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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Le 12 janvier 1976, la mort d’Agatha Christie

 

LA MORT D’AGATHA CHRISTIE

(La Croix du 14 janvier 1976)

Par Jean Vigneron

« La femme a qui le crime a le plus rapporté depuis Lucrèce Borgia, la femme aux cent morts » n’est plus. À 85 ans est décédée, lundi, la plus célèbre des femmes auteurs de romans policiers, Agatha Christie.

Il y a quelques mois, celle dont les 80 et quelques livres, traduits dans plus de 40 langues (dont le malais et le swahili), édités à quelque 300 millions d’exemplaires, lui avaient rapporté la plus grosse fortune d’écrivain, cette femme-là avait décidé de faire mourir avant elle, le plus fameux de ses héros, l’homme aux petites cellules grises, le détective belge Hercule Poirot.

Quel roman, sa vie !

La longue vie d’Agatha Christie devait être pareille à l’existence, dorée, de la plupart de ses héros, le crime en moins. Son père, bien qu’américain, était le plus victorien des Anglais et ressemblait beaucoup, même physiquement, au Major Thompson. Sa mère était une Anglaise rose et blonde.

En 1914, Agatha, qui s’était enrôlée comme infirmière, devait faire, à la faveur de la guerre, deux rencontres majeures : celles de son premier époux, le major Archibald Christie, de la RAF, dont, même après leur séparation, elle continuera d’immortaliser le nom ; celle de son héros de prédilection, Hercule Poirot.

Près de l’hôpital de Devon où elle se dévouait, se trouvait un camp de réfugiés belges. L’un d’eux – plusieurs peut-être – servit de modèle. Quatre éditeurs refusèrent le premier livre, le cinquième acceptant de le publier, lui donna 250 francs de droits d’auteur.

Mais c’est son troisième livre, seulement : la Mystérieuse affaire de styles qui lui valut une certaine notoriété.

En 1926, la gloire allait lui venir par le biais d’une fugue rocambolesque. C’était le 3 décembre. Elle disparut sans laisser la moindre trace. Après de longues recherches, on la retrouva dans un hôtel isolé… où elle s’était inscrite sous un faux nom… celui de la jeune femme qui venait de lui prendre son mari. Quelques semaines après était publié le livre qui allait faire connaître au monde le nom et le talent d’Agathe Christie : le Meurtre de Roger Ackroyd.

Cinquante ans ont passé. L’ouvrage en question est toujours considéré comme le plus parfait des romans-problèmes et un chef-d’œuvre presque absolu de la littérature policière. Des dizaines de récits allaient suivre, des Dix petits nègres aux Cinq petits cochons, du Crime du golf au Crime de l’Orient-Express, de l’Heure zéro à 5 h 25.

En seconde noce Agatha devait épouser un archéologue, Sir Max Mallowan. En 1952 la reine-mère d’Angleterre, Mary, fêtait son anniversaire. La BBC, l’interviewant lui demanda quel cadeau lui serait le plus agréable. « Je voudrais qu’Agatha m’écrive une pièce. » Le vœu d’une reine est un ordre. La romancière sortit d’un tiroir le manuscrit les Trois Souris aveugles, le rebaptisa la Souricière. Cette pièce de circonstance – d’une qualité assez exceptionnelle, il est vrai – tient l’affiche à Londres depuis vingt-quatre ans !

Son immense fortune, Agatha Christie l’avait répartie, de son vivant, entre ses enfants et petits-enfants.

Pour longtemps encore, Agatha Christie restera le plus justement célèbre des auteurs de romans-problèmes, la réponse à la sempiternelle question : « Qui a tué ? » et, de toute manière, la première à avoir fait, d’un assassin, le narrateur de son propre crime dans le Meurtre de Roger Ackroyd.

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