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3 Janvier 2020
Je vous ai parlé de "Monsieur Paul" (Corcellet) en vous narrant mon voyage au Sénégal en 1985...
Et l'anecdote des termites.
Je viens de découvrir, à l'instant, la publicité de la Maison Corcellet avec Marcel Proust.
Retour sur une histoire d'épicier hors du commun...
Article du journal belge Le Soir. Juin 1989.
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Il vendait des termites au chocolat, de la patte d'ours, du python à la nage ou du caviar d'escargot : Paul Corcellet, prince des épices et explorateur du bizarre dont les produits sont connus dans le monde entier, a fermé, au début de l'année, la boutique qu'il avait ouverte à Paris en 1934 mais a heureusement repassé le flambeau à son neveu.
Paul Corcellet, âgé de quatre-vingts ans, a donc pris une retraite méritée, laissant la place à Bernard Corcellet, qui affiche son intention de poursuivre la révolution tranquille des goûts, la passion de cette famille.
Il conserve une petite boutique dans les quartiers chics de l'Ouest parisien et a bien l'intention d'en ouvrir d'autres. Les 37 sortes de vinaigre et 42 de moutardes inventées par la maison continuent à être livrées dans 26 pays, essentiellement la CEE, les Etats-Unis et le Japon. Cinquante-cinq pour cent des quelque 120 millions de francs belges de chiffre d'affaires annuel se font à l'exportation.
Joséphine rencontra Napoléon en faisant ses courses…
Le quartier du Palais-Royal était le berceau de l'entreprise de la famille Corcellet qui s'est lancée dans l'épicerie fine en 1760. On raconte que Joséphine de Beauharnais rencontra son futur époux, Napoléon Bonaparte, dans leur magasin. Mais, souligne le nouveau maître des lieux, il a fallu abandonner cet arrondissement autrefois résidentiel et qui n'abrite plus désormais que des bureaux.
La maison avait toujours été à la recherche de produits rares. Dans les années 1860, elle avait établi une petite plantation d'ananas en banlieue parisienne. Mais l'impulsion est surtout venue de Paul Corcellet, «génial pétrisseur de la matière», selon l'expression de son neveu, véritable pionnier de saveurs inconnues en Europe. Il introduisit des produits exotiques désormais connus partout comme l'avocat (en 1934) ou le kiwi (il y a une quinzaine d'années). Il fut, il y a trente-huit ans, le concepteur du vinaigre à la framboise aujourd'hui distribué dans tous les supermarchés. En 1959, il cuisina le premier plat congelé et, en 1960 il se servit pour la première fois de la cuisine sous vide.
Le connu et l'inconnu
«Il faut associer un goût connu à un autre inconnu, sans à priori, et en cherchant plutôt une juxtaposition qu'un mélange», explique Bernard Corcellet, qui affiche son intention de poursuivre ce renouveau de la cuisine française. Il est ainsi en train de préparer une série de confitures aux épices, dont l'une combine le citron au poivre vert.
Le neveu du maître attend impatiemment l'ouverture du marché unique européen, en 1993, en espérant qu'elle lui permettra de contourner les restrictions de l'administration française, dues soit à une réglementation sanitaire tatillonne soit à la convention internationale de Washington pour la protection des espèces menacées (Cites). Corcellet se plaint ainsi de n'avoir pu utiliser de la viande de lion, de ne pouvoir importer du ragoût d'éléphant d'Afrique du Sud, de l'autruche ou du boa, ou encore de la tortue ou du crocodile d'élevage de territoires français éloignés comme la Réunion et la Guyane. (AFP.)
Lire ici : Paul Corcellet ou les épices de la vie.
"Le grand gastronome Grimod de La Reynière évoque, parmi ceux du Palais-Royal, le fameux Corcellet, dont l'ultime descendant, Paul, a disparu il y a peu. Chez lui, on trouvait des pattes d'ours, du boa fumé, de la trompe d'éléphant... Pour une chronique de l'émission de Jacques Martin Le Petit Rapporteur, il m'avait préparé des sauterelles grillées enrobées de chocolat : leur distribution au public du studio fut la cause d'une panique assez réjouissante."
