" LES SOULIERS DE SAINT PIERRE"

Tous les grands problèmes de l'Église moderne, tant sur le plan spirituel que sur le plan temporel, sont évoqués dans ce film de " politique-fiction " tiré du roman de l'écrivain australien Morris L. West.     

 Si la gravité du propos n'a pas échappé au réalisateur Michael Anderson, le moins qu'on puisse dire est qu'il s'est révélé incapable d'élever son film à la hauteur de son sujet et que l'esprit ne souffle guère sur cette parabole en forme de superproduction.      

À la veille d'une guerre thermonucléaire entre la Chine et l'U.R.S.S., un évêque russe, récemment libéré d'un camp sibérien, est nommé cardinal, puis élu pape. Sa foi profonde, son expérience de la souffrance, son amour des hommes, l'amèneront à prendre d'audacieuses initiatives destinées à éviter le conflit.   

Telle est la curieuse histoire qui nous est racontée et sur laquelle se greffent d'innombrables péripéties, parfois stupides et le plus souvent superflues. Le meilleur du film est dans la reconstitution de l'élection papale. Encore qu'il soit difficile de prendre au sérieux une cérémonie où Vittorio de Sica, vêtu de pourpre et d'onction cardinalices, joue les princes de l'Église et où le futur successeur de saint Pierre a les traits du saltimbanque de la Strada, l'aspect documentaire de cet épisode ne manque pas d'intérêt.         

La seconde partie du récit est d'un infantilisme déprimant, exception faite des discussions théologiques qui opposent de vénérables inquisiteurs à un jeune disciple du Père Teilhard de Chardin (mais il est à craindre que la thèse éloquemment défendue par Oskar Werner d'un " Christ cosmique ", point oméga vers lequel tend l'évolution de l'univers, ne passe au-dessus de la tête de la majorité des spectateurs, chrétiens ou non).

Anthony Quinn est égal à lui-même dans le rôle de l'ancien prisonnier politique brusquement appelé à devenir le pasteur du monde catholique et l'interlocuteur d'un nouveau Mao Tse-toung. C'est dire qu'il exécute un grandiose numéro de fausse simplicité. Le cabotinage est flagrant, mais on peut s'y laisser prendre.

" LES SOULIERS DE SAINT PIERRE"

Le Monde.fr - 1er site d'information sur l'actualité. Retrouvez ici une archive du 26 décembre 1968 sur le sujet " LES SOULIERS DE SAINT PIERRE"

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