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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

La critique - "Mon roi": Le "je nous" cassé...

Tomber amoureuse d’un noctambule au charme solaire peut nuire à la santé. Il faut dire que ce genre d’homme idéal rime mal avec le conjugal… Avec "Mon Roi", Maïwenn confirme sa place à part dans le cinéma français.

L’aventure d’un couple s’apparente parfois à de l’alpinisme hasardeux. Tout commence par quelques mots qui s’entrechoquent et provoquent une étincelle, un coup de foudre qui allume le désir. Puis l’archaïque souffle de la passion sexuelle attise les corps et les âmes qui finissent par fusionner au point de vouloir prolonger ce paradis intime en se reproduisant. Défiant les lois de la pesanteur, les amants poursuivent leur ascension vers le sommet d’un amour idéal, au-delà des nuages roses. Mais quand, minée par les coups de piolet faits au contrat de mariage et par les glissements de terrains d’entente, la femme se rend compte qu’elle n’est plus encordée à l’homme (Vincent Cassel) qu’elle aime. Alors commence la dégringolade infernale. L’autre n’est plus qu’une roche glissante et coupante sur laquelle, au lieu de s’appuyer, on s’écorche le cœur à vif. Pour Tony (Emmanuelle Bercot), ce schuss se terminera sur une piste de ski, par un genou en vrac. Un « je nous » brisé, comme le souligne avec malice une thérapeute sans doute lacanienne. Un acte manqué pour une histoire d’amour ratée.

Après la rigolade, la dégringolade

Si ce titre n’avait pas été déjà pris par Mark Robson en 1956, Maïwenn aurait pu intituler son film « Plus dure sera la chute ». Et pour hisser au plus haut niveau cette dégringolade affective, il fallait toute la forte personnalité cinématographique de cette actrice-cinéaste à la singularité précieuse. Puissante directrice d’acteurs, elle a offert sur son plateau, un de ses plus beaux rôles à Vincent Cassel, fascinant en égoïste hâbleur en mâle d’amour. Admirable, Emmanuelle Bercot surdose avec justesse son personnage de femme « normale » aux prises et éprise d’un drôle d’oiseau de nuits chaudes, d’un mari marrant, mais plus volage qu’une tribu de bonobos. A signaler aussi, la belle prestation de Louis Garrel, très drôle et juste dans son rôle de frère un « dandynet » dilettante. Energique jusqu’à l’hystérie, dialogué avec brio, cette comédie dramatique écrite avec une profondeur charnelle donne un bon coup de fouet au cinéma français. Et ce n’est que justice que « Mon roi » ait été couronné à Cannes grâce à Emmanuelle Bercot, la reine de ce Festival .

Sur Netflix.

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