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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Dans les archives de Match - Kennedy, le chirurgien de Parkland accuse....

A l'occasion de la sortie en salles de «Parkland», retrouvez le grand article consacré au docteur Crenshaw. C’est lui qui, le premier, a vu le corps du président assassiné le 22 novembre 1963. Nous l'avions rencontré en 1992.

C'est en voyant ce document que Charles Crenshaw a crié à l'imposture : « Quelqu'un a modifié les blessures du président entre Dallas et Washington !» affirme-t-il après la publication des photos d'autopsie de J.R Kennedy qui figuraient au dossier Warren. Interne en chirurgie à l'hôpital de Dallas en 1963, Crenshaw faisait partie des dix médecins qui ont vainement tenté de ranimer le patient n 24 740. Vingt-huit ans plus tard, devenu professeur à la faculté de Southwestern, chef de service à l'hôpital John Peter Smith, le mandarin n'a plus peur de parler. «Après avoir soigné à Parkland des dizaines de blessés par balles, il ne faisait aucun doute pour moi, dit-il, que les deux blessures à la tête du président étaient le résultat de deux projectiles tirés de face.» Cette thèse dément la théorie officielle du tireur isolé qui aurait atteint le président à l'arrière du crâne depuis une fenêtre du sixième étage.

Retour au Dealey Plaza. De jour comme de nuit, chacun vient y revivre le drame à sa manière. Ce soir d'août 1990, c'est un homme révolté qui immobilise sa voiture sur Elm Street pour faire sa propre reconstitution. Pendant des années, Charles Crenshaw, éminent chirurgien de Dallas, est passé des centaines de fois devant le dépôt de livres scolaires sans jamais s'arrêter, refusant obstinément de marcher à l'endroit de l'assassinat. Mais, ce jour-là, six photos noir et blanc qu'il vient de voir pour la première fois ont suffi à ranimer sa colère et ce dilemme qu'il porte en lui depuis vingt-sept ans. Elles proviennent de l'hôpital naval de Bethesda. Un ami les a obtenues secrètement. Ce sont les photos officielles de l'autopsie du président Kennedy pratiquées à Washington en 1963. « Un mensonge historique flagrant», estime d'emblée le chirurgien. C'est le genre d'étincelle qu'il attendait pour se libérer de son secret. Charles Crenshaw s'est juré de briser cette autre conspiration qui plane sur l'affaire Kennedy: le silence du corps médical. «Quelqu'un a modifié les blessures du président entre Dallas et Bethesda, dit-il en désignant du doigt la palissade en bois du Dealey Plaza d'où seraient partis les coups de feu des conspirateurs. D'après ce que j'ai observé à l'hôpital de Dallas, Kennedy a été touché deux fois de face. II faut en finir avec cette conspiration du silence. »

Un homme en colère

Charles Crenshaw est un homme en colère. Son nom, cité par cinq témoins différents, apparaît neuf fois dans le volume VI du rapport Warren. Pourtant, les sages de la commission n'ont jamais cherché à l'entendre. Que leur aurait-il dit ? Que ce 22 novembre 1963, peu après 12 h 30, Charles Crenshaw, jeune interne en chirurgie de garde à l'hôpital Parkland de Dallas, était là quand le président ensanglanté, allongé sur un brancard, a franchi la porte des urgences. II était parmi les dix médecins, réanimateurs, cardiologues, chirurgiens qui, pendant vingt minutes, ont désespérément tenté de sauver Kennedy. Le président des Etats-Unis est mort sous ses yeux. Plusieurs fois, en plein colloque médical ou au milieu d'un banquet de Dallas, il a voulu se saisir du micro pour crier sa vérité. Plusieurs fois il a failli prendre le téléphone et appeler une station de télévision pour démentir l'histoire officielle. Mais, à l'ultime instant, il a toujours reculé. Au lendemain de l'assassinat, le Dr Baxter, légendaire chirurgien-chef de Parkland, s'est bien fait comprendre devant ses internes : « Quiconque parmi vous se fera un dollar sur la mort du président verra sa carrière médicale ruinée à jamais. » Terrorisés par l'acte de foi du «pacha», les jeunes médecins de Dallas se sont murés dans un silence absolu. Ils n'ont jamais oublié non plus ces « hommes en gris », agents du Secret Service ou policiers en civil, qui déambulaient dans les couloirs de l'hôpital, l'arme au poing, menaçant les médecins sur leur passage. Ni ces morts «suspectes», une vingtaine au total.

