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25 Mars 2021
la première chose qui lui apparut fut le panier d’argenterie ; il le prit, traversa la chambre à grands pas sans précaution et sans s’occuper du bruit, gagna la porte, rentra dans l’oratoire, ouvrit la fenêtre, saisit un bâton, enjamba l’appui du rez-de-chaussée, mit l’argenterie dans son sac, jeta le panier, franchit le jardin, sauta par-dessus le mur comme un tigre, et s’enfuit.
Les Boulerand...
Je les ai toujours connus...
J'ai succédé à la place de leur fille Anne-Marie chez Fillon Pichon en mai 1995...
C'est la charcuterie des Boulerand qui était livrée à mon pensionnat boulonnais Saint-Joseph du Parchamps...
Qui ne se souvient pas du petit camion de leur fils Jean-Marc sur le marché nogentais ?
Rappelez-vous aussi...
Madeleine Boulerand, la sage femme aux 1000 enfants.
Mon premier contact avec son frère, François, le maire de Faverolles, date de l'été 1994.
Et mon article "Bonjour Monsieur le Maire" est paru le 5 novembre 1994.
Il m'en avait alors parlé des fameux chandeliers...
Oui, les fameux chandeliers en argent, volés par Jean Valjean dans "Les Misérables" de Victor Hugo.
"Il s’arrêta tout à coup. Il était près du lit. Il y était arrivé plus tôt qu’il n’aurait cru.
La nature mêle quelquefois ses effets et ses spectacles à nos actions avec une espèce d’à-propos sombre et intelligent, comme si elle voulait nous faire réfléchir. Depuis près d’une demi-heure un grand nuage couvrait le ciel. Au moment où Jean Valjean s’arrêta en face du lit, ce nuage se déchira, comme s’il l’eût fait exprès, et un rayon de lune, traversant la longue fenêtre, vint éclairer subitement le visage pâle de l’évêque. Il dormait paisiblement. Sa tête était renversée sur l’oreiller dans l’attitude abandonnée du repos. Toute sa face s’illuminait d’une vague expression de satisfaction, d’espérance et de béatitude. C’était plus qu’un sourire et presque un rayonnement.
Tout à coup Jean Valjean remit sa casquette sur son front, puis marcha rapidement, le long du lit, sans regarder l’évêque, droit au placard qu’il entrevoyait près du chevet ; il leva le chandelier de fer comme pour forcer la serrure ; la clef y était ; il l’ouvrit ; la première chose qui lui apparut fut le panier d’argenterie ; il le prit, traversa la chambre à grands pas sans précaution et sans s’occuper du bruit, gagna la porte, rentra dans l’oratoire, ouvrit la fenêtre, saisit un bâton, enjamba l’appui du rez-de-chaussée, mit l’argenterie dans son sac, jeta le panier, franchit le jardin, sauta par-dessus le mur comme un tigre, et s’enfuit."
Voilà ce que François Boulerand nous en dit :
LE PRESBYTERE
Cette maison contiguë à l’église était autrefois le presbytère, qui ici, a toute une histoire.
Figurez-vous qu’en 1840 un cambriolage y fut commis. Rien d’extraordinaire à cela me direz-vous, les cambriolages étaient déjà fréquents à cette époque et le procès verbal de la constatation des faits a été retrouvé dans les archives de la Mairie.
C’est en retrouvant ce procès verbal que la secrétaire de Mairie, un siècle plus tard a établi le rapprochement entre ces faits et ce que l’on retrouve dans Les Misérables, l’œuvre maîtresse de Victor Hugo.
Donc, tout naturellement, on est amené à penser que Victor Hugo a pu être mis à au courant de ce fait divers de notre commune et s’en être servi pour le transposer à sa manière et en faire l’intrigue du début de son roman.
Dans les Misérables, il est dit que le vol portait sur des couverts, des chandeliers et des sommes importantes pour l’époque, or c’est précisément ce qui fut volé si l’on se rapporte au procès verbal de la constatation fait par le Maire.
"L’an mil huit cent quarante le samedi 15 février, à six heures du soir
Devant nous Nicolas Jean Gibot Maire de la Commune de Faverolles
est comparu Mr Alexandre Henri Perdreau Curé desservant de
cette Commune, lequel nous a déclaré que le soir à la même heure, rentrant
chez lui à son retour de Nogent, il a trouvé un carreau cassé à la
1ère croisée qui donne dans sa cour.
D’après sa déclaration, nous nous sommes rendu au Presbytère,
accompagné de notre adjoint, …
… Mr Perdreau nous a déclaré qu’on lui avait soustrait
1° douze cuillers en argent et neuf fourchettes marquées des lettres
A-P, 2° une montre ancienne à boîte d’argent à …
…
3° quatre cent vingt francs en or ; 4° environ trois cents francs
argent dans différents tiroirs du secrétaire ; 5° deux chandeliers
en cuivre argenté ; …
Les douze cuillères et neuf fourchettes en argent marquées des initiales A.P. ont été découvertes dans les bois du Thuilay, commune de Faverolles, le trente un janvier mil huit cent quatre vingt et ont été remises aux héritiers de Mr Perdreau le 7 Mars 1896 par acte du notaire Henri Marie Dupont à Dreux."
A Faverolles, les couverts furent retrouvés enterrés dans les bois. Dans Les Misérables, M. Madeleine a enterré son trésor dans les bois.
Puis, dans les comptes rendus de procès verbal, on trouve également ici des vols de pain comme cela est relaté dans le roman. Tout cela est assez troublant et donne à penser que les relations de l’Abbé Venard avec l’écrivain étaient assez étroites, à chacun de se faire une opinion.
Ajoutons qu’à l’époque, un habitant d’ici a été envoyé au bagne et qu’il y est mort mais nous ignorons le motif de sa condamnation. Par ailleurs, le véritable voleur a été retrouvé et a été lui aussi condamné aux travaux forcés mais n’y est pas parvenu, décédant sur le bateau qui l’y emmenait.
Le presbytère devenu bien de la commune après la séparation de l’Eglise et de l’Etat fut vendu a un policier à la retraite qui lui-même le revendit à l’écrivain François Nourissier lequel s’en sépara en le cédant à un autre écrivain Julien Green.
François Boulerand,
maire de Faverolles de 1978 à 1995,
(avec la coopération de Jacques Hersant).
"… - Monseigneur… dit-il.
A ce mot, Jean Valjean, qui était morne et semblait abattu, releva la tête d’un air stupéfait.
- Monseigneur! murmura-t-il. Ce n’est donc pas le curé…
- Silence! dit un gendarme. C’est monseigneur l’évêque.
Cependant monseigneur Bienvenu s’était approché aussi vivement que son grand âge le lui permettait.
- Ah! vous voilà! s’écria-t-il en regardant Jean Valjean. Je suis aise de vous voir. Eh bien mais ! je vous avais donné les chandeliers aussi, qui sont en argent comme le reste et dont vous pourrez bien avoir deux cents francs. Pourquoi ne les avez-vous pas emportés avec vos couverts ?
L’évêque donne les deux chandeliers à Jean Valjean."
A lire ci-dessous sur le site de la mairie :
Sur les Traces de Jean Valjean - Site Officiel de la commune de Faverolles 28210
De nombreux lieux de la commune de Faverolles nous ramènes sur les Traces de Jean Valjean. Voici un article réalisé en 2010 illustrant cela. (Tous nos remerciements à Mr François Boulerand et ...