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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.500 articles.

Notre-Dame retrouve son joyau : la Sainte Couronne d’épines revient pour mille ans...

Escortée par les chevaliers du Saint-Sépulcre, la Sainte Couronne d’épines est revenue sous les voûtes de Notre-Dame de Paris en ce froid soir de décembre. Après cinq années d’exil, l’une des plus précieuses reliques du monde a retrouvé son écrin.

Les portes de la cathédrale s’ouvrent en grand, laissant entrer dans l’édifice millénaire une longue procession de chevaliers, dont les longues capes blanches effleurent le dallage de la Dame de Pierre. En ce soir du vendredi 13 décembre, la Sainte Couronne d’épines fait son retour à Notre-Dame de Paris. Loin des combinaisons politiciennes qui se jouent à Matignon, Notre-Dame se prépare à retrouver l’un de ses joyaux. À la lueur des lustres, l’un des commandeurs de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem pénètre dans la cathédrale.

Il porte avec solennité un reliquaire d’or et d’argent, posé sur un coussin de velours pourpre. À l’intérieur, repose la Sainte Couronne d’épines, l’une des seules reliques de Jésus-Christ. L’espace d’un instant, sous les voûtes immaculées de Notre-Dame, le temps semble avoir fait marche arrière. Il y a plus de 750 ans, c’était le roi de France, Saint-Louis, qui en remontait la nef, apportant en France sous les vivats et les cantiques la Couronne du Christ.

Les chevaliers du Saint-Sépulcre, gardiens de la relique

« La cérémonie de ce soir est un événement très important, c’est la réinstallation dans sa cathédrale de l’une des plus précieuses reliques au monde : la Sainte Couronne d’épines », confie l’un des dirigeants de l’ordre équestre des Chevaliers du Saint Sépulcre. Fondé en 1336, cet ordre chevaleresque rassemble aujourd’hui un millier de membres en France.

 

C’est à ces descendants des moines soldats de jadis qu’incombent l’honneur et la responsabilité de veiller sur la relique. « Les Chevaliers du Sépulcre sont la garde d’honneur de la Sainte Couronne d’épines depuis 1845, c’est l’un des principaux services de la lieutenance de France, explique le chevalier, Ce soir, nous serons environ 400. Notre mission va être de veiller, comme depuis des siècles, sur la sainte relique. »

Le miracle de Notre-Dame

Il y a près de 800 ans, la Couronne d’épines, portée par le Christ lors de la passion, se trouvait sous bonne garde à Constantinople, capitale de l’empire Byzantin. En 1238, le roi de France, Louis IX, futur Saint-Louis, acquiert la relique pour la somme très importante de 135 000 livres tournois, auprès de l’empereur Baudouin II. Le joyau est amené en triomphe sur la terre française, où Saint-Louis a fait ériger pour elle un écrin architectural grandiose : la Sainte-Chapelle. C’est là qu’elle sera vénérée durant des siècles, jusqu’à ce que Napoléon décide de la transférer à Notre-Dame de Paris, en 1806.

Miraculeusement sauvée par l’abbé Jean-Marc Fournier, aumônier des pompiers de Paris, lors de l’incendie qui ravagea Notre-Dame en avril 2019, la relique reposait depuis à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, non loin de Notre-Dame.

La Passion du Christ

Cinq après la catastrophe qui l’a ravagée, la cathédrale déborde de la foule de fidèles venus vénérer la sainte relique. À l’ambon, Mgr Ulrich et les clercs commencent la lecture de la Passion selon Saint-Jean. « Alors Pilate fit saisir Jésus pour qu’il soit flagellé. Les soldats tressèrent avec des épines une couronne qu’ils lui posèrent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau pourpre. » Arrive le moment de la mort du Christ. La foule de fidèles se met à genoux, tandis que le chœur de Notre-Dame entonne un Kyrie vibrant. L’archevêque de Paris s’avance alors vers la relique qu’il soulève avec délicatesse. Puis, entouré des chevaliers et des prêtres, il disparaît dans le déambulatoire où se trouve le reliquaire. Là, après avoir béni l’œuvre d’art de Sylvain Dubuisson, il place respectueusement la Sainte Couronne au centre de sa nouvelle demeure.

 

Devant les chapelles de Viollet-le-Duc, la foule se masse silencieusement afin de vénérer la relique, laissant la nef peuplée de chaises vides. À mesure que l’on se rapproche de la Sainte Couronne, l’émotion et l’excitation se font palpables. « Pour nous, être là ce soir est incroyable, confie Thérèse, accompagné de son amie Marthe. Ce n’est pas qu’un objet d’art, c’est une relique magnifique, à qui l’on peut confier tous nos soucis. » Le reliquaire et son trésor se dévoilent enfin aux pèlerins. Tandis que certains dégainent leur téléphone pour une photo, d’autres s’agenouillent en se signant. Mais le temps laissé à chacun pour se recueillir est bref, et les chevaliers du Saint-Sépulcre veillent à ce qu’aucun embouteillage ne se forme derrière la grande croix du chœur.

