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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

La neige...

La neige…

La toute première neige…

Celle qui conditionne toutes les autres…

C’était Au im Bregenzerwald, bien sûr.

La photo est petite. Toute petite. Je ne suis guère plus grande.

Ce sont ces fameuses vacances de Noël où partie pour 15 jours je suis restée 6 mois chez les Lingg.

On me voit… Deux petits points dans l’immensité blanche avec Bernadette Delta. Nous nous nous chipotons pour une luge…

La neige…

Celle des récits de Gut à Chaudon.

Avec sa photo fétiche. Celle où il est englouti à moitié dans la neige de Saint Petersbourg (Petrograd). Avec Chapka et grand manteau de fourrure.

La neige…

Celle des premiers sports d’hiver à Chamonix avec Tante Germaine comme chaperon.

J’ai 16 ans. Avec mon amie de pensionnat Anne Lardot.

Les chaussures ont encore des lacets et les skis sont bien lourds.

Mais cela ne m’empêchera pas de sortir en boîte et de flirter avec ce grand brun aux yeux verts dont j’ai oublié le nom…

La neige, c’était devenu un rite.

Comme il y avait Bournemouth l’été il y avait la neige aux vacances de Noël.

La neige…

Celle que je n’ai pas vraiment vue de près l’année de mes 17 ans. Nous étions parties à quatre : Anne Lardot, Françoise Bru, Babeth Dromard et moi !

Quatre petites pensionnaires de Saint Joseph du Parchamp.

Les parents nous avaient inscrites à Jeunes Sans Frontières. Sans vérifier qui étaient les autres. Et s’ils étaient vraiment sans frontières…

De nombreux étudiants de Médecine et des Beaux Arts s’y trouvaient.

Nous avons fait 10 jours de foiridon. Je n’ai quasiment jamais vu les pistes. Juste le temps de prendre « une mine ».

J’avais un petit copain qui était kleptomane. Nous étions à Zermatt.

Il a volé dans toutes les boutiques de fringues mode.

Et je trouvais ça « génial ! ».

Folle jeunesse ! Mais avec frontières…

Quand je suis rentrée au pensionnat, j’avais donc réussi à bronzer. Mère Thérèse m’a vigoureusement lavé le visage au rude savon jaune dans les toilettes car elle pensait « fond de teint »….

Et l’on s’étonne encore que je sois une rebelle…

La neige…

Celle de l’année 1969.

Celle qui nous a surpris en week-end à Chaudon.

Mon Langellier était venu nous chercher en gare de Dreux.

Il neigeotait.

Ma tante Germaine n’a rien vu arriver…

Il a tellement neigé que le soir même il était impossible pour Jean-Claude de reprendre sa 2CV et de rentrer à Dreux.

Crise de nerfs de la reine mère !

Mais nous nous aimions tant que cela ne risquait pas de nous refroidir…

Je me souviens avoir perdu une banane en rentrant de courses dans la cour de « La Louise » et de n’avoir jamais pu la retrouver…

La neige…

Celle de mes premières vacances de jeune fiancée… Juste après que Jean-Claude m’ait offert le précieux petit diamant de chez Emile Obrey (rue de la Paix).

Nous avons fait cela dans les toilettes de la gare d’Austerlitz…Juste avant d'embarquer avec un groupe d'étudiants....

Quand je suis ressortie, j’étais très fière de ma nouvelle bague. Maman a fondu en larmes… Pas de fiançailles familiales avec les cadeaux et les fleurs…

Oui mais si la reine mère continuait à être ce qu’elle était, le mariage se ferait lui aussi en lousdé…

La neige…

Celle qui a saupoudré le trop joli mariage de mon amie Sylvie Lancel (oui, les magasins)... En décembre 1970... Nous partagions les mêmes études rue Soufflot... Et quand ses parents n'étaient pas là, elle m'invitait régulièrement dans leur duplex au coin de la rue Lamarck et de la rue Caulaincourt pour se faire servir à déjeuner par le maître d'hôtel...

Alors, tout naturellement, je fus son témoin dans cette petite église de Montmartre. Et dans sa robe façon monacale, avec tous ses petits boutons qui couraient de la capuche au dos, elle ressemblait à une héroïne brune hitchcockienne...

La neige... 

Celle de nos premiers week-ends de neige avec le comité d’entreprise de Publicis Conseil. Deux nuits dans le car (aller et retour) il fallait vraiment en vouloir…

La neige de Valmorel quand nous avons inauguré la station…

Les vacances de neige…

Chaque première semaine de mars.

Mon Langellier prenait tous les risques. Moi je n’ai jamais vraiment compris pourquoi il fallait remonter tout ce que nous venions juste de descendre plus ou moins péniblement…

La neige…

Celle du Mont Revard à Aix-les-Bains en 1978. Quand nous sommes allés passer des vacances chez la tante Madeleine, la sœur de mon beau-père. Ses fils étaient de vigoureux montagnards et ils avaient un faible pour la petite parisienne que j’étais…

La neige…

Celle du dernier week-end de mars 1986…

Quand il m’a décoché dans notre chambre « Je ne réalise pas que mon père a 70 ans ! »

Ce foutu week-end avec L’Express où nous avions trimbalé avec nous une Eurasienne odieuse : Sylvie. A l’entendre, je la croyais championne des pistes noires… Quelle ne fut pas ma surprise quand, malgré son look imbattable, elle se vautra sur tout le parcours et exaspéra ma moitié.

On ne peut pas tricher avec la neige…

La neige…

Celle de l’horrible hiver 1986/1987.

Il était déjà malade. Et bien malade.

La neige avait envahi Paris.

J’avais peur que son ambulance ne puisse pas venir le chercher pour aller à ses soins à Bobigny…

Il faisait un froid de gueux.

Mes beaux-parents étaient à la maison rue de Braque.

C’est pourtant seule que j’ai nettoyé l’énorme couche de neige qui s’était accumulée sur le toit de ma Peugeot. « Famille, je vous hais »…

La neige…

Celle qui tombait en cette dernière Saint Valentin….

La chimiothérapie avait été trop forte.

On m’avait prévenue…

Le samedi 14 février, il décida d’aller déjeuner à La Coupole. Et d’y inviter notre pote Mimi dont c’était l’anniversaire. Et qui venait de subir une rupture difficile.

La neige…

Celle qui floconnait quand je suis allée au Laboratoire chercher ses résultats… Et que le directeur a demandé à me parler… Et qu’il est revenu avec moi rue de Braque…

Il fallait le ré-hospitaliser d’urgence à Avicenne…

Heureusement pendant ce dernier séjour son frère Jean-Pierre était venu de Jérusalem pour passer une semaine près de lui…

Jamais on ne me critiquera Jean-Pierre. Jamais…

Il a été là.

Un point c’est tout.

La neige…

Celle qui avait pris la forme de pluies verglaçantes en ce foutu mois de janvier 1993… Papa était en train de mourir aux Buissons… J’étais tellement préoccupée que je me suis juste étonnée de voir quelques voitures sur le bas côté…

En arrivant à « La Louise », ça glissait tellement que j’ai du porter Jeannette dans mes bras pour lui éviter de glisser dans la cour…

La neige…

Celle que je n’avais pas prévu ce 26 janvier, jour anniversaire de Jeannette, et sur laquelle la voiture a glissé en redescendant la côte de Coulombs…

La neige…

Celle que je ne verrai plus dans les stations de ski car je m’en suis dispensée à jamais…

Et c’est tellement mieux comme ça…

La neige…

 

Liliane Langellier

Snowfall in Idaho in 1952.

Snowfall in Idaho in 1952.

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