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26 Juin 2022
N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.
Simone de Beauvoir.
Du début du XXe siècle à aujourd’hui, le droit à l’IVG a toujours occupé une grande place dans l’émancipation des femmes. Pratiqué secrètement, interdit, voire passible de peine de mort, il est autorisé depuis la loi Veil promulguée le 17 janvier 1975. Aujourd’hui encore, c’est un droit à défendre en France et partout dans le monde.
A Paris, le 20 novembre 1971, première manifestation de 5000 à 10000 personnes pour dénoncer l'hécatombe des avortements clandestins et réclamer le droit à l'avortement et à la contraception. (Catherine Deudon/Roger-Viollet)
En 1920, voyez comment ce journal présente la plus belle femme de France ! Le 31 juillet 1920, l’Assemblée nationale vote une loi qui interdit l’avortement et toute propagande anticonceptionnelle. Il faut repeupler la France après l’hécatombe de la Première Guerre mondiale. Cette politique nataliste s’amplifie jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sous le régime de Vichy, la dénatalité est même jugée responsable de la défaite de juin 1940. En février 1942, une loi fait de l’avortement «un crime contre la société, l’Etat et la race» pouvant conduire à la peine de mort. (Roger-Viollet)
Ce genre de produits contraceptifs étaient importés clandestinement d’Angleterre jusqu’à ce que la direction du Mouvement français pour le planning familial organise l’importation et la vente de produits anticonceptionnels. Les vendre restait illégal. (Science & Society Picture Library/SSPL via Getty Images)
Catherine Valabregue est une des cofondatrices du planning familial avec Evelyne Sullerot et Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé. Entre 1961 et 1967, les premiers centres, lieux d’accueil et d’information, sont clandestinement ouverts. On pouvait s’y procurer des diaphragmes, des gels spermicides, ainsi que les premières pilules contraceptives importées des Etats -Unis. Le succès est tel qu’en 1965, le mouvement comporte 100 000 adhérents. 450 médecins prescrivent alors des contraceptifs illégalement. Jusqu’à ce qu’en 1967, la loi Neuwirth autorise la fabrication et la délivrance de contraceptifs sur ordonnance. (Janine Niepce/Roger-Viollet)
Le 5 avril 1971, 343 femmes, de Catherine Deneuve à Violette Leduc déclarent en couverture du «Nouvel Obs», avoir avorté. C’est le «manifeste des 343». Un an plus tard, un sondage Ifop-France Soir assure que 60% des Français souhaitent autoriser l’avortement aux «cas sociaux» et en cas de viols et de risques d’enfants anormaux.
Première grande manifestation féministe depuis 1936, la Marche internationale des femmes en 1971 bouscule le patriarcat. Les femmes se mobilisent pour la défense de leurs droits et pour «la liberté de disposer de son corps». Elles militent pour une loi qui autorise l’IVG et sa dépénalisation. (Catherine Deudon/Roger-Viollet)
En 1972, se déroule le fameux «procès de Bobigny» : cinq femmes y sont jugées pour avoir aidé à avorter une jeune fille, Marie-Claire, dénoncée à la police par son ex-petit ami, qui l’avait violée. De cette histoire qui troubla la France entière, l’avocate Gisèle Halimi sut faire un procès politique, un débat de société. (-/AFP)
Le 26 novembre 1974, Simone Veil monte à la tribune de l’Assemblée. Devant 9 députées pour 481 élus de sexe masculin, la ministre s’exprime d’une voix calme, un peu tendue : «Nous ne pouvons fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui chaque année mutilent les femmes dans ce pays, bafouent nos lois et humilient ou traumatisent celles qui y ont recours.» La séance va être rude. Deux députés de droite diffusent dans l’hémicycle les battements d’un cœur de fœtus. Jacques Médecin parle de «barbarie organisée et couverte par la loi comme elle le fut par les nazis»… N’empêche, la loi est votée par 284 voix contre 189. Promulguée le 17 janvier 1975, la loi Veil autorise l’IVG pour cinq ans. Elle sera rendue définitive par la loi du 31 décembre 1979. (-/AFP)
En 1982, sous l’impulsion de la ministre déléguée aux Droits de la femme, Yvette Roudy, l’avortement est remboursé par la Sécurité sociale. (Georges Bendrihem/AFP)
En 1993, un délit d’entrave à l’avortement est créé, avec, dans le viseur, les «commandos» qui viennent perturber les établissements pratiquant l’IVG ou menacer les personnels. Ce délit d’entrave a été étendu en 2017 aux publications numériques. (FRED DUFOUR/AFP)
Le droit à avorter reste encore à défendre aujourd’hui en France. Les récents débats parlementaires l’ont prouvé. Mi-février, les députés devaient étudier en deuxième lecture une proposition de loi visant à allonger le délai de recours à l’IVG, le faisant passer de douze à quatorze semaines, et à supprimer la double clause de conscience dont disposent les médecins pour refuser de pratiquer un avortement. Le dépôt de quelque 400 amendements hostiles a empêché son vote. (Lea MANDANA)
Le droit à l'avortement en plusieurs dates et images symboliques
Du début du XXe siècle à aujourd'hui, le droit à l'IVG a toujours occupé une grande place dans l'émancipation des femmes. Pratiqué secrètement, interdit, voire passible de peine de mort, il...
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