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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Fête de l'Ascension à Rome....

Qu'on parle mal ou bien du fameux cardinal,
Ma prose ni mes vers n'en diront jamais rien:
Il m'a fait trop de bien pour en dire du mal,
Il m'a fait trop de mal pour en dire du bien.
Pierre Corneille

Comment ai-je pu me retrouver au Vatican pour l'Ascension 2004 ?

Tout cela a commencé d'abord à Kergonan (Plouharnel, Carnac).

Plusieurs étés de suite, je suis allée passer mes vacances dans la petite maison d'hôtes de l'abbaye bénédictine de Saint-Michel de Kergonan.

Une jolie maison réservée, très réservée, pour les familles des religieuses.

A gauche, l'Hôtellerie de Saint-Michel de Kergonan

C'est don Maurice, le prêtre qui avait enterré ma petite mère, qui m'y avait envoyée en août 1999.

Histoire de reprendre mes esprits.

Après ce deuil cruel et l'horreur d'avoir vendu "La Louise" de Chaudon.

Il pensait idéal l'air de la Bretagne et le calme de la prière.

Je suis partie un 1er août, juste après la messe dominicale.

A 12 h 30. En pleine cagna...

Je portais un charmant petit chemisier blanc bordé de bleu avec un nœud dans le dos et une longue jupe marine plissée.

C'est peu de dire que j'ai vite détonné avec la population aux différents arrêts sur l'autoroute.

Je me suis trompée d'embranchement et ne suis arrivée qu'après l'heure du dîner.

Ce premier séjour, qui fut suivi de bien d'autres, a été un peu comme une répétition générale de la vie en abbaye.

Lire sur ce blog : Kergo !

La mère hôtelière, une solide femme du Nord, pleine d'humour, m'a très vite conseillé un confesseur : le père Yves Boucher, 90 ans, natif de Quintin.

Lors de ma première rencontre, ce qui passionna le père Yves, ce ne fut pas la liste de mes modestes péchés, mais mon origine géographique. Et mon travail. Quand je parlais de "Seznec", il bondit de joie, en m'assénant "Mon frère aurait dérogé au règlement pour vous écouter !". Il me fallut quelques temps pour comprendre que chaque moine ne disposait que d'une heure avec chaque interlocutrice. Confession. Ou pas.

Un dimanche où les cloches sonnaient à la volée, Mère Anne-Marie m'asséna : "Mon petit, ce sont les Princes de l'Eglise". La messe était célébrée par Mgr Paul Poupard.

Je n'avais jamais eu l'occasion de croiser une telle Eminence !

En 2001, suite à des problèmes dans ma paroisse, j'ai décidé de prendre un directeur spirituel à Solesmes.

Le père Yves me conseilla le très charismatique père Joseph Michel Marie Lemaire.

L'un des fils des Editions Téqui.

Dont le frère François avait repris la direction après la mort du père.

Au printemps 2004, le père Joseph Michel me demanda si j'accepterais une mission de relations publiques pour un ouvrage grand public de Téqui qui venait de sortir : "Le guide de la Passion".

Suite au film de Mel Gibson.

Tequi n'était pas habitué aux livres grand public et j'avais un solide carnet d'adresses de journalistes catholiques.

Après avoir rencontré M. François Lemaire dans sa maison de Laval, il fut décidé que je prendrais le job.

Il s'agissait de confectionner un dossier presse.

Et de joindre toutes les rédactions des journaux.

Catholiques ou pas.

J'avais aussi accepté cette mission car les Editions Téqui se trouvaient Place Saint Sulpice.

Très près de la gare Montparnasse où j'arrivais chaque jour de Maintenon.

J'ai connu là toute ce que l'Eglise comptait de prêtres auteurs.

Cette mission fut un franc succès.

Dans les bureaux Téqui se trouvait également un autre éditeur : Les Editions de Paris.

Le lundi 17 mai, après-midi, je sortais d'une imprimerie à Dreux, quand Mme Téqui m'appela sur mon portable :

"Avez-vous une jolie tenue noire ???"

Elle m'apprit que je partais le mercredi soir à Rome pour le Week-end de L'Ascension.

Avec en vue de rencontrer Jean-Paul II et le cardinal Poupard flanquée de mes deux éditeurs.

C'était mon second voyage à Rome.

J'avais joyeusement suivi en avril 2000 le pèlerinage du cardinal Jean-Marie Lustiger.

C'est en montant dans l'avion que je devais découvrir "l'autre éditeur" : Jean-Luc de Carbuccia.

J'étais préoccupée par la réussite de ce voyage.

Aussi quand Carbuccia me demanda quel reportage m'avait le plus marquée dans ma vie de journaliste, je lui répondis sans hésiter : Eton, l'école des Rois.

Le vendredi soir, ce fut le grand raout.

Nous fêtions les 50 ans de sacerdoce de Mgr Paul Poupard.

Dans la basilique Santa Maria du Trastevere.

Il y avait là toute la diplomatie française de Rome...

En grande tenue.

Je portais un très joli ensemble noir avec une jupe longue à mini traine et un chemisier sophistiqué au col très haut et très lacé à la taille.

