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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Quand Lormaye fête la Saint-Jean...

Le solstice d’été célèbre le soleil. Le feu, c’est le soleil. Celui qui éclaire, qui dévore, qui détruit : c’est le feu des passions.

J'ai écrit deux articles sur la Fête de la Saint-Jean à Lormaye.

Elle m'est chère...

Très chère au coeur...

Car j'ai toujours aimé cette fête.

Le feu et son petit bal.

Comme si, en moi, d'autres générations palpitaient encore.

Je reste persuadée que c'est là, à la Saint-Jean de Lormaye, que ma grand-mère, la Chaudonnaise Louise Chandebois, jolie couturière modiste - qui était venue au bal avec ses soeurs - a rencontré son futur mari, le Lormaisien Auguste Courtois.

Et que ma grande-tante, la belle Jeanne, a valsé le temps d'un été avec Paul Gillard.

C'était le temps d'avant.

C'était le temps d'antan.

Juste avant un autre feu de la folie des hommes.

L'article du Mardi 25 juin 1996 dans L'Action Républicaine

 

Lormaye en fête

Nogent-le-Roi a sa Saint-Sulpice, Villemeux son Saint-Maurice, Chaudon son Saint-Médard, Lormaye fête sa Saint-Jean chaque premier week-end de l'été.

Un feu pour le solstice d'été

Avaient-elles les mêmes petites lueurs dans les yeux, Louise ou jeanne, quand elles regardaient s'enflammer l'arbre sacrifié. Avaient-elles le même espoir secret lové au coeur de retrouver Auguste ou Paul pour une de ces valses qui font délicieusement tourner les têtes ? Elles venaient, rieuses, à pied, en groupe, de tous les villages du canton pour danser, rire et fêter la Saint-Jean. Elles venaient dans leurs plus belles robes, ces jeunes filles d'avant. Avant la grande guerre. Avant qu'Auguste ou Paul n'ssuient un autre feu...

Samedi soir, à quatre pas de l'an 2000, la tradition perdure. L'orchestre s'est tu pour laisser le micro au maire. A Bertrand Thirouin de donner le signal de mise à feu. Au père Joseph Jeanne de bénir le bois. Il a parlé d'amour, le père Jo, celui que l'on doit avoir au coeur un pareil soir. Réunis pour cette coutume venue du fond des temps. Et l'on a enflammé le bouleau de 6 mètres de haut. Paré comme une jeune mariée. Les lumières se sont éteintes. Et les flammèches ont longtemps dansé dans le ciel lormaisien. Le solstice d'été célèbre le soleil. Le feu, c'est le soleil. Celui qui éclaire, qui dévore, qui détruit : c'est le feu des passions. Alors, chacun est venu chercher son brandon. Ce morceau de bois que l'on se doit de rapporter chez soi. Mais de prendre encore allumé pour l'éteindre soi-même. Afin qu'il protège la maison du feu et de la foudre pour toute l'année à venir.

Dansez jeunesse, roulez manèges...

L'orchestre jouait du Jean-Michel Jarre tandis que le bois craquait. Puis, il a enchaîné sur d'autres musiques. Venues d'autres pays... chauds. Biguines, salsas et autres "Bon pour le moral". Les anciens ont retrouvé leurs 20 ans le temps d'un tango oud 'une valse musette. Tandis que les plus gourmands s'étaient regrouper autour de la crêperie Ty Mad qui avait déplacé sa pâte et son Nutella pour la circonstance. 

Les enfants, eux, n'ont pas chômé. Manèges, pêche aux canards bleus ou aux schtroumpfs récalcitrants, peluches roses fluos et stands d'auto tamponneuses où les adolescents se poussaient du coude en louchant sur les filles.

Deux jours entiers pour rêver devant les stands de tir et autres grues magiques. 

Messe en plein air et courses cyclistes

« Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin pour rendre hommage à la lumière et préparer au Seigneur un peuple capable de l’accueillir ». Par ces mots débute la messe dite en plein air par l'abbé Pichot. Le petit autel croulait sous les roses rouges. Et le "Ite missa est" fut suivi d'un vin d'honneur où brioches et kirs n'étaient pas de trop pour vous réchauffer le corps. Saint-Jean était grimaud. Pas pluvieux mais grimaud. Juste le temps de déjeuner et, à 14 heures, l'Entente Cycliste Nogentaise (E.C.N.) donnait le départ de la course des minimes. Le Prix Cycliste fut remis à la salle communale. Un circuit de 10 fois 10 km dont triompha David Delahaye de Boissy (catégorie R 1 pour les initiés). Le jeune Faure fut récompensé pour la course des minimes. Tandis que la coupe des équipes revenait au Dreux Cyclo Club.

Encore quelques tours de manège. Les enfants pleuraient de fatigue. La statue de Saint-Jean trônait toujours sur la place tandis que les retardataires ramassaient les derniers branchages du feu. Et Mme Caburet, présidente du Comité des Fêtes, pouvait, avec son équipe, se féliciter d'une telle réussite. Juste avant le feu d'artifice, rituellement tiré du plan d'eau de Lormaye. Accompagnement musical compris. Deux belles journées. Un seul regret, depuis hier, les jours diminuent...

Liliane Langellier

[NDLR Sur la photo de gauche...

