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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 1.900 articles.

27 septembre 1972. Le jour où Publicis a brûlé.

Le 27 septembre 1972, un énorme feu touche les locaux du groupe. Agé de 30 ans et affolé à l’idée de voir partir en fumée des années de dossiers, de cogitations, de riches fichiers clients, je parviens à évacuer ces données vitales.

Ce soir-là, après un dîner entre amis chez Lamazère – un restaurant rue de Ponthieu, non loin de mes bureaux –, je ressens une étrange impression au fur et à mesure que je progresse en voiture vers le haut des Champs-Elysées. J’aperçois d’abord un ciel rouge, puis je découvre, stupéfait, l’immeuble de Publicis en train de brûler. Je stoppe, quitte précipitamment mon véhicule. Mon patron, Marcel Bleustein-Blanchet, est sur place, apparemment impassible ; il discute avec les pompiers. Je pense alors au sort de l’équipe de nuit du département informatique dont j’ai la charge. En dépit de mon insistance, le général Perdu m’interdit d’atteindre les lieux. Ses hommes sont en train de maîtriser le feu, mais des flammes continuent de jaillir des fenêtres. Je me sens impuissant.

Je casse les vitres des fenêtres pour faire évacuer

 

Le temps passe. Je contourne l’immeuble. Dans un coin de la rue, je tombe par magie sur le casque et la veste en cuir d’un soldat du feu et ni une ni deux, je les enfile ! Vêtu de la sorte, dans un état de quasi-inconscience, je suis le premier des salariés à pénétrer dans cette zone apocalyptique, via la rue Vernet.

Il est près de 5 heures du matin. Un collaborateur me suit. Dans la salle informatique, l’atmosphère est suffocante, les dégâts énormes. L’endroit est noirci, calciné et inondé d’eau.

Au premier étage, nous découvrons, en forçant une porte, le corps sans vie de l’unique victime du soir, une caissière du Drugstore. Bouleversés, nous alertons aussitôt les secours.

Le danger guettant toujours, j’ai ce réflexe de casser les vitres des fenêtres pour faire évacuer, depuis les coffres ignifugés, les fichiers et autres bandes magnétiques sur lesquels sont enregistrés les noms de nos clients. C’est moi qui pendant un an ai réalisé ce système informatique d’archivage, alors j’y tiens plus que tout !

D’autres collègues arrivent pour nous aider. On sort tout ce qu’on peut. Sans le sauvetage de ces programmes et de ces archives, cet incendie aurait porté un coup dévastateur à notre boîte.

Finalement, l’activité de Publicis s’est poursuivie normalement, bien que nous soyons éparpillés dans 65 lieux différents les premiers temps après le drame ! 

 

 

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