Tous des témoins proches de l'affaire qui continue de hanter Dallas. Aujourd'hui, qui pourrait intimider ce mandarin de 59 ans, professeur à la faculté de Southwestern, chef du service chirurgie de l'hôpital John Peter Smith de Fort Worth ? Charles Crenshaw, notable à la réputation impeccable, préside de multiples associations de recherche scientifique. « Ma carrière médicale est derrière moi, dit-il. Je n'ai plus peur ni des "hommes en gris" ni des "hommes en blanc".» En 1963, il n'était qu'un jeune interne bourré d'ambition et d'illusions sur son pays. En quelques minutes, tout s'est précipité. Le 22 novembre 1963, le Dr Crenshaw est tout surpris d'entendre son nom dans les haut-parleurs de Parkland. «Docteur Crenshaw, le président a été abattu ! hurle la standardiste de l'hôpital, paniquée. II arrive ! » D'abord paralysé par la nouvelle, le chirurgien se précipite dans le couloir et dévale les deux étages en direction de la salle des urgences, battant le rappel des médecins sur son passage. Quelques instants plus tard, John Fitzgerald Kennedy est poussé sur un brancard, au milieu d'un tourbillon de gardes du corps, à l'intérieur de la salle des urgences n°1. Patient n°24740. Dans ce chaos total, Crenshaw regarde autour de lui et constate qu'à cet instant il est le seul chirurgien présent. Lyndon B. Johnson a trouvé refuge dans une salle de garde attenante. Craignant un complot visant à éliminer tout le gouvernement américain, les agents du Secret Service l'ont caché derrière un rideau.

Paris Match. Qu'avez-vous vu en entrant dans la salle des urgences de Parkland ?

Dr Charles Crenshaw. Je me suis d'abord trouvé face à Jacqueline Kennedy. Si elle ne s'était pas tenue debout, j'aurais juré qu'elle avait été blessée, elle aussi. Ses mains et ses vêtements étaient couverts de sang et de tissus cérébraux. Puis j'ai été frappé par la taille imposante du président. Ses pieds dépassaient du brancard. Je me tenais au niveau de sa taille au moment du premier examen. Son visage était intact. Ses yeux étaient ouverts et divergents.

A son arrivée à Parkland, le président donnait-il encore des signes de vie ?

On percevait à peine son pouls. II respirait par intermittence et très faiblement. Sa tension artérielle était nulle.

Quelle a été votre première impression en observant ses blessures ?

J'ai remarqué immédiatement que tout l'hémisphère droit du cerveau manquait. En voyant cette blessure sur la droite de la tête, on pouvait affirmer avec certitude que la balle avait pénétré le crâne du président au niveau de la tempe droite d'une façon presque tangentielle, endommageant sur son passage l'os pariétal et l'occipital avant de ressortir à l'arrière du crâne, où l'on relevait une plaie béante. J'ai également noté, sous la pomme d'Adam, une seconde blessure. Un autre impact de balle du diamètre d'un stylo. Après avoir soigné à Parkland des dizaines de blessés par balles, il ne faisait aucun doute pour moi que les deux blessures à la tête du président étaient le résultat de deux projectiles tirés de face.

P.M. Si l'attentat survenait aujourd'hui, la médecine moderne pourrait-elle le sauver ?

Absolument pas. John Fitzgerald Kennedy est arrivé à Parkland dans un état désespéré. Nos multiples techniques de réanimation se sont avérées inutiles. Après vingt minutes, le président avait les yeux fixes et les pupilles dilatées. Nous avons abandonné. Cet échec a miné toute notre vie. Quand j'ai aperçu, dans la poubelle, sous la table d'opération, le bouquet de roses rouges de Jackie Kennedy mêlé au sang de son mari, des larmes ont envahi mes yeux. Je respirais fort. Je ne me souviens plus qui a fermé les yeux du président. II était 12 h 52 quand j'ai regardé ma montre.

