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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

5 choses à savoir sur Mathurin Méheut...

Mathurin Méheut a arpenté sa vie durant la Bretagne, livrant en ethnographe un témoignage précieux de son artisanat, de ses coutumes ou activités rurales et maritimes, à l’aube du XXe siècle. Retour sur le parcours de ce peintre emblématique de la Bretagne...

 

Roscoff, les oignons ; dans Vieux métiers bretons. Florian Le Roy. Illustrés de 350 dessins originaux de Mathurin Méheut...

 

1. Il est resté toute sa vie attaché à sa Bretagne natale

Formé dès l’âge de 14 ans auprès d’un artisan-peintre de Lamballe, sa ville natale, puis aux Beaux-Arts de Rennes en 1898, Mathurin Méheut (1882-1958) rejoint Paris à l’aube de ses 20 ans, où il s’inscrit à l’Ecole nationale des arts décoratifs. S’il emménage définitivement dans le quartier de Montparnasse en 1924, Méheut reste attaché à sa Bretagne natale qu’il ne cesse de dépeindre à la faveur de voyages récurrents. Certains seront déterminants, à l’instar des séjours qu’il effectue entre 1910 et 1912 à Roscoff, puis à Penmarc’h entre 1919 et 1920. L’occasion pour lui de produire un ensemble de peintures, dessins, croquis et gravures qui sont présentés en 1913 et 1921 lors de ses deux plus grandes expositions à succès, organisées par le musée des Arts décoratifs. Affirmant son attachement pour une Bretagne « de culture française », l’artiste signe en 1913 l’« Appel » publié dans le périodique La Pensée bretonne, dans lequel il prend position contre les mouvements séparatistes. En 1919, à l’occasion d’un déménagement provisoire à Saint-Guénolé en pays Bigouden, il entreprend de se former à la céramique au sein de la faïencerie Henriot-Quimper. L’artiste rejoindra désormais au moins une fois par an la Bretagne, arpentant le Finistère un carnet de croquis à la main, de Brest à Concarneau en passant par l’île d’Ouessant, laissant dans son sillage une myriade de dessins, peintures et esquisses dédiés à sa région de prédilection. 

 

2. Il peignait avec un regard d’ethnographe

En Bretagne, Mathurin Méheut illustre le quotidien des classes populaires rurales et côtières, usant d’un tracé libre et de larges aplats de couleurs vives. Il peint des paysannes aux tenues chamarrées, l’effervescence des ports, la liesse des célébrations religieuses. La bourse « Autour du monde » qu’il reçoit de la fondation Albert-Kahn en 1913 lui permet de décliner ces thèmes au Japon et à Hawaï. Alors qu’il est mobilisé entre 1914 et 1918, il réalise des croquis de soldats des tranchées qui marquent un tournant dans sa carrière. Adoptant le regard d’un ethnographe, il dépeint désormais la réalité sans fard. « Je ne suis pas un maître, ni même un peintre, je fais du document », déclare-t-il. Il croque sur le vif des pratiques artisanales en déclin face à l’industrialisation, saisissant les gestes ancestraux des sabotiers, des sardiniers ou des goémoniers. Son intérêt pour le patrimoine artisanal breton se manifeste notamment dans son travail d’illustrations pour l’ouvrage Vieux métiers bretons de Florian le Roy, publié en 1944. 

 

3. Il doit ses premiers succès à l’illustration de la faune et de la flore maritimes

Mathurin Méheut assiste, dès son arrivée à Paris, aux prémices de l’Art nouveau au contact d’Eugène Grasset (1845-1917), un affichiste et graveur suisse qui l’encourage à puiser son inspiration dans la nature. En 1910, il rejoint la station de biologie marine de Roscoff, dans le Finistère, pour fournir les illustrations de l’Étude de la mer : flore et faune de la Manche et de l’Océan, un ouvrage publié sous la direction de l’artiste Art nouveau et critique d’art Maurice Pillard Verneuil (1869-1942). Durant deux ans, il livre une série de peintures et croquis de poissons, crustacés et algues, dont un florilège est exposé parmi les 427 œuvres présentées en 1913 au musée des Arts décoratifs de Paris. Cette passion pour le monde marin se révèle dans son travail prolifique d’illustrateur. Mathurin Méheut réalise ainsi un ensemble de gouaches et aquarelles pour illustrer un texte de Colette rendant hommage à la faune marine : Regarde, un ouvrage diffusé en 1929 à seulement 750 exemplaires. En 1941, il reçoit de l’Institut de géologie de Rennes la commande d’un cycle décoratif célébrant la Science et la Terre de Bretagne. De 1942 à 1946, il réalise, aux côtés d’Yvonne Jean-Haffen (1895-1993), vingt panneaux représentant la faune et la flore maritimes qui composaient la Bretagne préhistorique. 

Mathurin Méheut (1882-1958) et Colette, « Regarde », exemplaire n° 97/700 sur vélin colorié au pochoir par Jean Saude. Estimé entre 2 500 et 3 000 euros.

 

4. Il a reçu des commandes de décors d’envergure

Peintre, graveur, céramiste, illustrateur… Artiste aux multiples talents, Mathurin Méheut se frotte également au monumental, à travers des commandes de décors d’envergure. En 1930, il est ainsi convié à Pittsburgh, en Pennsylvanie, afin de décorer le Hall des Nations de l’Auditorium and Service Building. Il réalise un décor de 400 m2 avec l’aide d’Yvonne Jean-Haffen. Nommé peintre officiel de la Marine en 1921, il travaille également de manière continue, entre 1923 et 1950, pour les deux plus grandes compagnies maritimes françaises : les Messageries maritimes et la Compagnie générale transatlantique. Il peint notamment des scènes de chasse et paysages d’hiver pour le mythique paquebot Normandie. La plupart de ses œuvres ont été perdues lors d’incendies, seules des photographies, croquis et études demeurent. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il livre également un carton de tapisserie, La Mer, pour la Manufacture nationale des Gobelins. 

 

5. Sa cote aux enchères ne cesse de progresser depuis trente ans

Redécouvert dans les années 1970, Mathurin Méheut compte parmi les artistes de la Bretagne les plus plébiscités sur le marché. A l’instar de Lucien Simon ou encore Alfred Guillou, il jouit aujourd’hui d’une notoriété à l’international, de la part d’enchérisseurs fascinés par l’identité singulière de cette région parvenue, au fil des siècles, à engendrer des chefs-d’œuvre conjuguant la modernité à l’authenticité. Sa cote, déjà élevée dans les années 1990, ne cesse depuis de progresser, avec une appétence soutenue pour ses scènes de la vie bretonne, ainsi qu’en témoigne le record établi en 2017 par les Ramasseurs de sel à Guérande, une peinture adjugée 52 000 euros (prix marteau) par Guillaume Le Floc’h à Paris. 

 

Retour en images avec un florilège d’adjudications d’œuvres de Mathurin Méheut

 

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