Philippe Couderc
Le XIXe siècle a été fatal aux épiciers. D'abord, ils ont fait fortune, gavés de commandes — « enrichissez-vous », avait suggéré Guizot à leur clientèle, ils en eurent les retombées —, mais ils ne surent pas faire crédit aux romanciers ou poètes faméliques qui, plume en main, se sont vengés d'eux. Deux siècles plus tôt, ils étaient moins riches et plus avisés. Dans Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand nous campe Ragueneau enveloppant en bougonnant ses pâtés dans les vers de mirliton que lui abandonnaient ses clients impécunieux. Est-ce cette référence qui a donné à Paul Corcellet, épicier au Palais-Royal depuis cinq générations, l'idée de nous servir une large centaine de ses recettes empaquetées dans la biographie de sa famille ? Peut-être, à moins qu'il n'ait pas résisté, vitrine pour vitrine, à se prélasser à la devanture des librairies, entre une chanteuse d'Opéra, un ancien premier ministre, un futur premier ministre, un quarteron de généraux et deux ou trois assassins à la mode. Au fond, qu'importe ! Corcellet ou Jourdain, l'essentiel est que l'idée lui soit venue et qu'il en ait confié la réalisation à Henry Viard, dont la plume ne s'égare jamais, qu'il s'agisse de donner la recette de l'hippopotame en daube ou de remonter, en matière de moutarde, jusqu'à Archestrate, Erasistrate et Hégésippe de Tarente. C'est dire le livre étrange, drôle, savoureux — et utile — né de cette collaboration, où tout se mêle sans jamais se télescoper (1). En arrière fond, bien sûr, les arcades du Palais-Royal, et sur le devant de la scène, Bonaparte achetant son café, Brillât-Savarin ses truffes, Edmonde Charles-Roux du surgelé d'agneau à l'indienne et JeanLaurent Cochet ses pêches. Même Astérix y trouve sa place. Lorsque René Goscinny, qui ne pouvait pas ne pas être son client, publia son premier album, Paul Corcellet lui dédia une « recette de sanglier au miel et aux baies de genièvre Obélix », dont voici un passage : « Mettez à rôtir votre morceau de sanglier avec des châtaignes. Arrosez en fin de cuisson d'un miel assez fort (châtaignes, ou châtaignes et mille-fleurs, ou bruyère, ou thym), pour qu'une couche dorée se forme à la surface de votre sanglier. A l'aide d'un fer rougi au feu, dessinez alors une grille pour donner l'illusion du gril ou du barbecue. Servez avec un plat de cèpes, simplement sautés au beurre, au thym et persil. » Vraiment, un merveilleux livre, comme devait en lire Alice, de l'autre côté du miroir, mais que vous auriez le plus grand tort, une fois qu'il vous aura enchanté, de ne pas ranger dans votre bibliothèque culinaire, aux côtés des autres volumes du talentueux Henry Viard.
L'EXPRESS. Voyage au Sénégal (Nianing). Mars 1985 - Chez Jeannette Fleurs
C'est la pluie qui tombe petit à petit qui remplit le fleuve. Proverbe sénégalais ; Les proverbes malinkés du Sénégal (1962) C'était lors de la campagne de lancement de L'Express Paris. Nous...
http://chez.jeannette.fleurs.over-blog.com/l-express.voyage-au-senegal-nianing.mars-1985
Le flambeau retrouvé d'une dynastie - Le Soir
Le flambeau retrouvé d'une dynastie Le flambeau retrouvé d'une dynastie qui a rendu l'épicerie aventureuse et révolutionnaire dans le monde Il vendait des termites au chocolat, de la patte d'ou...
https://www.lesoir.be/art/le-flambeau-retrouve-d-une-dynastie_t-19890621-Z01R76.html
L'article du Soir.