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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Avec son enquête sur Dupont de Ligonnès, « Society » s’offre le carton de l’été

 

Un vrai roman ! Le 23 juillet, le quinzomadaire « Society » sortait la première partie d’une enquête monumentale, « Xavier Dupont de Ligonnès, ce que vous n’avez jamais lu ». La seconde partie est parue jeudi 6 août. Le succès est tel qu’une réimpression est prévue dès vendredi. Entretien avec Franck Annese, directeur de la rédaction.

 

TéléObs. Comment vous est venue l’idée de cette enquête ?

Franck Annese. En fait, l’idée est née en même temps que « Society », en 2015. Nos lecteurs fidèles connaissaient le projet de cette vaste enquête menée pour le retrouver. Nous avons mis trois puis quatre journalistes – Pierre Boisson, Maxime Chamoux, Sylvain Gouverneur, Thibault Raisse – sur ce qui est devenu une vaste investigation. Comme un clin d’œil, Xavier Dupont de Ligonnès se cache souvent dans notre rubrique de fin de journal « 100 bonnes raisons de… ». Dans le premier numéro sur cette affaire, nous concluons nos « 100 bonnes raisons de… passer à autre chose » par : « parce qu’à un moment il est temps d’arrêter les vannes sur XDDL ».

Vous attendiez-vous à un tel succès ?

Pas du tout ! Nous étions conscients de l’intérêt du public pour cette affaire hors norme. Mais je ne pensais pas faire « un coup ». Nous nous attendions à environ 35 000 ventes en kiosque, ce qui aurait déjà été beaucoup. Nous avons été un peu dépassés. Peu après la parution du premier numéro, nous avons commencé à recevoir, via les réseaux sociaux, de nombreux messages de lecteurs potentiels qui se plaignaient de ne pas trouver le magazine. Nous avons alors pris contact avec les points de vente pour pouvoir indiquer les endroits où il en restait. Nous avons fait en sorte de répondre à tout le monde. Et, très vite, nous avons annoncé une nouvelle impression. Tout l’enjeu était que les gens ne renoncent pas à lire le numéro même s’ils avaient déjà fait – en vain – plusieurs kiosques ou maisons de la presse.

Comment expliquez-vous un tel succès ?

Ce que nous vivons est assez fou. Nous avons déjà réimprimé deux fois la première partie, parue le 23 juillet, et mis, au total, 130 000 exemplaires en vente. Notre diffusion habituelle tourne autour de 47 000 exemplaires : un tiers en kiosques, un tiers par abonnements, un tiers en numérique. Avec ces deux numéros spéciaux consacrés à XDDL, les ventes en kiosque explosent. Des années que les maisons de la presse n’avaient pas vues ça ! Le sujet est très porteur, l’affaire intrigue avec toutes ses zones d’ombre. L’enquête s’est étalée sur quatre ans, c’est difficile à évaluer mais je dirais que les quatre journalistes y ont peut-être consacré deux ans à temps plein. Enfin, nous n’avons pas négligé le style : il s’agit d’un véritable récit. Chaque membre de la direction l’a lu à plusieurs reprises. Les secrétaires de rédaction ont fait des vérifications scrupuleuses pour repérer d’éventuelles erreurs sur les faits. C’est un travail d’équipe.

 

Et la décision de publier en plein été, comment l’avez-vous prise ?

Lorsqu’il y a eu l’épisode de Glasgow [en octobre 2019, les médias ont annoncé à tort l’arrestation du fugitif nantais à l’aéroport écossais, NDLR], nous avons réalisé qu’il ne fallait pas tarder. Pendant six mois, nos quatre journalistes ont bossé d’arrache-pied. Nous avions prévu une publication en avril. Mais avec le confinement, nous nous sommes ravisés… Voilà pourquoi elle est publiée en plein cœur de l’été. Et, finalement, c’était le bon moment !

Et vous avez laissé vos lecteurs sur leur faim ! Ils ont dû attendre quinze jours pour lire la suite, parue ce jeudi 6 août…

Et, au bout d’une journée, certains points de vente sont déjà en rupture ! Depuis ce matin, je suis harcelé de coups de téléphone. Un marchand de journaux qui avait reçu 180 exemplaires m’a appelé vers 11 heures pour me dire qu’il en avait déjà vendu 100. Et qu’il était certain de ne plus en avoir à la fin de la journée. Dès 6h30 du matin, j’ai reçu de nombreux e-mails pour me signaler que l’application So Press ne permettait pas d’accéder à la version numérique. Comme nous avons un lectorat assez jeune, le magazine est très lu via notre application.

Allez-vous réimprimer ? Ou est-ce trop tôt pour le décider ?

C’est fou d’annoncer cela le jour même de la parution d’un magazine, déjà tiré à 100 000 exemplaires. Mais oui, nous allons réimprimer dès ce vendredi. J’ai passé la journée à essayer de rapatrier du papier en urgence. Je dois avouer que je ne pensais pas battre mes records de vente et devoir appeler, un jour, tous les fournisseurs de papier, pour réimprimer 30 000 ou 50 000 exemplaires… Encore moins en 2020, dans un contexte de crise de la presse… C’est assez surréaliste. Pour le moment, selon des estimations, les exemplaires mis en place sont déjà vendus à 75 %.

 

Quels enseignements en tirez-vous ?

Je constate simplement que les gens n’ont pas peur de lire 250 000 signes puisque la première partie fait 100 000 signes et la seconde, 150 0000. Soit, au total, 77 pages ! Les gens ne voudraient pas lire ? Ou pas de longs papiers sur le numérique ? Je n’en crois rien. On voit bien qu’il y a, chez les lecteurs de presse, de l’appétit pour une histoire lorsqu’elle est bien racontée. J’espère qu’ils vont continuer à acheter le magazine. Car, pour moi, d’autres numéros méritent tout autant d’être lus.

Diriez-vous que c’est la démonstration que les journaux papiers ne sont pas morts ?

Je le crois, de toute façon, profondément. Sinon je n’aurais pas lancé un magazine comme « Society ». Et si je pensais que le print était mort, je ne lancerais pas un magazine tous les ans. Je ne le fais pas uniquement par plaisir mais aussi parce qu’ils permettent à des journalistes de travailler.

 

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