a touché Jésus et qui l'a aidé à sauver les pécheurs. Vénérez-la bien et Jésus vous aidera à bien souffrir et à bien mourir."

Le P. Shons qui rapporte ce fait dans une lettre écrite à Paris le 22 juillet 1945, ajoute : "Cette personne ignorait complètement qu'à côté de la relique de la vraie Croix, il y en avait une autre de la couronne d'épines. Je ne lui en avais jamais parlé."

Quelle que soit l'explication que l'on donne à cette vision à distance, dans l'espace et dans le temps, le fait reste assez impressionnant. Il ne remplace pas les preuves historiques, mais il invite à ne pas négliger les indices que l'on possède encore.

Dom Guy-Marie Oury

…………………………….

Joli, non ?

C'est le Beau qui nous aide à vivre.

Et à survivre.

Il faut sentir toute cette foi frémissante à l'abbaye Saint-Pierre...

Pour approcher de ce grand mystère qui nous échappe. 

La vie.

Liliane Langellier

 

 

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