Quand avez-vous vu le président Kennedy pour la dernière fois ?

Après avoir enveloppé son corps dans deux draps, avec l'aide d'un médecin et de deux infirmières, nous l'avons déposé dans un cercueil de bronze qui a été scellé. Avant d'ordonner de bouger le corps, j'ai inspecté une dernière fois ses blessures à la tête. Je fus le dernier médecin de Parkland à les voir.

Pourquoi, en violation flagrante de la loi du Texas, l'autopsie du président n'a-t-elle pas eu lieu à Dallas ?

Le ton a rapidement monté entre les médecins et les agents du Secret Service, survoltés. Sans aucune discussion, l'arme à la main, ils ont encerclé le cercueil sur lequel Jacqueline Kennedy avait posé sa main gauche. Visiblement, ils avaient reçu des ordres précis. Depuis l'aéroport, Johnson avait fait savoir qu'il ne quitterait pas Dallas sans le corps du président. Dans le hall, le médecin légiste de l'hôpital a tenté de s'interposer: "II y a eu homicide, l'autopsie doit avoir lieu ici." Alors, un agent du Secret Service a braqué son arme sur lui en le menaçant: "Nous prenons le corps maintenant!" Et ils sont partis pour l'aéroport. » Deux heures plus tard, dans le ciel des Etats-Unis, le nouveau président, qui vient de prêter serment à bord d'«Air Force I », reçoit la nouvelle selon laquelle l'assassinat est l'acte d'un tueur isolé et qu'aucune conspiration n'existe. L'information n'émane pas de Dallas, mais de l'état-major de crise, au sous-sol de la Maison-Blanche. Ce soir-là, Charles Crenshaw, ivre de fatigue, se couchera vers 2 heures. Avant de s'endormir, il aperçoit pour la première fois à la télévision le visage de Lee Harvey Oswald, qui aurait abattu Kennedy par-derrière, depuis une fenêtre du sixième étage. « C'est impossible », se dit-il. II n'en croit pas ses yeux.

Pourquoi n'avoir rien dit dès le premier jour ? Pourquoi avoir gardé votre secret vingt-neuf ans ?

Par peur et par naïveté. Je pensais, naïvement, que notre gouvernement ferait tout pour connaître la vérité. Tous les médecins de Parkland, ce jour-là, ont pensé que Kennedy avait été touché de face, puis ils ont changé d'avis. J'ai compris plus tard qu'il y avait quelque chose de "pourri" dans cette Amérique de 1963.

De quoi avez-vous eu peur ?

Mon ambition professionnelle était dévorante. En témoignant à contre-courant, lançant ma bombe devant la commission Warren, je serais devenu un paria de la médecine. J'aurais perdu mon emploi.

Quelle a été votre réaction en voyant pour la première fois les photos officielles de l'autopsie ?

Je n'arrivais pas à croire que c'était le même homme que j'avais déposé dans son cercueil à l'hôpital de Dallas. Bien évidemment, c'était le corps de Kennedy, mais quelque chose s'était passé entre Parkland et Bethesda. De gros efforts avaient été faits pour reconstituer la partie arrière du crâne du président, tandis que sa blessure à la gorge avait été grossièrement élargie.

Vous voulez dire qu'au moment de la photo officielle quelqu'un a replié le cuir chevelu du président sur sa blessure ?

C'est le seul scénario possible. A Dallas, j'ai vu à l'arrière de la tête une plaie béante sanguinolente, un trou de neuf à dix centimètres de large sur la droite. Sur la photo de Bethesda, une minuscule plaie a été créée sur le crâne avec un scalpel pour faire croire à l'impact d'une balle imaginaire tirée de l'arrière.

Selon vous, l'autopsie officielle du président, à Bethesda, a donc dissimulé la vérité ?

Oui. L'autopsie officielle est une supercherie. II y a plus troublant encore. Deux témoins ont juré que le corps du président était arrivé à l'hôpital naval de Bethesda enveloppé dans un sac en plastique de l'armée et dans un cercueil en bois ordinaire. Or il a quitté Dallas dans un cercueil de bronze, enveloppé dans des draps...

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