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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 1.800 articles.

L'ami impossible de Bruno de Stabenrath.

Les vieux péchés ont de longues ombres.
Proverbe anglais
Celui qui se croit libre est seulement attaché à une corde plus longue.
Nizami Gandjavi.

La parution de cet ouvrage, le 15 octobre dernier, dans la collection blanche de Gallimard, a eu de nombreuses retombées médiatiques.

Mais peu sont ceux qui ont souligné la belle écriture de Stabenrath.

Parce que c'est cela d'abord...

La belle écriture.

Il n'en est pas à son premier roman, Stabenrath.

Avec ses essais, il en a même 13 en stock !

La belle écriture.

Soutenue tout au long des 527 pages.

Et puis la chaleur des souvenirs.

Les plus beaux.

Ceux de l'adolescence.

"Mes parents venaient d'emménager dans la ville du Roi-Soleil. Nouvelle maison, nouvelle école, nouveaux camarades. Depuis l'enfance, l'activité majeure de notre famille ne se composait que d'arrivées et de départs. De rencontres et de délaissements. De certitudes et d'imprévus. Le père changeait d'affectation tous les deux ans. La tribu suivait."

Car, ne vous y trompez pas...

C'est bien de son adolescence dont Stabenrath nous entretient.

Dès son arrivée en classe de terminales au lycée très privé Saint-Thomas-d'Aquin, en cet automne 1977...

Bruno se fait remarquer par son arrivée tardive due au tournage du film L'Hôtel de la Plage de Michel Lang.

Où il incarne Antoine.

Et, du coup, il échoue au fond de la classe.

Près de Xavier Dupont de Ligonnès.

"Je notai qu'à son annulaire gauche il portait une chevalière gravée d'une couronne avec des armoiries. Son visage était beau, racé, et son sourire doté de dents d'une blancheur immaculée. Avec sa petite mèche rebelle, qui lui barrait le front, il ressemblait à un cousin européen d'Elvis. D'emblée, je me suis convaincu que ce garçon et moi aimions la même musique.

En écho synchrone à mon intuition, je vis qu'il avait glissé sous le transparent de son classeur, le "Dixie Flag", le drapeau sudiste des confédérés, appelé aussi le pavillon de Beaupré."

Je vous le dis et re-dis...

C'est bien de son adolescence dont nous parle Stabenrath.

Et au cours de cette adolescence...

Sa rencontre avec Xavier.

Ah qu'ils étaient donc heureux ces jours versaillais sans soucis...

"Le circuit commence à La Civette, le café du coin, avec son flipper et son baby-foot, puis il y a Le Cyrano, le cinéma où chaque semaine nous occupons le premier rang. Pour l'étape du dimanche, nous rangeons nos motos et, cravatés, costumés, nos souliers cirés, nous marchons jusqu'à la chapelle royale où l'on célèbre la messe à 11 h 30."

Folles années au son des folles musiques de ces années 70 : The Beach Boys et leur prémonitoire  "We'll run away", l'histoire de deux adolescents en fugue,  Les Pink Floyd et The Wall...

 "We don't need no education

We don't need no thought control

No dark sarcasm in the classroom

Teacher, leave them kids alone

Hey, teacher, leave the kids alone

All in all it's just another brick in the wall

All in all you're just another brick in the wall"

...Creedence Clearwater avec leur album "Cosmo's Factory"...

Mais aussi, mais surtout The King, Elvis Presley, et son "Indiscribably Blue". Le King qui vient de passer de l'autre côté du miroir le 16 août 1977.

Folles années où les amours riment avec toujours.

 Noémie pour Bruno. Dans son cours de théâtre. Une trop jolie jeune fille qui lui donne la réplique dans "On ne badine pas avec l'amour" d'Alfred de Musset.

Louise pour Xavier. Une riche et trop belle héritière de 19 ans. Inscrite au prestigieux Rallye David-Weill.

Car à Versailles, rallyes, il y a.

Peu à peu la petite bande s'épaissit : Baudoin, le cousin, Simon, le Libanais, Doriana la cousine, et la danoise baby-sitter Yngve Anderssön.

Et Elisabeth Schneider, la jeune femme à la bicyclette, rencontrée à la boulangerie.

Tout cela boit, fume, danse et...

Chez Louise de Sablé-Homes.

Dont les parents sont presque toujours absents.

Xavier ratera Louise. Qui lui préfèrera, pour son malheur, un futur éminent neurochirurgien.

Bruno ratera Noémie. 

Il ratera aussi son bac.

Alors que Xavier l'obtiendra avec mention.

Ce qui permettra à son père Henri de lui offrir une Triumph MK 3, bleu rutilant et décapotable.

C'est à cause de cette voiture que Xavier fera connaissance des frères Hodanger :

"Ils occupaient avec leurs parents une grande maison adjacente à un garage restauré qui pouvait contenir au moins quatre voitures. Ils collectionnaient, réparaient les Mini Cooper, les Volkswagen et les 204 Peugeot décapotables. C'était là le nouvel état-major récréatif de Xavier. Il venait faire régler son carburateur, le niveau d'huile ou le gonflage des pneus."

Ces Hodanger-là ont une jeune soeur de 17 ans : Agnès. Qui est encore au collège.

