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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

QUMRAN et les manuscrits de la Mer Morte

23 novembre 1947. Le professeur Elazar L. Sukénik, professeur d'archéologie à l'Université Hébraïque de Jérusalem, reçoit un appel téléphonique urgent. L'appel vient d'un ami, un Arménien, marchand d'antiquités, vivant dans la Vieille Ville de Jérusalem. Il souhaite le voir pour une affaire trop délicate à traiter par téléphone et sollicite un rendez-vous le plus tôt possible. La brebis perdue L'affaire a commencé au printemps 1947. Dans un endroit perdu où seuls passent les bédouins avec leurs moutons efflanqués. Au loin, la Mer Morte. Derrière, le désert de Juda, qui se termine en falaises creusées de milliers de trous et de grottes. Les bédouins ont surnommé l'endroit "Khirbet Qumrân". Khirbet signifie "ruine" en arabe. Et Qumrân est le nom de l'oued le plus proche situé à une douzaine de kilomètres au sud de Jéricho. Un jeune berger de la tribu des Ta'âmireh, Mohammed El Dib, rampe jusqu'à la grotte où il a vu s'engouffrer sa brebis. Il jette des pierres. Mais le bruit de retour semble être celui d'une pierre heurtant une céramique. Il s'avance plus avant dans la grotte et découvre plusieurs jarres en terre scellées qui s'avèrent contenir des liasses de cuir couvertes d'une écriture étrange. Pendant en tirer quelque argent, les bédouins décident d'aller consulter leur habituel marchand de Bethléem pour avoir son avis. Le marchand, intrigué, décide de consulter à son tour son collègue arménien de la Vieille Ville de Jérusalem. Et de lui apporter quelques fragments de cuir. Il est long le chemin... Novembre 1947. Il y a des troubles en Palestine. Impossible pour le marchand arménien ou pour le professeur Sukénik d'obtenir rapidement un laissez-passer militaire pour aller d'une zone à l'autre. Or, le professeur est d'un côté et l'Arménien de l'autre. Ils décident de se rencontrer au barrage entre les deux secteurs. Et c'est dans cet étrange "no man's land" que l'Arménien raconte l'incroyable histoire de la grotte et sort de sa poche un bout de parchemin que le professeur scrute à travers les bobines de barbelés. Le texte écrit lui semble familier. Assez semblable aux inscriptions qu'il a vues gravées sur des pierres tombales du Ier siècle, découvertes à Jérusalem et ses environs. Sukénik a immédiatement l'intuition que ce bout de cuir est authentique. Mais pour en être sûr, il lui faut examiner le rouleau complet. Il demande donc à son ami de revoir le marchand de Bethléem et de récupérer le plus grand nombre de rouleaux. Reste à obtenir son laissez-passer.

Les premières jarres Le 29 novembre, le marchand bethléémite sort alors trois jarres pour que Sukénik les examine et en retire avec précaution les rouleaux. Le professeur en déroule un délicatement et commence à l'examiner. L'émotion est intense. Au coup d'oeil qu'il jette sur les premières phrases, il reconnaît la belle écriture hébraïque de la Bible. Il demande toutefois quarante-huit heures au marchand pour les étudier dans les meilleures conditions et donner sa réponse. Sukénik sort du magasin avec les manuscrits enveloppés dans du papier journal. De retour chez lui, Sukénik se met tout de suite à l'étude des manuscrits. Dès le matin suivant, il téléphone à l'Arménien pour lui dire qu'il achète les trois rouleaux pour l'Université Hébraïque. Des tractations compliquées Après avoir acquis les trois premiers, Sukénik apprend l'existence de quatre autres manuscrits. Malgré de nombreuses tractations avec l'évêque Athanase du Monastère de Saint-Marc dans la Vieille Ville de Jérusalem, Sukénik ne put les acquérir. Les manuscrits sont emportés aux Etats-Unis. Après la mort de son père, c'est son fils, Yigaël Yadin, archéologue, qui, de passage à New-York, remarque une petite annonce dans "The Wall Street Journal" du 1er juin 1954 intitulée "The Four Dead Sea Scrolls". Après avoir contacté son gouvernement, Yadin achète les manuscrits qu'il récupère dans le coffre-fort de l'hôtel Waldorf Astoria. Ces sept manuscrits, auquel s'est ajouté un huitième acquis par Yadin en 1967, sont désormais conservés à la Maison du Livre de Jérusalem. Liliane Langellier

Encad

Le contenu des Manuscrits

Les sept premiers rouleaux, principalement en hébreu archaïque et araméen, contiennent : - le Manuel de discipline, charte d'un groupement sectaire juif, - les Récits des Patriarches - les Psaumes d'action de grâces, - le Commentaire d'Habacuc, - le Règlement de la guerre - deux exemplaires du Livre d'Isaïe. Le texte est disposé en 54 colonnes écrites sur dix-sept feuilles de cuir et cousues ensemble par un fil de lin. On les date généralement des environ de 100 avant J.-C. Le produit total des onze grottes de la région de Qumrân est d'environ sept cents ouvrages bibliques et sectaires. Ils vont de manuscrits complets à des fragments réduits à quelques phrases. Encad

Pour approcher "Qumrân" de façon ludique

Romans d'Eliette Abecassis : "Qumrân", éditions Poche - 6 euros : un formidable thriller théologique. Et sa suite : "Le Trésor du Temple". Bandes dessinées (Glénat : 12,50 euros) "Qumrân - Tome I : Le Rouleau du Messie" de Pierre Makyo, Eliette Abecassis et Gemine. "Qumrân - Tome 2 : Le Rouleau de la Femme" de Pierre Makyo, Eliette Abecassis et Gemiine. Pour aller plus loin : "Qumrân et les manuscrits de la mer Morte" de Bruno Bioul, ed. F.X. de Guilbert, 25 euros. "L'Affaire Qumrân. Les découvertes de la mer Mortes", de Jean-Baptiste Humbert et Estelle Villeneuve. Découvertes Gallimard. 13,50 euros. "Les manuscrits de la mer Morte" de Farah Mébarki et Emile Puech. LGF, 7,50 euros.

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