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8 Juillet 2019
"... Vous recommande un petit roman récent (...). Psychologie d'enfant savoureuse. Et l'ouvrage par sa sobriété, sa densité, la finesse et la cruauté de l'observation est très personnel. Le nom de cet auteur est à retenir."
(Correspondance Gide-Martin du Gard, Lettre 779, 10 août 1947)
On connaît tous la musique de ce film.
Celle de Narciso Yepes.
Que nos petits amis guitaristes nous jouaient avec plus ou moins de bonheur, certains soirs d'été.
On se souvient aussi du cri déchirant de la petite Paulette (Brigitte Fossey).
Seule dans cette grande gare.
"Michel !"
Mais peu savent que ce film a d'abord été un livre.
Celui de François Boyer.
Il était alors titré "Les jeux inconnus".
Edité chez Denoël en 1947.
Traduit, bien avant le film, en 17 langues.
Retour sur la véritable histoire de Paulette...
……………………..
Mai 1940.
C'est l'Exode.
Les routes sont encombrées de véhicules divers et variés…
Quand les avions allemands, les Stukas, mitraillent à qui mieux mieux.
Morts et blessés gisent au bord des routes.
"La colonne se remit en marche péniblement, comme un long ver de terre. La tête avance., la queue s'arrête. Paulette aplatie contre le sol releva la tête, et vit soudain des pieds, des pieds, des pieds, des jambes, des jambes."
Et parmi eux les parents de Paulette.
Qui se retrouve orpheline.
Et va se réfugier dans une ferme du hameau de Saint-Faix.
"Il y avait là cinq fermes étales, une petite église, un bistrot, et une remise pour le corbillard."
Deux familles rivales habitent le hameau.
Les Dollé et les Ganard.
Bien que le fils Ganard, Francis, fricote avec la fille Dolé, Berthe...
Michel, le dernier fils Dollé conduit ses vaches au pré.
Quand l'une d'entre elles s'échappe, en la poursuivant, il fait la connaissance de Paulette.
"Les deux enfants restèrent face à face, muets, un long moment. Michel observa les grands yeux gris de Paulette, sa chevelure blonde coupée au ras des yeux, ses deux mains figées, croisées sur les genoux, puis il revint sur les grands yeux gris."
Elle est juste là, tenant contre elle son petit chien noir et blanc mort.
La famille Dollé la recueille.
Et elle se retrouve à coucher dans un grenier sordide.
Elle retrouve son chien mort.
Qu'elle fait danser sur ses pattes arrières.
On découvre alors la famille Dollé par les yeux de Paulette.
Et le curé Joseph lui apprend, non sans mal, à faire le signe de croix.
Paulette enterre son chien.
Puis, aidé de Michel, c'est le tour d'une petite taupe.
"Et elle caressa doucement la bête morte. C'était encore beaucoup plus souple et soyeux que le chien tout à l'heure. Er puis le chien, il avait une sorte d'épi sur la tâche noire, qui grattait la main...Paulette frôla la taupe de ses lèvres plusieurs fois…"
Et Michel a l'idée géniale :
"Maintenant les idées de Michel se faisaient plus nettes et il déclara sans hésiter :
- Ce qu'il faut leur faire, c'est des croix.
Il réfléchit un instant et continua :
- D'abord le Joseph, il veut que je t'amène au Bon Dieu. Alors je t'apprendrai à faire des croix."
Michel décide de faire des vraies croix avec des planches, un marteau et des clous.
A l'occasion d'une planque des voisins, Michel tue deux poussins.
Et les ramène triomphalement à Paulette.
Pendant ce temps….
Le frère aîné de Michel, Georges, 23 ans, passe l'arme à gauche suite à une mauvaise blessure due à un cheval en furie.
Et il faut sortir le corbillard.
Pour ce faire, le père Dollé emmène Michel avec lui.
Il va commencer par faucher les deux croix du corbillard.
Et le père Dollé, quand il s'en aperçoit, accuse les Ganard.
Deux croix ont également été volées sur les murs de l'église.
Pendant ce temps, les deux enfants se baladent au cimetière.
Pour inspecter les croix.
Et voilà qu'elles disparaissent aussi.
S'ensuit une bagarre entre le clan Dollé et le clan Ganard chez Muriel, au café du village.
Michel et Paulette, eux, décident de voler la croix de la chapelle.
Mais Michel glisse et tombe.
Se blessant gravement.
Pendant ce temps, les adultes cherchent et finissent par trouver les croix :
"Il y avait là un véritable cimetière en miniature orné d'une trentaine de croix. Croix en bois, croix en fer, en argent, en bronze, en or, de toutes dimensions , et puis la croix de la chapelle, haute comme un homme qui dominait tout. Chacune des croix était plantée à la tête d'un petit carré de terre, bordé de mousse, piqué de fleurs diverses , rouges, jaunes, bleues, mauves, coquelicots, bleuets, boutons d'or, avec un petit carton grossièrement écrit qui portait un nom d'animal : "Taupe", "Rat", "Poussin", "Lézard", "Coquecinel", "3 Bêtes à Bob Dieu", "15 Fourmis", "6 Mouches"."
Chacun récupère ses croix.
Et, Paulette, repart vers la grand-route.
"Et comme un lièvre passait en zigzaguant, elle s'élança à sa poursuite…"
……………………
Non, le livre ne se termine pas du tout comme le film.
Dont la fin a mouillé tant de mouchoirs
La petite fille remise à la Croix Rouge, seule dans la grande gare, la femme qui appelle "Michel", etc...
Le livre se termine sur l'insouciance cruelle de Paulette.
Qui court sans aucuns remords vers un autre destin.
Laissant là Michel, les croix, les animaux morts, la ferme…
Le philosophe Alain disait :
"Toute l'enfance se passe à oublier l'enfant qu'on était la veille."
Et, en lisant ce livre...
On le croit sur parole.
Liliane Langellier
Jeux interdits. Le livre.
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Jeux interdits est un film français de René Clément, écrit par Pierre Bost et Jean Aurenche, sorti en 1952. Le film est tiré d'un roman de François Boyer intitulé Les Jeux inconnus.
Jeux interdits. Le film. René Clément, 1952.
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