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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 1.800 articles.

Ne vous privez plus pour Noël : Le chocolat nous rendrait plus intelligents...

Une équipe américano-britannique vient d’étudier l’effet du cacao riche en flavanols sur notre agilité mentale, et c’est plutôt rassurant pendant les fêtes de fin d’année.

En cette période festive, il est l’objet d’envies teintées de culpabilité : il y a la bûche au chocolat, le chocolat chaud que l’on sirote après une promenade dans le froid, les chocolats en boîte offerts par les amis et la famille et qu’il faut bien goûter avec eux (bon, cette année, il y en aura moins pour cause de Covid-19), ceux que l’on dévore à l’apéritif ou pour un thé de l’après-midi, ceux que l’on laisse négligemment dans une coupelle sur la table du salon, ceux qui sont toujours accrochés au sapin de Noël (mais de moins en moins nombreux)… le chocolat est partout. Pour échapper à cette tentation perpétuelle, il faut faire partie de la minorité – certains parlent de 10 %, mais aucune étude ne l’a vraiment confirmé – qui n’aime tout simplement pas le chocolat.

Pour les autres, on se console avec les vertus attribuées à ce mets divin que l’on dit, aussi, aphrodisiaque. Mais pour mieux justifier notre penchant pour le chocolaté, nous pouvons nous référer aux études scientifiques qui en vantent les mérites, à commencer par une étude américano-britannique récemment parue dans la revue « Scientific Reports ».

Cacao, gaz carbonique et tests cognitifs

Gabriele Gratton, professeur de psychologie à l’université de l’Illinois (Etats-Unis), et ses collègues ont recruté 18 hommes en bonne santé, âgés de 18 à 45 ans, en s’assurant au préalable qu’ils n’avaient aucune maladie cardiaque, vasculaire, respiratoire ou cérébrale et qu’ils étaient non-fumeurs. A deux occasions séparées, ils leur ont fait consommer une boisson à base de cacao avant de les soumettre à quelques tests.

Le premier, beaucoup moins agréable que le cacao, consistait à leur faire respirer un air enrichi à 5 % de gaz carbonique, une méthode classique pour tester les veines du cerveau. Le corps va accroître la circulation sanguine dans le cerveau afin d’y amener davantage d’oxygène et d’éliminer davantage de gaz carbonique. « Cela permet de mesurer comment le cerveau parvient à se défendre contre l’excès de gaz carbonique », précise la professeure Monica Fabiani, coautrice de l’étude.

Leurs réactions étaient observées par spectroscopie dans l’infrarouge proche, une technique non invasive qui permet de mesurer l’oxygénation du cortex frontal – une zone du cerveau utilisée naturellement pour le raisonnement et la prise de décision. Ils devaient ensuite répondre à une série de tests cognitifs de plus en plus complexes.

Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que le cacao n’était pas le même lors de deux expériences. Pour l’une, on leur servait une boisson réalisée à partir de chocolat industriel. Pour l’autre, ils avaient droit à du cacao enrichi en flavanols, ce qui fait toute la différence – et ce n’est pas une question de goût.

 

Coup de fouet sur l’intelligence

Les expérimentateurs ont découvert qu’après avoir dégusté le cacao riche en flavanols, les niveaux d’oxygénation dans le cerveau atteignaient jusqu’à trois fois ceux qui suivaient l’absorption de la boisson qui en était dépourvue. De plus, les niveaux étaient atteints plus vite, une minute plus tôt qu’en l’absence des flavanols.

Les résultats des tests cognitifs étaient également à l’avenant. Les chercheurs ont détecté « des différences significatives dans la vitesse et la précision avec laquelle les volontaires ont complété les tâches les plus complexes ». Ils y parvenaient aussi, en moyenne, 11 % plus vite. En revanche, pas d’amélioration notable sur les exercices les plus faciles.

« Nos résultats ont montré un bénéfice clair pour les participants qui ont consommé la boisson enrichie en flavanols, mais seulement lorsque la tâche devenait suffisamment compliquée, détaille la docteure Catarina Rendeiro, de l’université de Birmingham (Angleterre), coautrice de l’étude. Cela semble indiquer que les flavanols pourraient n’être bénéfiques que durant les plus difficile des tâches cognitives. »

Pour elle, « nous pouvons associer cela avec nos résultats sur une meilleure oxygénation du sang : si vous êtes face à davantage de défis, votre cerveau a besoin de meilleurs niveaux d’oxygénation pour y faire face. Cela suggère également que les flavanols doivent être particulièrement bénéfiques durant des tâches cognitivement exigeantes ».

