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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Sur Arte... Colette, l'insoumise de Cécile Denjean... Le féminisme en marche...

« Moi, c’est mon corps qui pense. Il est plus intelligent que mon cerveau. Il ressent plus finement, plus complètement que mon cerveau. Quand mon corps pense... tout le reste se tait. À ces moments-là, toute ma peau a une âme. »

Un hommage convaincant nimbé d’une fantaisie chère à l’auteure avant-gardiste de « Chéri ».

Avec les mots d’aujourd’hui, on dirait qu’elle fut « une cougar bisexuelle décomplexée, kiffant le buzz et ayant inventé l’autofiction ». Avant de devenir une écrivaine mûre aux nombreux amants et amantes souvent plus jeunes qu’elle, Colette apprit la volupté dans les bras de Willy. Le journaliste parisien, séducteur fantasque de quatorze ans son aîné, l’initia au libertinage, la poussa à écrire et lui apprit aussi comment orchestrer son succès. « Mon Dieu, que j’étais jeune et que je l’aimais cet homme-là ! […] En peu d’heures, un homme sans scrupule fait, d’une fille ignorante, un prodige de libertinage […] Ce fut une foudroyante découverte du plaisir, de ces plaisirs qu’on nomme à la légère physiques », écrit-elle.

Le plaisir du corps érigé en philosophie de vie

Dans la maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye, la solaire Sido, sa mère, n’avait cessé de lui dire « Regarde… » : les insectes, les fleurs, les arbres, les animaux ou la lune qui se lève. Willy n’eut plus qu’à attiser la sensualité et la curiosité de la gamine élevée dans cette famille de libres penseurs. La jeune Bourguignonne - dont le film donne à entendre l’étonnant accent rocailleux qu’elle gardera toute son existence -, transformée en animal littéraire, érigera le plaisir du corps en philosophie de vie : « Mon corps est plus intelligent que mon cerveau, toute ma peau a une âme. » Autant que son esprit vif et libre, elle l’utilisera à son avantage, séduisant les maîtresses de ses maris volages ou se lançant dans le music-hall pour gagner son indépendance : « Je veux danser nue si le maillot me gêne et humilie ma plastique, je veux chérir qui m’aime […] et lui donner mon corps si doux et ma liberté. »

Avec une fantaisie à l’image du personnage, alternant archives, saynètes reconstituées et malicieuses illustrations croquées par Catel Muller, ce joli documentaire rend hommage à l’immense écrivaine qui fit de sa vie libre et excentrique le sujet de ses fictions. Si Colette fut la première femme à qui la France accorda des funérailles nationales, l’Eglise lui refusa les obsèques religieuses pour « conduite inconvenante ». Une sortie qui ne manque pas de panache !

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