A la fête qui suivrait dans les jardins de l'église, j'étais donc censée remettre et vanter deux ouvrages au cardinal : "Le guide de la Passion", of course, mais aussi le dernier livre paru aux Editions de Paris.

Il faisait doux en cette fin mai.

Les jardins étaient superbes.

Et beaucoup d'hommes et de femmes en noir faisaient la queue pour complimenter le cardinal. "Votre Eminence…"

Je fis de même.

Quand je fus apostrophée derrière moi par un grand éclat de rire : "De Kergonan à Rome, la petite a de l'ambition !" C'était le père abbé de Kergonan : le nantais dom Philippe Perron.

Un riche fils de famille qui avait renoncé à tout en garant un jour sa somptueuse bagnole devant l'abbaye pour ne plus jamais en ressortir.

Du coup, l'attention du cardinal se porta sur mon humble personne.

Je pus lui remettre les ouvrages.

Mais il me demanda d'assister à sa messe privée du lendemain matin.

Depuis jeudi matin, j'écrémais, invitée par Carbuccia, tout ce que Rome comptait de charmantes petites trattorias.

Il me fit aussi visiter la capitale de l'Italie autrement.

Avec des endroits privés où il avait ses entrées.

Nous sommes allés marcher sur les bords du Tibre.

Qui sont laids et tristes.

Mon directeur, François Téqui, vaquait de son côté, ascète, il avait décidé de ne manger que du pain complet pour faire pénitence.

Nous étions logés dans un superbe séminaire américain.

Comme seule Rome peut en compter.

Samedi matin, alors que nous venions d'apprendre que le Saint Père, trop fatigué, ne pourrait nous recevoir, nous nous sommes  donc hâtés de nous rendre chez le cardinal.

J'étais toute vêtue de blanc, avec une jupe plissée et un chemisier agrémenté d'un long foulard rebrodé de petites roses roses. Du meilleur effet !

C'est quelque chose 600 mètres carré dans les jardins du Vatican.

Nous étions environ 10 personnes dans sa petite chapelle.

Et il me demanda de lire l'Epître.

Heureusement que je connaissais les repons de la messe par cœur en latin...

Puis il souhaita nous recevoir de façon plus privée dans ses appartements.

30.000 livres au garde à vous chez ce ministre de la culture du Saint-Père.

Il me montra des couvertures de livres d'art sublimes offerts par différents pays.

Mais juste avant le café, il décocha "Dire à quelqu'un je t'aime, c'est lui dire tu ne mourras jamais !"

C'était la phrase de Gabriel Marcel que j'avais fait graver sur un livre devant la tombe de mon Langellier.

Je fus troublée.

Très troublée.

Nous échangeâmes nos adresses.

Quand nous sommes rentrés en avion, il était plus de minuit et il n'y avait plus aucun train pour Maintenon à Montparnasse.

Carbuccia me proposa de dormir chez lui.

Son adorable épouse, une avocate américaine, me prépara un lit dans leur nurserie.

Dont la surface égalait à celle de mon appartement tout entier.

C'est quelque chose l'appartement de la Place Dauphine !

C'est donc des images plein la tête que je regagnais mes pénates.

Jean-Luc m'avait invitée pour un déjeuner courant juin.

Et, c'est en rentrant à la maison, en voyant mon épais dossier Seznec, que j'ai réalisé que Jean-Luc Carbuccia était en fait l'éditeur de Claude Bal.

Claude Bal, ce journaliste de Paris-Match du début des années 50, qui avait beaucoup fait parler de lui sur l'affaire.

Quand je lui ai cité l'affaire Seznec...

Il m'a dit qu'il souhaiterait que je fasse le tour de France des évêques francs-maçons et qu'il assurerait la publication de l'ouvrage.

Ma réponse :

……………………….

Avec le cardinal Poupard, nous avons échangé quelques lettres.

Il aurait aimé me voir intégrer son équipe.

J'avais un Italien moyen moyen mais avec mes 9 ans d'apprentissage de latin, cela devait pouvoir le faire.

Je n'ai pas osé tout planter là.

Pour commencer une autre vie ailleurs.

Ai-je eu tort ou ai-je eu raison ?

Mon Langellier m'aurait dit : "Dans la vie, le plat ne passe pas deux fois !"

L'année suivante, j'ai encore effectué une mission de Relations Publiques pour un livre grand public de Téqui.

Avec cette fois, organisation d'une conférence et d'un déjeuner au Sénat dans les jardins du Luxembourg.

Il y avait là de nombreux évêques, Mgr André Vingt-Trois, à l'humour corrosif et quelques cardinaux romains.

Mme Lemaire, traumatisée par la franc-maçonnerie, nous avait recommandé de passer nos mains à l'eau bénite avant de serrer celles des invités.

J'en rigole encore !

J'ai beaucoup appris chez Téqui.

Et c'est ce qui compte.

On ne progresse que lorsque l'on a l'humilité nécessaire pour apprendre.

 

Liliane Langellier

 

Fête de l'Ascension à Rome....
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