La surprise est venue d’un petit groupe qui n’a pas du tout bénéficié de l’effet flavanols, ni en matière d’oxygénation sanguine ni en résultats cognitifs. Les individus concernés étaient ceux qui avaient déjà de hauts niveaux d’oxygénation dans leur cerveau sans avoir eu besoin de cacao enrichi. « Cela peut indiquer que certains individus, qui sont peut-être déjà très en forme, n’ont que très peu de place pour des améliorations », reconnaît la docteure Rendeiro.

Mais, de manière générale, ces résultats indiquent bien que « les améliorations dans l’activité vasculaire après avoir été exposé aux flavanols sont liées à l’amélioration de la fonction cognitive ».

Flavanols, flavonols… les bienfaits du cacao

Mais c’est quoi, ces fameux flavanols ? En fait, les chimistes l’écrivent aussi « flavan-3-ol », et il ne faut pas les confondre avec les flavonols (avec un o), qui sont eux aussi des antioxydants, mais pas la même molécule ni les mêmes effets. Oui, le vocabulaire scientifique est parfois très compliqué, et cela doit rappeler des souvenirs aux lycéens de sections scientifiques, lorsque le professeur de chimie corrigeait un distrait d’un « éthanAAAAl » appuyé pour avoir confondu ce produit avec l’éthanol. Pour compliquer le tout, flavAnols et flavOnols font tous deux partie des flavonoïdes, qui sont examinés de manière globale dans certaines études consacrées aux bienfaits du cacao.

 

Les flavAnols, donc, se trouvent dans toute une série de fruits et légumes, et plus particulièrement dans les raisins, les pommes, le baies, mais aussi le thé et, évidemment, le cacao. « Ils donnent aux fruits et légumes leurs couleurs lumineuses et sont connus pour avoir des effets bénéfiques sur les fonctions vasculaires », détaille la docteure Rendeiro.

Les flavanols protègent contre les maladies vasculaires, cela a été démontré dans d’autres études. Il a également été suggéré que les régimes riches en flavanols pouvaient protéger contre le vieillissement intellectuel, même si l’on ne sait pas trop comment. Mais de nombreuses études lui sont consacrées.

Des scientifiques ont pu aussi montrer que du cacao enrichi en flavonoïdes pouvait soulager l’état de fatigue chez des patients se remettant d’une sclérose en plaques. Une méta-analyse (étude faisant la somme d’autres études) a aussi prouvé un effet anti-hypertenseur « petit mais statistiquement significatif » dû à cette même catégorie de produits.

Les flavanols avec un A sont aussi mentionnés dans une autre méta-étude destinée à juger des effets d’une « administration aiguë et chronique de flavanols de cacao ». Pour le profane, cela veut dire se gaver ponctuellement de chocolat noir tout en en consommant régulièrement de manière modérée. Manger du chocolat riche en flavanols régulièrement pourrait, selon ces travaux, avoir un effet de neuroprotection, améliorerait les facultés cognitives, l’attention, la vitesse de traitement des données par le cerveau et aussi la mémoire.

Les flavanols du cacao seraient ainsi un bon auxiliaire pour lutter contre le déclin mémoriel qui va de pair avec le vieillissement, comme l’a montré une étude publiée dans la revue « Nature Neuroscience ».

Les auteurs de cette dernière étude avouent d’ailleurs joindre le geste à la parole : « Le chocolat noir est une riche source de flavanols, alors nous en mangeons tous les jours. » Comme l’auteur de ces lignes.

Attention (quand même) aux calories

Avant d’en refiler trois kilos à votre cousin pas très futé qui plombe tous les dîners de famille avec ses réflexions idiotes, sachez tout de même que le tableau n’est pas aussi rose qu’il pourrait paraître. Déjà, les effets bénéfiques ne concernent pas le chocolat au lait ou le chocolat blanc, aussi délicieux soient-ils. Ils n’ont souvent pas ou très peu de flavanols et sont aussi beaucoup plus riches en calories, graisses et autres sucres. Et même pour le chocolat noir, il peut y avoir un léger problème, résumé dans un éditorial publié en 2007 dans la revue médicale « The Lancet ».

« Le chocolat noir peut être trompeur, » écrivait alors Norman Pogson. Il explique que les fabricants peuvent être tentés d’ôter les flavanols pour diminuer l’amertume du chocolat, et qu’il est quasi impossible de le savoir au niveau du consommateur. De plus, même avec un fort pourcentage en cacao, le chocolat contient toujours graisse, sucre et calories, à prendre en compte lorsqu’on veut équilibrer son régime alimentaire.

Pour éviter ces écueils, on pourrait évidemment imaginer des compléments alimentaires rien qu’avec les fameux flavanols. Mais ce serait quand même beaucoup moins agréable à déguster.

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V
C'est une bonne nouvelle (en particulier pour moi !). Vive le chocolat, le cacao, et le flavanom !
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