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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Julien Clerc raconte comment Robert Badinter l'a convaincu d'écrire "L'assassin assassiné"...

En 1980, le chanteur sort le titre "L'Assassin assassiné" après avoir assisté à un procès où Robert Badinter a évité la peine de mort à un accusé.

En 1980, Julien Clerc sort un tube longtemps resté dans les tiroirs : L'Assassin assassiné. L'histoire du titre est liée à un procès majeur dans le chemin pour l'abolition de la peine de mort. En 1980, le meurtrier Norbert Garceau est jugé à Toulouse. Un peu plus tôt, il a été condamné à mort, mais sa condamnation est annulée pour "vices de procédure". Robert Badinter devient alors l'avocat de la défense et Julien Clerc est présent dans la salle.

Ce vendredi 9 février, quelques heures après l'annonce de la mort de l'ancien garde des Sceaux et père de l'abolition de la peine de mort, Julien Clerc était l'invité de RTL. "C'est à lui que je dois cette façon de me recueillir seul sur moi-même", clame-t-il. 

L'occasion pour l'auteur-compositeur-interprète de revenir sur l'histoire de ce titre. "Je n'avais jamais vu la justice de mon pays fonctionner. Nous sommes allés à Toulouse et j'ai suivi les débats. C'était un procès où il y avait une dimension dramatique très grande", confesse-t-il. Ce procès, c'est celui de Norbert Garceau. En première instance, il avait écopé de la peine de mort. "J'ai pu voir ce jour-là Badinter plaider, après deux jours de débats. Sa plaidoirie, je l'ai compris après, c'était une plaidoirie contre la peine de mort", reconnaît-il.

Badinter à Clerc : "Un jour, lors d'un procès comme celui-ci, ça va mal se terminer"

Après le procès, le chanteur rentre à Paris en train de nuit... comme Robert Badinter. "Je le revois dans ce couloir. Il nous a dits : 'Il faut absolument arriver à une solution d'abolition. Un jour, lors d'un procès comme celui-ci, ça va mal se terminer'", raconte-t-il au micro de RTL. 

Revenu à la capitale, Julien Clerc écrit rapidement avec Jean-Loup Dabadie le titre L'Assassin assassiné. Même si, explique-t-il, le projet d'une chanson sur la question de la peine de mort était "dans les tuyaux" avant cette rencontre.

"J'ai remis la chanson dans son tiroir après l'avoir faite et enregistrée", se souvient-il. Il faut dire qu'à l'époque, la société française est largement en faveur de la peine capitale. "Comme de temps en temps, je me suis dit : 'de quoi tu te mêles'", raconte Julien Clerc. Ce n'est que lorsque Jean-Loup Dabadie lui demande "en ami" de venir interpréter le titre dans les médias qu'il s'engage publiquement avec cette chanson.

 

Peu après, il finira par recevoir une lettre écrite de la main de Robert Badinter. "Comme je suis quelqu'un d'un peu négligent, je l'ai perdu depuis. Je m'en souviens et elle est gravée dans ma tête. Il me disait : 'Votre chanson fait plus pour la cause'. Il avait employé un terme comme '30 discours et 25 conférences", se rappelle-t-il.

Julien Clerc regrette-t-il d'avoir interprété ce titre à l'époque ? Pas le moins du monde. "Il fallait du courage à l'époque. J'en suis assez fier aujourd'hui. Il fallait du courage pour se déclarer opposé à la peine de mort. C'est une décision qu'il faut maintenir toute sa vie. C'est à lui que je dois cette façon de me recueillir seul sur moi-même", est-il persuadé.

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C'était un jour à la maison Je voulais faire une chanson D'amour peut-être À côté de la fenêtre Quelqu'un que j'aime et qui m'aimait Lisait un livre de Giono Et moi penché sur mon piano Comm' sur un établi magique J'essayais d'ajuster les mots À ma musique
Le matin même, à la Santé Un homme, un homme avait été Exécuté Et nous étions si tranquilles Là, au cœur battant de la ville C'était un' fin d'après-midi À l'heure où les ombres fidèles Sortant peu à peu de chez elles Composent doucement la nuit Comm' aujourd'hui
Ils sont venus à pas de loup Ils lui ont dit d'un ton doux C'est le jour, c'est l'heure Ils les a r'gardés sans couleur Il était à móitié nu "Voulez-vous écrire une lettre?" Il a dit "Oui" il a pas pu Il a pris une cigarette

 

Sur mon travail tombait le soir Mais les mots restaient dans le noir Qu'on me pardonne Mais on ne peut certains jours Écrire des chansons d'amour Alors j'ai fermé mon piano Paroles et musique de personne Et j'ai pensé à ce salaud Au sang lavé sur le pavé Par ses bourreaux Je ne suis président de rien Moi je ne suis qu'un musicien Je le sais bien Et je n'prends pas de pose Pour dire seulement cette chose Messieurs les assassins commencent Oui, mais la société recommence Le sang d'un condamné à mort C'est du sang d'homme, c'en est encore C'en est encore
Chacun son tour, ça n'est pas drôle On lui donne 2, 3 paroles Et un peu d'alcool On lui parle, on l'attache, on le cache Dans la cour un grand dais noir Protège sa mort des regards Et puis ensuite, ça va très vite Le temps que l'on vous décapite
Si je demande qu'on me permette À la place d'une chanson D'amour peut-être De vous chanter un silence C'est que ce souvenir me hante Lorsque le couteau est tombé Le crime a changé de côté Ci-gît ce soir dans ma mémoire Un assassin assassiné Assassiné Assassiné
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