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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Sur France 2 ce soir : Algérie , l’histoire d’une guerre rendue inévitable...

Télévision En cette année marquée par le 60e anniversaire de l’indépendance algérienne, France 2 diffuse une série documentaire inédite sur l’un des conflits coloniaux les plus sanglants du XXe siècle.

 

L e 14 juin 1830, 37 000 soldats français débarquent à Sidi-Ferruch. La conquête du pays va durer dix-sept ans. En choisissant de commencer son récit aux origines de la colonisation française en Algérie, ce documentaire en cinq épisodes signé de Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora rappelle qu’elle est, dès ses premiers instants, une histoire écrite en lettres de sang. Mais également une histoire émaillée de rendez-vous manqués.

Car cette histoire au long cours, estiment les auteurs, est marquée par des tentatives ratées. Ainsi, durant son règne, Napoléon III défend, sans jamais être entendu, l’idée d’un « royaume arabe associé à la France ». La IIIe République décide de transformer l’Algérie en colonie de peuplement. Quand les premières migrations européennes débutent, les terres sont spoliées. Les Algériens, traités en indigènes, voient leurs droits étouffés. Pourtant, la majorité veut croire à l'idéal républicain et ses promesses d'égalité. Au lendemain de 1918, malgré la participation des soldats algériens à l'effort de guerre, rien ne change. A l'arrivée du Front populaire, l'espoir renaît. Maurice Viollette, ancien gouverneur d'Alger et ministre du gouvernement Blum, formule des propositions allant dans le sens de l'assimilation. Bien que timoré, ce projet suscite de l'espoir. Sous la pression du parti des gros colons, il ne sera jamais présenté au Parlement. Nouveau rendez-vous manqué. Quand, en 1943, de Gaulle balaie de sa main galonnée le Manifeste du peuple algérien, les rêves d'assimilation s'effondrent. L'étouffement du statut libéral de l'Algérie, voté en 1947 par l'Assemblée du pays, enterre à jamais l'espérance d'égalité avec les Français.

 

Le large spectre des mémoires

 

« La guerre était inévitable. On ne pouvait pas vivre avec un million de personnes possédant tous les pouvoirs et 9 millions reléguées au second plan. », précise un témoin de l'époque. Face aux échecs du réformisme, la jeunesse indépendantiste veut passer à l'insurrection. D'anciens partisans de Messali Hadj, père du nationalisme algérien, fondent, en 1947, l'Organisation spéciale. Et déclenchent, le 1er novembre 1954, une série d'attentats qui signent le début d'une guerre rendue inévitable par le mépris des colons.

Cette série propose un panorama historique abondamment illustré, ainsi qu'un portrait nuancé de ces évènements. Aucun forfait n'est tu. Les exactions commises par l'armée française (tortures, assassinats...) y sont décrites avec une chirurgicale précision, de même que celles perpétrées par le FLN contre des populations civiles. Le large spectre des mémoires qui s'y rencontrent esquisse un tableau complet d'une période complexe. Le tout y est narré avec force par un Benoît Magimel habité.

 

Emile Lauthier

Dans L'Humanité du 14 mars 2022.

 

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