Dans le cadre de l'affaire Grégory, cette expertise vise à démasquer le ou les corbeaux qui avaient menacé les parents de Grégory Villemin pendant plusieurs années et revendiqué, au moyen d'une lettre, son assassinat. Pour cela, des experts ont comparé l'écriture des courriers anonymes envoyés entre 1983 et 1984 à des textes rédigés par différents protagonistes de l'enquête. Ces documents avaient été écrits, par exemple, par des membres de la famille et des proches, dans des contextes ordinaires et saisis lors de perquisition, ou bien avaient été réalisés à la demande de la justice.
En 2017, les expertises fondées sur la graphie des lettres avaient ainsi permis d'attribuer une partie des courriers du corbeau à Jacqueline Jacob. Mais la grand-tante de Grégory a toujours nié, avec son époux, leur participation au meurtre.
Comment a été réalisée cette expertise ?
Commandée en toute discrétion par la précédente magistrate instructrice, il y a aujourd'hui près de trois ans, cette expertise a été confiée à une entreprise suisse spécialisée dans l'analyse de textes et la détection de plagiats car cette méthode n'existe pas en France.
Le rapport technique de cette expertise, qui a coûté au total plus de 30 000 €, a été remis à la justice et doit encore faire l'objet d'une traduction en langage judiciaire. Et il pourrait bien conduire à de nouvelles mises en examen.
Quels sont les résultats de cette analyse ?
D'après des sources concordantes, le logiciel de l'entreprise anti-plagiat a permis, grâce à des algorithmes spécialement élaborés, d'authentifier un auteur commun entre les lettres de menaces envoyées aux parents de Grégory et des courriers témoins. Cette personne pourrait donc être le ou l'un des corbeaux des mystérieuses missives.
Mais avant même de connaître le contenu de ce rapport, les avocats des époux Jacob, qui ne sont plus, aujourd'hui, mis en examen, ont critiqué cette méthode. « C'est de la fumisterie, a jugé Me Stéphane Giuranna, qui défend Marcel Jacob. […] En comparant les écrits de gens qui habitent dans le même secteur géographique restreint, qui ont le même âge, qui ont fréquenté les mêmes établissements scolaires et qui partagent la même origine sociale, on va évidemment tomber sur des gens qui ont, peu ou prou, le même style et la même syntaxe que le corbeau. »
Alors, cette nouvelle méthode sera-t-elle enfin la bonne pour venir à bout d' un des dossiers judiciaires les plus célèbres de France ?