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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

« Jeanne du Barry » de Maïwenn : A acheter 9,99 Euros sur Orange ou sur Canal...

Même le château de Versailles, ce vieux beau, retrouve, à la voir, une nouvelle jeunesse. Elle le charme, l’encanaille, l’oblige à l’audace et à bouleverser le protocole. Il cède. Elle, c’est Maïwenn, l’actrice-réalisatrice de « Polisse », qui passe ainsi des bureaux de la brigade de protection des mineurs, où officiait Joey Starr, à la galerie des Glaces et au parc à la française, où officiait André Le Nôtre.

Elle, c’est la courtisane qu’elle incarne, Jeanne Vaubernier, de son vrai nom Jeanne Bécu, une « fille des rues » que le comte du Barry (Melvil Poupaud) épouse pour mieux l’offrir, par l’entremise du duc de Richelieu (Pierre Richard), au roi Louis XV, ce lovelace blasé. Et voici qu’il se ressaisit, s’éprend de la belle et en fait sa favorite, au grand dam de la cour, scandalisée, de ses trois furies de filles, et de la dauphine de France, Marie-Antoinette d’Autriche, toutes choquées de voir une « moins que rien », une opportuniste, succéder à Madame de Pompadour.

On connaît l’histoire. Maïwenn, dont on sent bien qu’elle s’identifie à cette transfuge de classe de l’Ancien Régime, la restitue en grâce et… majesté. Elle filme Versailles, ses ors, ses lustres, ses perspectives au cordeau, avec des yeux de midinette émerveillée, mais sans jamais chercher à moderniser ce conte de fées, qui se terminera mal.

Johnny Depp fait le job

Si elle a découvert Jeanne du Barry sous les traits d’Asia Argento dans le « Marie-Antoinette », de Sofia Coppola, Maïwenn ne glisse dans ses plans ni Converse ni macarons Ladurée. Il lui suffit, sans renier ses origines, d’être téméraire et amoureuse, de croire les sentiments plus forts que l’étiquette, de se moquer du qu’en-dira-t-on, pour montrer combien ce destin d’autrefois a des accents d’aujourd’hui. Farouche devant la caméra, respectueuse derrière, Maïwenn signe un portrait royal de la maîtresse royale.

On guettait évidemment Johnny Depp, ce pirate des Caraïbes, dans les habits dorés de Louis XV : marmoréen et silencieux, il fait le job. Mais c’est son premier valet de chambre et rabatteur délicat qui emporte ici le morceau : dans le rôle de La Borde, Benjamin Lavernhe est exceptionnel. A la fois intraitable, impénétrable et attendrissant, il initie Jeanne du Barry au protocole de la cour et la protège des avanies dont elle est la victime. On dirait parfois que, dans les coulisses, il conduit le film jusqu’à son épilogue dramatique.

Un film en forme de plaidoyer et aux allures de tragi-comédie, tourné en 35 mm, qu’on croirait éclairé aux chandelles. Loin de sa zone de confort, Maïwenn montre qu’elle a, comme Jeanne, de l’aplomb. Elle ose même le classicisme.

Par Jérôme Garcin

 

A acheter 9,99 Euros sur Orange ou sur Canal.

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