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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Un tramway nommé Désir d'Elia Kazan...

"Je n'ai que faire du réalisme... Moi, je veux du merveilleux."
Blanche Dubois

« Prendre le tramway nommé Désir et changer à la station Cimetière » : Blanche Dubois se répète les consignes pour aller chez sa soeur, Stella, frêle blonde acoquinée à un Polonais musclé. Avec sa névrose rampante et ses valises débordantes, Blanche s'installe dans le petit appartement suintant du couple, pour une durée illimitée...

Nymphomane de l'imaginaire, pour qui tout passage à l'acte se résume à une fuite, l'héroïne, Blanche Dubois, est une dépressive virevoltante, toujours en mouvement, lancée comme un tramway cahotant sur les rails de la folie.

Le film ressemble à un long monologue de cellule d'asile, dont tous les pensionnaires sont vus comme des animaux. Sur les conseils de Tennessee Williams lui-même, Elia ­Kazan donna à Vivien Leigh l'apparence d'un « papillon de nuit battant de l'aile contre un mur ». Mais cette ménagerie de plâtre écaillé fourmille avant tout de félins : la caméra rampe comme un chat prêt à bondir, face à des acteurs souples comme des fauves. Outre son fameux rugissement de guerre amoureuse (« Eh, Stellaaaaa ! »), Marlon Brando a tout du lion sensuel : il mange son jambon avec ses mains et l'arrache du bout des ­canines, comme une côte de ­gazelle...

Le plus fascinant, dans cette tragédie psychiatrique, reste son inspiration nettement tchékhovienne. Des personnages qui se déchirent en famille, sur fond de propriété en perdition : on se croirait dans La Cerisaie...

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