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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Ce soir sur Arte... Le patient anglais d'Anthony Minghella...

Comment s'appelle ce petit creux à la base du cou d'une femme ???

Ce n'est guère un film récent (1996)...

Mais c'est l'histoire d'une passion.

Totale.

Envahissante.

Condamnée d'avance.

Et, respectable comme telle.

Une passion...

Entre le comte hongrois Laslo de Almasy et la trop mariée et si anglaise Katharine Clifton.

Une passion...

Entre les tempêtes de sable du désert d'Egypte, les grouillements des marchés du Caire, et la superbe campagne toscane...

Quoi de plus romantique qu'un monastère quasi en ruines (Sant'Anna Camprena) pour filmer ces destins ?

Qui n'en finissent plus de se croiser et de s'entrecroiser...

Sur fond de conflit de Seconde Guerre Mondiale, d'espionnage, de tortures allemandes,  de Club International du Sable, et, de vols de cartographies britanniques du désert.

La visite des fresques de Piero della Francesca, dans l'église San Francesco d'Arezzo, avec une Juliette Binoche qui s'élève dans les airs, armée d'un simple feu de bengale, grâce à une corde tenue par Kip, est un des plus grands moments d'émotion du film.

Quand s'inscrit le mot "Fin"..

Reste juste l'envie impétueuse de se ruer sur le livre de Michael Ondaatje.

Et oui, le cinéma, s'il est grand, peut aussi conduire à la lecture.

La preuve...

C'est que le livre de Michael Ondaatje, qui s'appelait initialement "L'homme Flambé" (Booker Prize 1992)...

Est désormais édité en poche chez Points sous le nom de "Le patient anglais".

 

Liliane Langellier

 

 

En ouverture étincelante du Patient anglais d'Anthony Minghella, un biplan survole le tapis soyeux du Sahara et se fait brutalement dézinguer au canon. Des Bédouins providentiels extirpent de la carcasse cramée le corps d'un homme en sale état, qu'ils soignent aux onguents millénaires. On le retrouve, plus tard, momie au visage raboté par le feu, les poumons à demi crevés et la mémoire en morceaux.

Le film, à la suite du roman de Michael Ondaatje, se presse au chevet de ce moribond et s'installe avec une infirmière, Hana, pour une villégiature dans une belle villa abandonnée au-dessus de Florence. Historiquement, nous sommes en 1945, la guerre s'achève. Enfermés tous les deux dans ce fortin haut de gamme, ils seront bientôt rejoints par un certain Caravaggio, voleur aux pouces coupés, puis par une petite troupe de démineurs menés par Kip, jeune sikh enturbanné dont Hana tombera amoureuse. Cette communauté cosmopolite, apparemment amicale, semble vouloir clore la parenthèse traumatique du conflit. Sauf qu'il faut solder l'énigme du grand brûlé "mysterioso".

Dans la mouvance passéiste d'un David Lean et autre James Ivory, le Patient anglais ne devrait pas bouleverser l'horizon du cinéma contemporain. Ce n'est d'ailleurs pas son ambition, et son charme indéniable provient probablement de cette modestie fondamentale. La structure relativement complexe du récit, qui superpose plusieurs intrigues éparses, est très habilement élaborée au gré d'une mise en scène à la sobriété insolite. Ainsi telle scène reconstituée, qui d'habitude, dans ce genre de fresque, provoque des frénésies de Louma fonçant sur des milliards de figurants hébétés, passe ici en un plan carrément brusque.

En outre, Minghella alterne non sans brio l'intimisme du huis clos toscan et l'ampleur lyrique des flash-backs au Sahara. Le cake, ainsi livré en vrac, contre tout attente, tient le choc de ce long (2 h 40 !) thé anglo-américain.

C'est au Caire et dans les sables désertiques implacables, évoquant les sortilèges de Bowles, que lentement se lève la tempête supérieure du film, une histoire d'amour adultère, dont on ne mesurera l'impact tragique qu'à la toute fin. Il fallait bien sûr un casting chromé pour que l'envoûtement glamour agisse. Le couple transi traversant l'erg du Tendre, c'est Ralph Fiennes et Kristin Scott-Thomas, soit l'association d'un play-boy magnétique et d'une star évidente, qui constituent ce que l'on a vu de plus séduisant au cinéma depuis longtemps. Auprès d'eux, dans des rôles a priori plus ingrats, Juliette Binoche (en infirmière idéale), Willem Dafoe (Caravaggio, le remord vivant) et Naveen Andrews (Kip) offrent le contrechamp humain du Patient. Le plaisir pris au film dépend beaucoup de l'excellence de leur jeu. Le nappage symphonique (Gabriel Yared) achève de planter la romance dans nos coeurs d'artichaut. Qui, à l'orée euphorique du printemps, n'en demandent pas plus !.

 

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