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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Le jour où Villemeux a failli disparaître de la carte...

Article de La République du Centre du 14 Août 1994.

Le 14 juin 1944, les Alliés bombardèrent un train de munitions allemand près du moulin de Boisard.

Le convoi venait de quitter Villemeux.

Georges Rusquart a aujourd'hui 67 ans. Dans sa tête, il entend encore les bombardements et l'explosion de ce 14 juin 1944. Ces bruits venaient des environs du moulin de Boisard, entre Chaudon et Villemeux, où était garé un train de munitions allemand destiné au front de Normandie. Les Alliés avaient décidé de le bombarder.

Déjà un premier essai, avec deux ou trois avions, avait échoué. Le train était alors encore en gare de Villemeux. "Les avions ont raté leur cible, se souvient Georges Rusquart, le train n'avait pas été touché. Il y eut quelques dégâts dans Villemeux."

C'est à six ou sept avions, sans doute des Mosquitos venant de Nogent-le-Roi, que les Alliés s'y sont mis cette fois, le 14 juin 1944, pour toucher le train allemand.

"Heureusement, le train avait été déplacé." Et Georges Rusquard revoit aujourd'hui la scène de ce déménagement depuis la gare de Villemeux jusqu'à 1,5 km plus loin, près du moulin de Boisard.

"Les Allemands ont déchargé quelques wagons pour transporter les munitions à Dreux. Les Villemeusiens, eux, s'y sont tous mis pour pousser le train hors de la ville. Hommes et chevaux. Nous savions qu'il allait y avoir un nouveau bombardement et nous avions peur qu'avec le train, tout Villemeux explose. Les habitants sur le terrain poussaient aussi bien les wagons vides que les wagons pleins." Ainsi, selon Georges Rusquart, quelques 300 personnes n'ont pas rechigné à la tâche.

D'après André de Saint-Michel, l'un des principaux chefs du groupe de résistance "Cohors Asturies", la résistance avait fait pression, par l'intermédiaire d'une personnalité importante, sur la Kommandantur de Dreux pour que le train soit déplacé. Le risque était trop grand.

Et Villemeux aurait été un village rasé si ce train était resté dans la gare. Le 14 juin 1944, en fin de matinée, l'explosion a été terrible. La toiture du château de Renancourt a été soufflée, les lustres sont tombés, une cheminée a lâché. Mais, comme les Allemands habitaient le château, il a été vite réparé.

A Chaudon, les dégats furent également énormes et la population traumatisée. "Il y avait dans le train, relate le recueil de l'abbé Vacheresses (Chaudon, 1944) des petites munitions, des bombes et des grosses torpilles. Cible merveilleuse pour l'aviation alliée ! Une bombe bien placée et ce furent deux déflagrations épouvantables qui mirent à mal une bonne partie de la paroisse. Toitures soufflées, envolées, portes et fenêtres arrachées, vitres brisées par centaines." Parmi les destructions, le presbytère fut endommagé et l'église plus encore avec ses beaux vitraux. Et le varia de conclure : "Le 14 juin fut pour Chaudon un jour funeste."

Georges Rusquart se souvient, lui, que si le déménagement du train avait échoué, Villemeux aurait bien pu disparaître de la carte.

 

Liliane Langellier

et Benjamin Quenelle

La République du Centre. 14 août 1994.

La République du Centre. 14 août 1994.

La République du Centre. 14 août 1994.

La République du Centre. 14 août 1994.

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