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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Enquêter sur une affaire judiciaire, est-ce un hobby ?

Je signale cet article paru dans Ouest-France du 15 mai 2021.

Rien à voir avec l'affaire Seznec...

Qui, contrairement aux affaires Grégory et XDDL....

Est une affaire jugée et archivée.

Dont les protagonistes n'ont plus mal aux os depuis longtemps !

J'ai, de plus, basé mon travail sur des archives ou des livres d'accès public.

Reste toutefois le problème des fouilles à Morlaix de février 2018...

Qui, elles, sans aucune autorisation préalable, représentent une attaque à la vie privée.

A suivre, donc...

 

« Enquêter sur une affaire judiciaire, est-ce un hobby ? » : ce que risquent les détectives amateurs

En avril 2011, un groupe Facebook émerge, sur lequel des internautes se rassemblent pour mener l’enquête sur le quintuple meurtre de la famille Dupont de Ligonnès à Nantes. C’est une première en France. Dix ans plus tard, des centaines de groupes explorent les zones d’ombre d’énigmes criminelles qui résistent aux enquêteurs. L’avocate Sylvie Jonas analyse ce phénomène.

Échanger, spéculer, croiser ses idées sur le mobile, les circonstances d’un crime, mais aussi parfois enquêter, tels sont les principes de groupes Facebook, pour la plupart privés, créés autour d’énigmes criminelles toujours en cours comme l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès, celle du petit Grégory ou, plus récemment, la disparition de Delphine Jubillar.

C’est ce qu’on appelle le « Web sleuthing » du nom d’un forum américain né au début des années 2000 : WebSleuth (les limiers du web) où des amateurs mènent l’enquête derrière leur écran sur des centaines de cold cases.

En France, le phénomène est apparu avec l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès il y a dix ans. Et la révélation de documents confidentiels liés à l’instruction sur l’un de ces groupes a entraîné la condamnation de son créateur, « Chris la vérité », et d’un policier impliqué.

Pour Sylvie Jonas, avocate au barreau de Paris, spécialisée en cybercriminalité et enseignante à l’Université de Paris-Saclay et au DJCE de Montpellier, il ne faut pas sous-estimer les risques de ces pratiques virtuelles dans le réel.

Les groupes d’enquête sur le Web comportent-ils des risques ?

Le groupe en tant que tel n’est pas répréhensible, mais les comportements qu’il induit peuvent l’être. Si les membres s’échangent des informations publiques, ça relève de la liberté d’information. Même si le groupe est public, je ne pense pas que cela porte atteinte à qui que ce soit.

Mais contacter des protagonistes du dossier, se rendre chez eux ou pirater leurs boîtes mails, ce sont des faits qui rencontrent des qualifications pénales : harcèlement, diffamation, atteinte à la vie privée ou au secret des correspondances, etc.

 

En tant qu’avocate, quel regard portez-vous sur ce phénomène ?

Dans ma pratique, j’ai été amenée à l’effleurer par la voie de la diffamation. Des personnes peuvent être visées par des propos ou des faits allégués par ces groupes et s’estimer injuriées ou diffamées, avec le sentiment en plus d’avoir été mis sur la place publique.

Quand tout à coup, le nom d’une personne apparaît alors que dans le cadre de l’instruction, elle n’était pas complètement consciente qu’elle pouvait être concernée par l’affaire. Et je suis très gênée par cette idée de faire justice soi-même et de mettre au pilori une personne en dehors de la sphère judiciaire. Je pense à l’affaire Grégory et aux conséquences dramatiques qu’ont pu avoir les corbeaux.

 

Ne pourraient-ils pas faire avancer une enquête ?

Peut-être qu’il y a des éléments pertinents qui peuvent être collectés, mais le temps de déblayer le vrai du faux… La question c’est : est-ce qu’enquêter sur une affaire judiciaire est un hobby ? Est-ce le rôle d’un citoyen lambda de se placer en quelque sorte en justicier ? Est-ce qu’il n’est pas amené à faire plus de dégâts en portant sur la place publique des informations qui pourraient porter préjudice à une enquête ? C’est une pratique qui me laisse dubitative. J’ai envie de dire : « À chacun son métier. » Si la personne a envie d’enquêter, pourquoi elle n’envisagerait pas d’intégrer la police judiciaire ?

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