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4 Août 2022
Ils étaient adolescents à leur arrivée. Élèves au lycée de la base militaire de Crucey et habitants de la cité américaine, ils se rappellent…
Les témoignages ne sont pas toujours précis. Ceux qui les partagent n'avaient pas plus de 17 ans lorsqu'ils ont débarqué à Dreux. Tous étaient des "Brats", mot d'argot américain pour désigner les enfants de militaires. Leurs parents, leurs pères pour l'immense majorité, étaient basés à Crucey ou à Évreux, parfois ailleurs en Europe.
Ils étaient élèves du lycée de la base et habitaient, pour certains, en haut de la rue de Billy, dans la cité américaine. Ceux-là, s'ils n'en connaissent pas le nom, se souviennent tous de la voie en pente. « Le centre-ville de Dreux se trouvait en bas de "Billy goat hill" mais je ne sais pas si c'est le nom officiel ! », se remémore Anne Cazares, américaine arrivée à Dreux à 15 ans en 1959.
Ce n'est pas le nom officiel mais ce n'est pas loin. Le surnom n'est en fait pas anodin.
Billy goat hill est une colline dans un park de San Francisco. Lieu prisé des touristes, il offre une vue imprenable sur la baie. Les jeunes Américains ont, sans doute, rebaptisé la rue de Billy ainsi en raison de son inclinaison et peut-être de la présence toute proche du point de vue du boulevard des Maillotières. Avec le temps, la référence s'est effacée des mémoires. « Je me souviens qu'il y avait des grottes dans lesquelles des gens vivaient », ajoute Anne.
Des anciens élèves ont créé un site Internet (www.dreuxalumni.org) pour se retrouver et évoquer leurs souvenirs. Dans un article publié sur le site, Charles Bentley évoque, lui aussi, les lieux : « Je me rappelle de Billy Goat Hill, une pente à 45° que nous descendions sur des cartons. Nous glissions sur des couvercles de poubelles quand il neigeait. Miraculeusement, aucun de nous ne s'est tué ».
Il est arrivé à Dreux en provenance de Géorgie, USA, en 1963 avec sa famille. « Un autre de mes souvenirs de Billy goat hill concerne le cimetière. J'étais jeune, je n'aurais pas dû le faire mais j'ai pris le casque d'un soldat de la première guerre mondiale sur une tombe. Il est toujours chez ma mère, je pense le rapporter un jour. »
Les Américains ne restaient pas que sur la colline. « Nous nous rendions très souvent en ville, nous allions aussi parfois à la messe à la Chapelle Royale », se remémore Anne. « Comme le lycée de la base n'était pas encore construit, j'ai été scolarisée au lycée américain de Paris. Je revenais à Dreux tous les week-ends. »
L'établissement scolaire de la base de Crucey a finalement ouvert en 1961. « J'ai donc changé d'école pour y passer ma dernière année de lycée. »
Le "Dreux américain high school" accueillait 300 lycéens par ans et autant d'écoliers et collégiens. Certains, dont les parents n'étaient pas basés à Dreux, étaient en internat.
Si « la vie sur la base n'était pas particulièrement intéressante », selon Anne, l'établissement scolaire était complètement calqué sur le modèle américain. Équipes de sport, bal de promo et "Year book" (album de fin d'année), etc. : la jeunesse américaine a été immortalisée dans une série de photos, retrouvée par un résident français de la cité américaine, Michel Guilmain.
L'un des clichés aurait pu être pris au bord d'un terrain américain. On y voit, devant une foule de supporters, des joueurs de football américains et des chearleaders (pompom girls) avec le D de Dreux sur le sweat-shirt.
« Je faisais du sport à Dreux High School. J'étais bon en cross-country et en lutte. Cela signifiait que je passais des week-ends à Dreux ou ailleurs en Europe pour les compétitions. »
Les Américains ont quitté Dreux à contre cœur. « L'un des jours les plus tristes de ma vie a été le jour où mon père nous a annoncé que l'on rentrait aux États-Unis. […] Merci Dreux, merci Évreux, merci la France ! ».
Histoire - Les Américains de la base militaire de Dreux racontent leurs souvenirs
Les témoignages ne sont pas toujours précis. Ceux qui les partagent n'avaient pas plus de 17 ans lorsqu'ils ont débarqué à Dreux. Tous étaient des "Brats", mot d'argot américain pour désign...
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