Oui, je vous le dis et re-dis...

C'est bel et bien l'histoire de son adolescence que nous conte là Stabenrath.

Pendant les 166 premières pages.

Où nous apprenons qu'il va emménager dans une chambre de bonnes, à Paris 5e. 

Puis, vient l'armée pour Bruno, le 5e RI, un ancien régiment disciplinaire, établi au camp de Frileuse.

Si la petite bande se voit et se revoit, l'ami Xavier s'éloigne.

Deux nouveaux amitiés se profilent à l'horion : Rémy (pour Emmanuel Teneur) et Micha Frostif (pour Michel Rétif). 

"Agnès et Rémy étaient ses deux points d'ancrage. Il reviendrait toujours vers eux. Moi je restais son zigomar affectueux qui lui ouvrait une fenêtre vers l'inattendu, l'expérimental, un peu de folie à la clef et la possibilité, à chaque instant, de se ruer hors des sentiers battus."

Xavier, lui, ne fera pas son service militaire. Car il sera jugé physiquement inapte (pneumothorax).

Au grand désespoir de son père.

Il commence ses études de droit à Assas. Puis bifurque pour l'Ecole des Cadres de Neuilly.

Tout ça pour prendre un job de commercial vers Draguignan.

Côté coeur, là aussi, c'est trouble.

Il se fiance l'été 1982 avec Agnès Hodanger.

Qu'il trompe rapidement avec une superbe allemande blonde, Cordelia. Dont il est tombé amoureux l'été 1981 sur le port de Saint-Tropez, devant le Papagayo, à peine un an avant ses fiançailles officielles avec Agnès en Corse.

Là, on arrête de raconter le livre...

On ne déflore pas la suite.

Une critique ?

On sent très nettement le décrochage entre le vécu de Bruno et l'analyse à la lecture des médias.

En page 375...

Quand il met en scène un certain "Barthelemy" qui habite Nantes et le tient au courant du massacre.

...................................

Qu'est-ce que ce livre m'a appris sur l'affaire Dupont de Ligonnès ???

1/ La fascination de Xavier pour la rencontre Elvis Presley / Richard Nixon.

Le 21 décembre 1970.

"Si le kid de Memphis déboule à Washington pour rencontrer le président des Etats-Unis, c'est qu'il compte devenir un agent fédéral spécial infiltré des stups, avec l'insigne et les fonctions à la clef. Presley se donne pour mission de balancer au FBI tous les noms de ses collègues du show-business qui fument du hasch, sniffent de la cocaïne et s'injectent de l'héroïne. Et s'il est de bonne humeur et qu'on lui offre sa panoplie de G Man (Government Man) il est prêt à donner la liste de tous les pervers d'Hollywood qui profitent de leur notoriété pour se taper des filles mineures."

Ce qui expliquerait le contenu de la lettre de Xavier à ses potes, prétendant une exfiltration par la D.E.A.

Qui l'aurait recruté, via sa société Route des Commerciaux, pour infiltrer incognito le milieu des discothèques françaises.

2/ L'erreur de mélange du ciment 

"Si l'assassin fossoyeur n'avait pas versé trop d'eau dans la composition de son ciment, le mélange aurait durci plus rapidement.

Et si les policiers s'étaient intéressés à la zone de l'entresol quelques jours plus tard, ils seraient tombés sur une surface dure, sèche, impénétrable. Ils seraient donc passé juste à côté de ce mausolée tragique, injuste et accablant."

3/ Les enfants Thomas et Benoît auraient aidé leur père à creuser les fosses sous la terrasse

"Pour accéder à sa cave, il se courbe sous la voûte de pierre et se fraye un passage au milieu des deux tranchées pratiquées dans le sol. Le week-end dernier, Xavier a expliqué à Thomas et à Benoît qu'il fallait déblayer le fatras entassé sous la terrasse , puis qu'ensuite il serait utile de nettoyer la terre et d'extraire les gravats et les mauvaises herbes qui jonchent l'entresol. Les garçons ont bien travaillé et, en un seul après-midi, ils ont creusé de profondes excavations."

Ceci est pure supposition.

Mais ça tient la route.

4/ Xavier avait un demi-frère Alexandre. Issu de la relation adultérine de son père mais reconnu par lui.

Il en était jaloux, car Alexandre, lui, avait réussi.

5/ Il n'a pu louer l'appartement du 55 boulevard Schumann à Nantes que grâce à Emmanuel Teneur qui s'en est porté garant.

Xavier n'avait aucunes fiches de paye.

..................................

Pour répondre à mes charmants petits camarades des deux pages Facebook XDDL...

Qui ont tout de suite évoqué que ce dernier auteur ne songeait qu'à se faire du fric avec son livre....

Bruno de Stabenrath a déclaré dans l'émission C à Vous du 14 octobre dernier...

Qu'une partie des recettes de son livre sera consacrée à l'édification d'une stèle aux 5 disparus dans le cimetière de Noyers-sur-Serein.

Il ajoute :

"Xavier... C'était quelqu'un du côté de la vie, c'était quelqu'un de solaire..."

A bon entendeur...

 

Liliane Langellier

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T
Bruno de Stabenrath avait joué un rôle d'adolescent dans le film de Michel Lang, Hôtel de la plage.
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