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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Nogent-le-Roi. Le château a failli brûler pendant la vente. Février 1978.

Jeudi 9 févier 1978.

Le château a failli brûler pendant la vente !

Un piano Louis XV est monté jusqu'à 18.000 F.

Le château de Nogent-le-Roi est à vendre. Le conseil municipal a donné le feu vert pour que la commune s'en porte acquéreur. Mais avant, il faut se débarrasser de tout le mobilier qui s'y trouve. Me Martin, huissier à Nogent, en a procédé hier à la vente, dans une salle du château que tout un chacun pouvait, à cette occasion, visiter, et ainsi s'en faire une idée. On n'a pas manqué non plus de commenter la décision des élus qui n'ont fait que suivre la majorité des Nogentais favorables à l'acquisition.

Hier, dès le début de matinée, les voitures encombraient la petite allée en pente raide qui mène à la demeure convoité datant du début du siècle dernier. 

La porte s'ouvre largement sur un vestibule, déjà encombré de malles et de cadres qui feront le bonheur de leur acquéreur. La vente a commencé tôt. Dans une salle voisine, M. Langlois, le crieur, annonce la couleur depuis une estrade improvisée quasiment envahie. Le ton est élevé, la voix domine le brouhaha au-dessus des têtes qui sont là une bonne quarantaine. Des antiquaires et brocanteurs à l'affût de la bonne affaire, des curieux aussi, et bien sûr des particuliers pour lesquels le meuble ancien est leur dada.

Il semblerait que ces derniers n'eussent pas fait affaire, la plupart des pièces intéressantes étant revenues aux professionnels en la matière, les antiquaires. Ainsi, un piano Louis XV est parti pour 18.000 francs (le plus gros chiffre de la journée semble-t-il) ; un billard n'a atteint que les 6.000 francs ; l'enfilade Louis XV a été laissée pour 7.000 F ; une chambre régence pour 2000 francs. Les bronzes, quant à eux, auraient bien monté. La vaisselle n'était pas extraordinaire. Les objets aussi bizarres qu'hétéroclites auront fait l'affaire des fouineurs, tout comme quelques vieux clous qui reviennent au goût du jour.  Telle cette machine à écrire d'un certain âge, volumineuse, 'une bonne dizaine de kilos, mise en vente à 20 francs, qui a trouvé preneur à 90, après que quelques-uns aient dit leur mot, histoire de faire monter, et que le crieur ait suscité quelque intérêt. L'ambiance y était.

Quelques meubles dans les salles du rez-de-chaussée, un billard au tapis protégé de sa housse attendaient.

Pendant ce temps, après avoir fait le tour des salles du rez-de-chaussée, le visiteur délaissant tous ces gens affairés, montait à l'étage où il a pu s'étonner de cette salle de bain avec ses tuyauteries envahissantes, compliquées et enchevêtrées. C'était ce qu'on faisait de mieux à l'époque. Dans les chambres, aucune surprise, si ce n'est celle de l'état d'abandon intérieur : poussière, toiles d'araignée. Le temps avait fait son oeuvre. Et puis un dédale de coins et recoins (et de petits coins) avant de reprendre l'escalier jusqu'au 2e, mansardé en partie, dont les plafonds tombent l'humidité et les gouttières aidant. "Ce n'est pas la peine de monter au grenier, il n'y a rien", lance un fouineur de bonne foi.

En somme, pas de découvertes extraordinaires : un château qui a manqué ces derniers temps d'entretien, qu'il faudra remettre en état. Et dont l'acquisition est un peu discutée, comme en font état quelques paroles entendues dans les couloirs : "Il ne ressemblera plus à rien ce château, ainsi vidé de tout ; on le tue" (d'un monsieur d'un certain âge digne). "On aurait dû vendre le château et ne garder que le parc..." (d'un Nogentais). Un parc agréable, il est vrai, qui domine en partie l'agglomération mais qui lui aussi a souffert de l'absence du jardinier. Mais attendons. La nouvelle histoire du château de Nogent-le-Roi ne vient que de commencer.

Et puis, il y a eu cet incident, l'après-midi. Une odeur âcre est parvenue jusqu'à la salle où se déroulait la vente. Après une rapide enquête (il et vrai que le personnel ne manquait pas, on est venu plus nombreux l'après-midi que le matin) on a délogé un pyromane qui dans une chambre du 2e étage avait mis le feu à une caisse et à un matelas.

Le feu fut vite maîtrisé, comme l'individu, qui faut mis à la porte manu militari par Me Michel Beaujouan et Me Martin. L'incident clos, qui aurait pu avoir de fâcheuses conséquences, la vente s'est poursuivie. Elle reprend aujourd'hui avec le matériel des dépendances.

 

 

Je pense que cet article est l'oeuvre de Gaby Laire dans L'Echo Républicain (à vérifier).

Grands mercis à Mme Jeannette Loiselet qui m'a transmis cette coupure de journal.

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