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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Hitler 1933 : pourquoi la presse n'a-t-elle rien voulu savoir ?

Ils étaient 200 correspondants occidentaux en poste à Berlin de 1933 à 1941, et pourtant bien qu'autour d'eux s'abattent les persécutions sur les Juifs et les opposants, ils ne seront qu'une poignée à alerter l'opinion...

 

Pourquoi le monde médiatique n'a pas compris qui était Hitler ? "Un fail comme celui-ci est forcément multi-causes" nous explique Daniel Schneidermann, auteur d'une enquête titrée "Berlin, 1933 : la presse internationale face à Hitler" aux éditions du Seuil.

"Il y a un contexte antisémite général en Europe bien avant l'arrivée du pouvoir de Hitler."

Daniel Schneidermann

"Il faut se souvenir qu'à l'arrivée d'Hitler en 1933 l'énorme majorité des patrons de presse : français, britanniques, américains sont avant tout anti-communistes, la trouille qu'ils ont c'est l’expansion de la révolution soviétique en Europe. Donc pour beaucoup d'entre eux Hitler a au moins cet avantage c'est qu'il va constituer un barrage à l'expansion communiste. (...) Il y a en tout cas une absence de préjugé défavorable."

Daniel Schneidermann

Daniel Schneidermann, journaliste, créateur et animateur de l'émission, puis du site, " Arrêt sur images ".

"Les correspondants français, américains ou britanniques à Berlin veulent rester.  Ça pourrait être une gloire d'être expulsé par les nazis parce qu'on a fait le papier qui dérange et bien non.. ils veulent rester. Pourquoi veulent-ils rester car pour plupart d'entre eux ils ont germanistes, germanophones, germanophiles.(...)  Ils ne veulent pas faire le papier de trop qui va les faire expulser. (...) Il n'y pas de censure, Goebbels ne censure pas la presse étrangère mais il expulse." 

Daniel Schneidermann

"Edgar Mowrer correspondant américain du Chicago Daily News est expulsé en septembre 1933 car il a posé les mots sur ce qu'il voyait, il a dit "c'est un régime de fous", "c'est un régime de barbares".(...) Les autres journalistes vont s'efforcer de traiter ce régime comme un régime ordinaire..." 

Daniel Schneidermann

"Il y a ceux qui ne voient pas et ceux qui sont sympathisants du régime." 

Daniel Schneidermann

 

4e de couverture

Quand Hitler arrive au pouvoir en janvier 1933, ils sont quelque 200 journalistes occidentaux en poste à Berlin. Très peu d'entre eux seront expulsés. La plupart vont rester dans la capitale du Reich.

Américains, Britanniques, Français, tous bons connaisseurs de l'Allemagne et souvent germanophiles, ils travaillent selon les standards démocratiques de la liberté de la presse. Mais leurs interlocuteurs quotidiens s'appellent Goering ou Goebbels. Alors qu'autour d'eux s'abattent bientôt les persécutions sur les Juifs et les opposants, ils se battent pour décrocher une confidence off the record ou la faveur d'une interview du dictateur.

Pourquoi n'ont-ils pas alerté le monde sur la folie et la barbarie de l'hitlérisme, pourtant perceptibles dès le début ? L'anticommunisme viscéral de leurs employeurs, un air du temps qui banalise les dictatures, la sidération devant l'énormité sans précédent de ce que voient leurs yeux, et mille autres causes encore : tout se conjugue pour produire un aveuglement médiatique collectif qui ouvrira la voie, à partir de 1941, au déni planétaire de la Shoah.

Voici, fondé sur un travail de sources considérables, la chronique passionnante de la vie quotidienne des journalistes occidentaux en poste à Berlin de 1933 à 1941. Un récit hanté de bout en bout par cette question : sommes-nous certains d'être mieux armés aujourd'hui pour rendre compte des catastrophes hors normes, pour nommer le Mal ?

Daniel Schneidermann est journaliste, créateur et animateur de l'émission, puis du site, " Arrêt sur images ". Il est par ailleurs l'auteur de plusieurs essais, romans, et récits.

 

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