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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Romy, une longue nuit de silence de Sarah Briand

Le 29 mai 1982, la France est en émoi, choquée, en larmes. Romy, l’actrice préférée des Français s’est éteinte seule dans sa chambre du VIIe arrondissement de Paris. Toutes les radios, les télévisions et la presse viennent d’annoncer la mort de Romy Schneider. Avec sa disparition c’est une icône des années 60 et 70 qui s’efface. Les Français sont sous le choc, ils sont nombreux à se recueillir, tristes que la grande actrice les laisse orphelins. Les Allemands, eux, seront émus sûrement, mais plus divisés que les Français ; ils n’ont jamais pardonné à Romy de leur avoir préféré l’Hexagone.

 

Rue Barbet-de-Jouy à Paris, une longue nuit de silence commence et s’écoule lentement. Le premier homme qui accourt à son chevet n’est pas n’importe qui : Alain Delon en personne. C’est que les destins de ces deux-là étaient liés depuis 1958 et se poursuivent encore aujourd’hui. Qu’aurait été Romy sans Alain ? Qu’aurait été Alain sans Romy ? Inséparable ou presque. À la vie à la mort ! Delon ne s’en remettra jamais. Il éprouve toujours une réelle difficulté à évoquer celle qu’il aima, qu’il aime toujours même si leur relation n’aura duré « que » dix ans. (et l’auteure a dû user de toute sa délicatesse comme de sa pugnacité pour l’inviter à parler de Romy, la photo d’elle gisante toujours contre son cœur).

Sarah Briand nous propose dans ce livre immensément précis autant que d’une grande pudeur, un récit fluide, délicat et pertinent de la vie de Romy Schneider, alias Rosemarie Albach, qui deviendra célèbre en Allemagne, en France et dans le monde entier grâce aux trois films retraçant la vie de la princesse Elizabeth d’Autriche dite Sissi. Elle n’avait que dix-sept ans lors des premiers tournages en 1955.

C’est sa mère Magda Schneider, femme dure, vénale, actrice elle-même, qui imposa sa fille pour ce rôle. Et Romy se lassera bien vite des tournages éprouvants, des exigences de cette mère marâtre omniprésente sur le tournage des trois films (elle joue la duchesse Ludovica, la mère de la princesse), elle refusera même d’en tourner un quatrième. En fait, Romy veut prendre son envol seule et rêve de liberté, d’indépendance. Elle veut dévorer la vie, s’émanciper.

 

Page après page, feuillet après feuillet, mot après mot, heure après heure, pour mieux revivre cette longue nuit du 29 mai 1982, dans un silence qui s’impose naturellement en attendant l’aurore, Sarah Briand retrace le destin romanesque et tout à la fois tragique de cette jeune Berlinoise qui ne cessera de courir après l’amour, une forme de stabilité et le succès dans son métier d’actrice, parcours qui sera noirci par des séparations, des trahisons, des désillusions, des abandons, des drames irréversibles, entre Sissi et son dernier film, La Passante du Sans-Souci, soit près de trente ans de carrière. Romy aura connu la gloire, l’oubli, puis la gloire de nouveau à compter de 1968 (quand Delon l’impose comme actrice dans La Piscine de Jacques Deray). Elle aura été conspuée par les Allemands, traquée par les paparazzi, couronnée d’un César de la meilleure actrice pour son rôle dans L’important c’est d’aimer de Zulawski, salie par une presse crasse qui finira aussi de l’achever.

Le coup de grâce, ce sera la mort de son fils David, qui disparaît dans un tragique accident en juillet 1981 ; il n’avait que quatorze ans. Ce sera l’arrêt de mort de cette mère qui sublimait son fils, qui l’associait à ses projets malgré son jeune âge, lui l’ado déjà si mûr, probablement conscient aussi de la grande fragilité psychologique de sa maman.

Alors que le matin perce derrière les lourds double-rideaux de la chambre de l’actrice et qu’elle repose les mains croisées sur son lit, le livre de Sarah Briand se referme doucement, délicatement. Romy s’est-elle suicidée ou son corps a-t-il lâché sous le poids du chagrin, s’arrêtant à bout de souffle ? Les choses de la vie… et celles d’après…

 

On ne sort pas de là indemne, qu’on soit d’un âge mûr ou encore ado, le livre de Sarah Briand appelle à revoir les films de Romy, tous plus touchants, plus poignants les uns que les autres. Elle demeure dans nos souvenirs, grave, drôle, vibrionnante, extrême, percutante d’authenticité et extrêmement belle… Romy ne jouait pas, elle était. Et la mort n’y change rien. De là-haut, d’ailleurs, elle doit être émue et touchée par l’hommage exceptionnel que lui rend la journaliste. Une performance biographique autant que littéraire.

Romy, Une longue nuit de silence – Sarah Briand – Éditions Fayard – 250 pages. Parution : mai 2019. 18 €.

 

Sarah Briand est journaliste à France 2 et a réalisé plusieurs documentaires pour l’émission « Un jour Un destin ». Elle est l’auteure de Simone, éternelle rebelle (Fayard, 2015), un portrait inédit de Simone Veil largement salué par la presse et vendu à plus de 70 000 exemplaires.

Romy, une longue nuit de silence

Le 29 mai 1982, Romy Schneider s’est éteinte à l’âge de 43 ans. Que s’est-il passé la nuit de sa mort rue Barbet-de-Jouy, dans le VIIe arrondissement de Paris ?

Icône du cinéma français à la photogénie incroyable, que sait-on vraiment de Romy, de ses bonheurs, mais aussi de ses chagrins et de ses blessures, notamment depuis la mort de son fils quelques mois plus tôt ?

Sarah Briand a marché dans ses pas, du chalet de son enfance à Berchtesgaden en Allemagne, près du nid d’aigle d’Adolf Hitler, jusqu’à l’appartement où elle a passé ses dernières heures, pour livrer une série d’instantanés de ces moments intimes.

Un portrait nourri de témoignages inédits d’amis, de réalisateurs, de ses partenaires de cinéma et parfois de vie, comme celui qui fut son époux, Daniel Biasini, le père de sa fille Sarah, ou encore Alain Delon, qui rend pour la première fois, à la femme qu’il a aimée, un hommage exceptionnel.

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