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23 Décembre 2020
La fermière, l'amant et la voiture verte
La Fermière Marcelle Claudon, qui habite non loin de la maison des Villemin, est témoin de faits importants le jour du crime en se rendant à sa pâture en compagnie de Claude Colin. Mais elle les a tenus secrets pour ne pas compromettre son amant, qui n'avait rien à faire avec elle dans les parages. Remis en selle, les gendarmes de la section de recherches de Côte-d'Or retrouvent ce contrôleur des lignes d'autobus de la Société des transports automobiles des Hautes Vosges : il avoue. Claude Colin est bien passé boire le café chez les Claudon le 16 octobre 1984 puis a emmené Marcelle à bord de sa Golf blanche jusqu'à son parc à bestiaux. Vers 17 heures, entre la ferme Claudon et la maison des Villemin, sur le chemin de la Bure, ils croisent une voiture qui vient de la rue des Champs où vivent les parents de Grégory. Comme le sentier de la Bure est très étroit, Marcelle, du genre pressée, ordonne d'un geste de la main au conducteur de se ranger. Le chauffeur, "assez corpulent", se gare à l'entrée d'un pré, où tourne une éolienne, pour les laisser passer. La passagère à l'avant est "une femme aux cheveux roux". Et Marcelle dit à Claude qu'il s'agit de Bernard Laroche et de Murielle Bolle.
Mais tout le monde a tenu sa langue. Marcelle a eu peur que les menaces d'incendie de sa ferme se concrétisent. Même lorsque les multiples voisines, à qui elle avait confié ce secret, et Claude Colin, son amant chauffeur, ont fini par éclairer la justice, la fermière a continué de nier. Néanmoins, le juge Simon en a appris suffisamment pour anéantir la première charge retenue par son prédécesseur Lambert sur "l'absence prétendue de toute allée et venue suspecte aux abords de la maison" des Villemin, qui désignait l'inculpée comme "la seule à avoir pu enlever son fils". Idem pour les autres indices retenus contre Christine Villemin que la cour d'appel de Dijon va démonter dans son arrêt de non-lieu du 13 février 1993 (ndlr Christine Villemin est resté inculpée du 5 juillet 1985 au 13 février 1993). Les cordelettes étrangement découvertes au domicile vide des Villemin ? Les magistrats rappellent que "certains journalistes ont accusé le SRPJ de Nancy d'avoir fabriqué des preuves pour accabler l'inculpée" et vont dans ce sens, assénant : "Les enquêteurs de la PJ ont certes déclaré que leur procédure avait été parfaitement régulière, mais un doute est néanmoins permis à ce sujet en raison de la concordance des affirmations contraires." Ils avancent une hypothèse corroborée par une femme ayant aperçu un homme sur le toit du pavillon des parents de Grégory après coup : "On peut supposer que l'assassin, des personnes de son entourage ou des tiers ayant la vocation de justiciers se sont introduits subrepticement dans la maison des époux Villemin et dans ses dépendances, aisément accessibles, pour y déposer des cordelettes accusatrices."
in "Gregory" de Patricia Tourancheau.