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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Robert Badinter : un destin qui a basculé à Lyon...

« J’étais révolté par le spectacle de cette ville ruisselante de pétainisme. C’était bien pire qu’à Paris »

Grand homme d'État, avocat, écrivain, sénateur socialiste... Robert Badinter est mort à l'âge de 95 ans, dans la nuit du 8 au 9 février 2024. Son destin hors du commun, qu'il a consacré à la lutte contre les injustices, bascule à Lyon, 81 ans plus tôt.

Robert Badinter, illustre figure du XXe siècle, est décédé dans la nuit du 8 au 9 février. Il a notamment été avocat, président du Conseil constitutionnel, sénateur et même écrivain. Tout un pan de son histoire s’est écrit à Lyon, pendant la Seconde Guerre mondiale.

En réaction, le maire de la Ville, Grégory Doucet, a fait part de « l’infinie tristesse » qui l’a parcouru à l’annonce de la mort de l’avocat, avant de déplorer la perte « d’un homme d’État sans égal, dont les combats honorent à jamais notre pays ». Il a également accordé « une pensée toute particulière à Lyon en ce jour anniversaire de la rafle de la rue Sainte-Catherine dont il fut la cible avec sa famille. »

Son père est raflé par la Gestapo lyonnaise

Né de parents juifs à Paris le 30 mars 1928, Robert Badinter déménage à Lyon au début des années 1940. Malgré l’emplacement de la ville en zone libre, il est marqué par l’antisémitisme ambiant, bien plus prégnant qu’à Paris selon lui. Il raconte ainsi en 2018 dans les colonnes de l’Express : « J’étais révolté par le spectacle de cette ville ruisselante de pétainisme. C’était bien pire qu’à Paris ».

Le 9 février 1943, Lyon deviendra le théâtre de l’événement qui marquera à jamais sa vie : l’arrestation et la déportation de son père, Simon Badinter lors d’une opération, menée sous les ordres de Klaus Barbie avec la complicité de la police française.

Il fait ainsi partie des 86 Juifs arrêtés par la Gestapo lors de la rafle de la rue Sainte-Catherine, dans les bureaux de la Fédération des sociétés juives de France, aux pieds des pentes de la Croix-Rousse. 86 personnes qui finiront par être déportées dans des camps nazis (seuls quatre d’entre eux s’en sortiront). Son père décédera dans le camp d’extermination polonais de Sobibór.

En 2011, et à sa demande, une plaque gravée de leurs noms est installée au 12 rue Sainte-Catherine.

Le procès Barbie filmé à sa demande

Dès lors, Robert Badinter n’aura de cesse de combattre les injustices. Il deviendra avocat puis sera nommé ministre de la Justice en 1981. Période pendant laquelle, il prolongera son combat contre la peine de mort en portant un projet de loi qui actera son abolissement en octobre 1981.

Son histoire avec Lyon continuera lors du procès de Klaus Barbie en 1983. En tant que Garde des Sceaux, il fera en sorte que le procès du Boucher de Lyon se tienne entre Rhône et Saône, qu’il soit enfermé à la prison de Montluc (où Jean Moulin a été détenu) et qu’il soit entièrement filmé.

 

 

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