Admiration

Après les vêpres, la cathédrale se vide peu à peu de ses admirateurs et fidèles. Sur le parvis, des petits groupes bravent le froid mordant afin d’admirer une dernière fois la façade de la Dame de pierre. « C’était une cérémonie très émouvante, très sobre, le reliquaire quant à lui était tout simplement sublime », lance avec enthousiasme le père Gilles Drouin, chanoine de la cathédrale de Paris. L’homme d’Église a assisté étape après étape à la reconstruction de Notre-Dame. Chargé de l’aménagement liturgique, il a œuvré avec Sylvain Dubuisson à la conception du reliquaire. « Voir tous ces gens se recueillir devant la Sainte Couronne me remplit de joie, c’est reparti pour mille ans ! » s’exclame joyeusement le chanoine.

Quelques mètres plus loin, Marko observe avec attention les détails sculptés du porche de Notre-Dame. Arrivé il y a deux jours de Croatie, il est encore sous l’émotion de la cérémonie à laquelle il vient d’assister. « Je suis très catholique, affirme l’étudiant en ingénierie, la cathédrale est somptueuse, c’était magnifique, les chants, les sculptures, la lumière… » Pour le jeune homme en voyage touristique, il était impensable de quitter la France sans avoir vu la Dame de Pierre. Quittant à regret le parvis de Notre-Dame, il nous confie en un souffle « À un moment, j’ai pleuré dans la cathédrale, tout était trop beau… »

Pour mille ans encore !

En ce soir de l’avent, Notre-Dame de Paris est redevenue pleinement un écrin sacré : la Sainte Couronne d’épines repose de nouveau au cœur de Paris, là où elle se trouvait depuis des siècles. À partir du lundi 16 décembre, les fidèles pourront de nouveau se recueillir librement devant l’une des plus belles et précieuse reliques du christianisme. Pour mille ans encore…

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Désigné par le diocèse de Paris pour réaliser le nouveau reliquaire de la couronne d’épines, Sylvain Dubuisson a présenté une esquisse de son projet. La précieuse relique pourrait être exposée beaucoup plus souvent qu'auparavant.

C'est un reliquaire qui devrait en surprendre plus d’un. Choisi par le diocèse de Paris pour réaliser le nouveau reliquaire qui abritera la couronne d'épines, un fragment du bois de la Croix et un clou de la Passion, Sylvain Dubuisson a détaillé ce vendredi 23 juin ce à quoi allait ressembler cet objet de 2,8 mètres de large. Composée d’éléments autoportants en bois avec quelques ouvertures évoquant le bois de la couronne et de la croix, le reliquaire situé dans la chapelle axiale, derrière la Croix et la Gloire de Marc Couturier, aura en son cœur la relique, installée au centre d’une auréole avec des cabochons en verre sur fond d’or. Au sol, une pierre noire d’un côté évoquant le tombeau et une pierre blanche de l’autre évoquant la résurrection.

« La couronne d’épines sera à hauteur d’homme », précise Sylvain Dubuisson. Un élément essentiel dans la mesure où, grande nouveauté, fidèles et visiteurs pourront toucher le reliquaire. « À la demande du diocèse, l’artiste a conçu une châsse-reliquaire à la mesure des reliques insignes qu’elle conservera et de l’importante dévotion qui leur est vouée par les fidèles », précise le diocèse. « Les visiteurs venant de tous les continents pourront l’exprimer en touchant ce reliquaire et en déposant des bougies en signe de respect et en témoignage de leur prière. » Alors qu’il était auparavant recteur du sanctuaire de Lourdes, Mgr Ribadeau-Dumas a rappelé vendredi 23 juin l’importance de soutenir et d’encourager la piété populaire. « J’ai vu à Lourdes la puissance du geste des pèlerins qu’était celui de toucher la grotte de Lourdes. Ce geste doit absolument être accompagné et encouragé ici aussi, au cœur de Notre-Dame », a-t-il souligné.

Si le reliquaire pourra donc bel et bien être touché, ce n'est bien évidemment pas le cas de la relique qui reste inaccessible et se détachera dans une demi-sphère bleu donnant l'impression d'échapper au temps. « L’anneau- reliquaire de cristal de 1896, tissé d’un feuillage d’or, se détache dans une demi-sphère d'un bleu profond qui l'extrait de toute dimension spatiale », précise encore le diocèse. « Comme dans la Pietà du Vœu, à Notre-Dame c’est toujours Marie qui expose le Fils livré. »

 

 

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