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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.500 articles.

Ce soir sur Paris Première... « La Traversée de Paris », monument national...

Gabin et Bourvil dans le même bateau, naviguant dans les eaux troubles de l’Occupation. On connaît la chanson mais on en redemande. 

Rien qu’aux noms alignés, on pressent le truc formidable, le film unique, le chef-d’œuvre. Scénario et dialogues de Pierre Bost et Jean Aurenche, c’est pas rien. Ils ont signé les plus beaux scénarios du cinéma français, et Bost (injustement oublié) a aussi été un romancier exceptionnel (il faut avoir lu ses livres, dont « le Scandale », 1931, et « Monsieur Ladmiral va bientôt mourir », 1945). Tous deux se sont inspirés d’une nouvelle de Marcel Aymé, bonne base de départ. Parlons du casting : Gabin, Bourvil, de Funès. La grande classe. Reste le metteur en scène, devenu l’aboyeur du Front national dans les années 1980, qu’on cite volontiers malgré l’antipathie qu’il nous inspire : Claude Autant-Lara.

Chaque gag est doublé d’émotion, chaque réplique est vive, naturelle, forte

Deux hommes, la nuit, quatre valises pleines de côtelettes, l’Occupation, voici pour l’argument. Sur cette trame simplissime, le film s’envole littéralement. Chaque gag est doublé d’émotion, chaque réplique est vive, naturelle, forte. On n’en finirait pas de citer les passages géniaux : lorsque les loups, au zoo, qui flairent la boustifaille, commencent à s’agiter ; quand Bourvil joue de l’accordéon. Quand on entend la fameuse phrase, « Salauds d’pauvres ! », c’est le pompon… Je ne résiste pas au plaisir de citer Jean Gabin, s’adressant au cafetier :

En quatre-vingts minutes, tout est dit : la tristesse de l’Occupation, les amitiés qui naissent par hasard en temps de guerre, l’humanité profonde qui sommeille chez les porteurs de boudin. C’est ce cinéma-là qui, dans les années 1950, irritait les va-de-la gueule de la Nouvelle Vague. C’est ce cinéma-là, soixante-sept ans plus tard, qui est éblouissant.

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