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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

"Madame de…" de Max Ophüls (1953)... Le plus beau film de Danielle Darrieux...

« Votre tâche sera dure. Vous devrez, armée de votre beauté, votre charme et votre élégance, incarner le vide absolu, l’inexistence. Vous deviendrez sur l’écran le symbole même de la futilité passagère dénuée d’intérêt. Et il faudra que les spectateurs soient épris, séduits et profondément émus par cette image. »

— Max Ophüls à Danielle Darrieux, pour le rôle de Louise

Danielle Darrieux est partie ce matin.
Un soir où le hasard m'avait placée à côté d'elle à un dîner parisien, (elle devait avoir 70 ans), je lui avais récité à l'oreille les dialogues de la fameuse scène de "Madame de…" de Max Ophüls où, fiévreuse, tremblante, appuyée contre la porte, elle murmure à l'amoureux qu'elle doit fuir puisqu'elle est mariée à Charles Boyer qui ne plaisante pas, "je ne vous aime pas, je ne vous aime pas", elle avait penché la tête vers moi et chuchoté, "moi, je m'en fiche mais pouvez-vous le dire un peu plus fort que mon ami l'entende ?" Son ami avait 20 ans de moins qu'elle et il ne savait peut-être pas à quel point elle était cette actrice magnifique qui éblouissait hommes ET femmes dès qu'elle apparaissait à l'écran pour enfiler un gant, déposer un baiser, une colère, une moue frondeuse, coléreuse, friponne… 

Katherine Pancol sur Facebook le 19 octobre 2017.

Cela m'a donné immédiatement envie de voir ce film...

3 € 99 sur Canal +.

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Avant-dernier long-métrage de Max Ophüls, Madame de… (1953) est le dernier film que le cinéaste tourne avec sa muse, Danielle Darrieux. Elle y trouve l’un de ses plus grands rôles.

À travers le périple d’une paire de boucles d’oreilles, le cinéaste met en scène, sous le faste de la beauté et de l’élégance, l’inexistence d’une aristocrate qui s’ennuie dans une société de l’apparence. «Votre tâche sera dure», confiait avant le tournage Max Ophüls à l’actrice, devenue son égérie avec La Ronde, en 1950.

«Vous devrez, armée de votre beauté, votre charme et votre élégance, incarner le vide absolu, l’inexistence. Vous deviendrez sur l’écran le symbole même de la futilité passagère dénuée d’intérêt. Et il faudra que les spectateurs soient épris, séduits et profondément émus par cette image.»

Elle y parvient avec une justesse déconcertante. «Madame de… restera mon film, celui grâce auquel on ne m’oubliera pas tout à fait», écrivait Danielle Darrieux dans ses Mémoires, au sujet de ce long-métrage librement adapté du roman éponyme de Louise de Vilmorin.

De cette nouvelle sur la frivolité, écrite par celle qui fut l’épouse de Saint-Exupéry et un temps la compagne d’André Malraux, Max Ophüls tire un chef-d’œuvre intemporel nommé aux Oscars. La virtuosité de la mise en scène - chaque mouvement de caméra soulignant les oscillations du cœur de Madame de… -, l’élégance des dialogues signés Marcel Achard et le jeu d’une frémissante subtilité de Danielle Darrieux ont imposé cette tragédie romantique au panthéon du septième art.

Télérama :

Genre : tragédie amoureuse.

Des boucles d'oreilles en forme de coeur passent de main en main. Et un autre coeur, celui de Madame de..., se brise devant un sentiment inconnu qui a envahi, soudain, sa vie futile et vaine. D'une certaine façon, la mise en scène sublime de Max Ophuls est une métaphore du cinéma, ce mensonge qui révèle la vérité, pour paraphraser la formule de Cocteau. Des mouvements de caméra d'une élégance et d'une précision extraordinaires semblent constamment entourer les personnages dans leur sinueux parcours vers la lucidité et, donc, vers la mort.

A Danielle Darrieux, Ophuls avait demandé d'incarner le vide. De façon que le spectateur soit profondément ému par son apparente inexistence. Elle réussit ce pari au-delà de toute espérance. Quand on la voit dans une église, la première fois, Madame de... n'est qu'une adorable mondaine, une coquet­te infernale. A la fin, c'est le visage d'une madone que filme Ophuls. Loin des rondes inutiles et du plaisir éphémère. Un visage que le réalisateur et la comédienne ont rendu inoubliable.

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