La gracieuse petite fille métisse...

C'est Floriane, la fille de Lorraine Somville,

la petite-fille de Colette Laget.]

L'article de Juin 2006 dans L'Orée...

 

Ils remontent à des temps immémoriaux, et notre monde de technologie et de certitudes n'a pas réussi à les éteindre... A Lormaye, plus qu'une fête, la Saint-Jean est un  rite. Immuable. Tout Lormaisien digne de ce nom la porte au cœur. C’est la fête de leur village. Venue des nuits ancestrales, où Saint Jean-Baptiste était certes moins évoqué que certains dieux païens.

 

Quand Lormaye fête la Saint-Jean

Privés de leur église, qui était placée sous le vocable de Saint-Jean, c’est au plus près de la Tour que se déroulent les festivités.

Il faut que le feu soit beau. Il faut que le feu soit haut. Il faut que le feu crépite de milles étincelles.

Alors, on amasse branchages de bouleaux, jusqu’à quelque cinq mètres de haut. On les décore avec application et on place, juste devant, une grande croix toute de fleurs blanches. C’est dire qu’il est paré comme une mariée, ce feu de l’été..

Et l’on attend… Monsieur le curé ! Sans lui, pas de feu. Sans sa bénédiction pas de rite accompli. Le prêtre arrive à la nuit tombée. L’orchestre fait silence. Le prêtre, au signal de Monsieur le Maire, bénit largement le bois. Juste avant, au milieu de l’orchestre dont les instruments se sont figés, il offre à ses ouailles une petite homélie où il parle de l’amour. Celui que l’on doit avoir au cœur un pareil soir. Tous réunis pour cette coutume venue du fond des temps. Les lumières s’éteignent. Le feu est mis.

Et les flammèches dansent longtemps dans le ciel lormaisien. Le solstice d’été célèbre le soleil. Le feu, c’est le soleil. Celui qui éclaire, qui dévore, qui détruit : c’est le feu des passions.

Alors, chacun vient chercher son brandon. Ce morceau de bois que l’on se doit de rapporter chez soi. Mais de prendre encore allumé pour l’éteindre soi-même. Afin qu’il protège la maison du feu et de la foudre pour toute l’année à venir.

La fête peut commencer. 

Les enfants peuvent prendre d'assaut les manèges et les ados se mesurer à la baraque à tirs...

Les couples peuvent tournoyer sur la piste de danse. Jusque tard au petit matin. Où la messe dominicale sera célébrée, tout près, sur une estrade en plein air.

« Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin pour rendre hommage à la lumière et préparer au Seigneur un peuple capable de l’accueillir ».

Liliane Langellier avec Colette Laget

Les feux de joie

La pratique des feux de la Saint-Jean, bien que souvent abandonnée, n'a pas disparu des différents pays d'Europe.

Ces feux peuvent avoir lieu jusqu'à la fin juin et être doublés, à la fête des Saints-Pierre-et-Paul, le 29 juin ou à la Saint-Thiébaut, le 30 juin. Liés à la pause solaire, ils avaient pour but d'éloigner les forces du mal. On y jetait parfois des créatures maléfiques, associées aux sorcières (chats, crapauds, couleuvres...)

Les feux de la Saint-Jean étaient réputés protecteurs des récoltes, et l'abondante fumée dégagée par des herbes ou du bois vert purifiait les danseurs et le bétail. On les disait aussi fécondants, aussi les enjambait-on volontiers. La fonction sociale de cette fête communautaire n'était pas négligeable, des futurs ménages se déclarant publiquement ce soir-là. Parfois les sauts avaient un triple but : ils promettaient de se marier dans l'année, préservaient des maladies et assuraient de bonnes récoltes (leur hauteur serait celle du chanvre ou du lin, disait-on).

in Fêtes et traditions occidentales

de Nadine Cretin née Dupont (nogentaise)

Editions PUF, coll. "Que sais-je ?"

La Maison Boré

C’est ainsi que la surnomment les Lormaisiens. Rien à voir avec le titre d’une nouvelle sulfureuse de Maupassant. Cette maison, datant vraisemblablement du XVIIIe siècle, fut la propriété de la famille de l’ancien maire, Alexandre Goislard (1862-1955), sellier bourrelier de son métier, dont la fille Thérèse avait épousé Monsieur Boré…..Jean !

« La Maison Boré » a pour principale qualité d’être la plus proche voisine de la Tour Saint Jean, qui tient lieu aujourd’hui de mairie et reste le dernier vestige de l’église du même nom démolie entre 1825 et 1850.

Ses propriétaires n’hésitèrent pas à construire et à orner son côté gauche d’une niche surmontée d’une croix pour placer à la vue de tous la précieuse statuette récupérée de l’église.

Les familles Goislard ou Boré se sont toujours montrées très discrètes, pour laisser, le temps de la fête, tout honneur et toute gloire à Saint-Jean-Baptiste. Dont la statuette, illuminée et fleurie pour la circonstance, est maintenant hissée à la plus haute des fenêtres. 

La proximité de l'église, l'ancienneté de la maison, les Lormaisiens interrogés, tout ne laisse-t-il pas à penser que la "Maison Boré" fut tout simplement l'ancien presbytère.

 

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