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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

28 avril 1969. Le jour où le général de Gaulle met fin à ses fonctions...

«L'avenir dira que j'ai été renversé sur un projet qui était essentiel au pays.»
Charles de Gaulle

Cette fois, ce n’est pas le chemin de l’exil comme en 40 ou en 46 lors de sa longue traversée du désert, qu’emprunte le Général de Gaulle mais celui du départ sans espoir de retour. Au lendemain du référendum perdu du 27 avril 1969 portant sur la réforme du Sénat et la régionalisation, le chef de l’Etat met fin à ses fonctions le 28 avril 1969 à midi. Le 29 au matin, une nouvelle ère commence…

Pompidou en embuscade

Un communiqué laconique a été envoyé la veille peu après minuit. «Je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd'hui à midi.» Une décision qui ne constitue pas vraiment une surprise. Le 25 avril, dans une allocution radiodiffusée, le président de la République annonce la couleur. «Votre décision va engager le destin de la France, parce que si je suis désavoué par une majorité d'entre vous, solennellement sur ce sujet capital, et quelles que puissent être le nombre, l'ardeur et le dévouement de l'armée, de ceux qui me soutiennent, et qui de toute façon détiennent l'avenir de la patrie, ma tâche actuelle de l'Etat deviendra évidemment impossible et je cesserais aussitôt d'exercer mes fonctions», déclare le fondateur de la VRépublique, revenu aux affaires en 1958 à la faveur des événements d'Algérie.

Le 10 juillet 1968, Pompidou a «quitté» Matignon. En janvier 1969, en congés à Rome, il annonce devant quelques journalistes qu’en cas d’élection présidentielle, il serait candidat, bien sûr. En pleine tourmente de mai 1968, de Gaulle avait renoncé sous la pressante insistance de son Premier ministre au référendum qu’il envisageait alors sur la régionalisation. Le 2 février 1969, à Quimper, il annonce aux Français qu’ils auront à se prononcer au printemps sur cette réforme qu’il n’a pas renoncé à mener et à laquelle il ajoute une refonte du Sénat destinée à lui rogner les ailes. Après les événements de mai, de Gaulle cherche à relégitimer son pouvoir en usant du référendum comme d’un plébiscite. Par la même occasion, il veut régler son compte à la haute assemblée qui lui tient tête depuis trop longtemps.

Victoire du non

Le nouveau président du Sénat, Alain Poher, un démocrate-chrétien bon teint, disciple de Robert Schuman qui a succédé à Gaston Monnerville en 1968, s'engage de toutes ses forces dans la bataille en faveur du «Non», se ralliant les suffrages de tous les notables locaux. L'ancien ministre des Finances du général de Gaulle de 1962 à 1966, le jeune Valéry Giscard d'Estaing se lance également dans la bataille en faveur du non avec derrière lui tout le centre droit. De Gaulle ne se fait plus d'illusions et sait que la bataille est perdue. Lui qui avait quitté le gouvernement en 46 pour s'élever contre le retour du règne des partis, sait qu'il va en être victime. Trois jours avant le scrutin, il se confie au général Lalande, ancien des Forces françaises libres (FFL) et compagnon de la Libération : «L'avenir dira que j'ai été renversé sur un projet qui était essentiel au pays.»

Le 27 avril 1969, le non l'emporte avec 52,41 % des suffrages. Après onze années au sommet de l'Etat, de Gaulle reprend le chemin de la «Boisserie», sa demeure à Colombey-les-Deux-Eglises pour une retraite définitive. Dans la foulée de cette défaite, l'homme de l'appel du 18 juin 1940 dont la France va célébrer le 80anniversaire, s'en va arpenter les plages d'Irlande pour renouer avec de lointaines origines. Ce seront les dernières photos du héros de la France Libre, un vieil homme, qui s'éteint le 10 novembre 1970.

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