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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

93, RUE LAURISTON. LES ROUAGES ET LES "SALAUDS" DE LA GESTAPO FRANÇAISE....

Henri Laffont, petit truand soudain promu au rang de parrain, et son adjoint, Pierre Bony, policier déchu, sont arrêtés le 30 août 1944, puis jugés et fusillés moins de quatre mois après. Pendant l'Occupation, ils ont été bien au-delà de la collaboration. Leurs noms et l'adresse du siège de leurs -activités, 93, rue Lauriston, dans le XVIe arrondissement de Paris, signifiaient une terreur absolue.

A la tête d'un ramassis de malfrats, ils ont formé la Gestapo française. Mandatés par la police nazie, les membres de la Carlingue ont extorqué, volé, torturé et assassiné, pour les Allemands et pour leur propre compte. L'occupant avait besoin de cette officine parallèle pour ses plus basses oeuvres. Laffont et Bony complétaient le détournement et le pillage de l'économie française. Ils ont aussi efficacement participé à la chasse aux juifs et aux résistants. Mais ils n'ont pas servi que le nazisme. Du beau monde a eu recours à leur entregent, des Français célèbres des milieux d'affaires ou du spectacle.

Pour explorer et illustrer, sous forme de fiction, l'une des périodes les plus noires de l'histoire, le producteur Jean-Pierre Guérin a réuni une solide équipe : Michel Blanc, Daniel Russo et Samuel Le Bihan, dans les premiers rôles, sous la direction de Denys Granier-Deferre, afin d'interpréter un récit de Jean-Claude Grumberg, dramaturge et scénariste.

UNE MACHINE INFERNALE

Comment faire vivre les "salauds" de la rue Lauriston, et ceux qui se sont compromis avec eux, sans sombrer dans un manichéisme inutile et sans rester à la surface de l'histoire ? L'inspecteur Blot (Michel Blanc), qui a arrêté Laffont et Bony, est aussitôt chargé d'enquêter sur les ramifications de la Gestapo française, ses relations dans le Tout-Paris.

Pendant trois ans, Blot interroge les survivants de la bande. Ces témoignages permettent de longs retours en arrière rue Lauriston. Blot bâtit un rapport qui ressemble au Bottin mondain, mais la France nouvelle préfère tourner la page... Le film (déjà diffusé sur Canal + et France 2) démonte les rouages d'une machine infernale. La Carlingue, c'est, en réduction, Vichy, le nazisme et tout système totalitaire qui ne se prive pas d'utiliser les mafias.

Jean-Claude Grumberg s'intéresse surtout aux êtres qui ne sont, hélas, pas tout à fait des monstres. Ils ne croient ni à Pétain ni à Hitler. Finalement, Laffont ne regrette rien : "J'ai eu la grande vie." L'auteur laisse entendre que le pouvoir et l'argent étaient un motif suffisant. Ainsi entre-t-on dans la psychologie d'hommes que l'on peut - et doit - comprendre, même si on les condamne, parce qu'ils sont les instruments d'une organisation plus redoutable encore. Là sont la force et la leçon d'un travail de fiction qui, seul, peut montrer à un tel point ce qu'il y a d'humain dans l'inhumain.

 

A voir sur Amazon Prime...

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