“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 1.700 articles.
25 Avril 2020
Acteur au tempérament de feu, Al Pacino est considéré comme l'un des meilleurs comédiens de l'histoire du cinéma. Ses prestations légendaires dans Scarface ou Le Parrain font exploser sa carrière et le propulsent au rang de star. Il incarne à la perfection des personnages troubles, parfois très violents, dans l'univers du crime et de la mafia. Retour sur la carrière d'un maître d'art.
Alfredo James Pacino voit le jour à New York, dans le Bronx le 25 avril 1940. Ses parents divorcent rapidement après sa naissance et sa mère rallie sa maison familiale, dans laquelle ses propres parents l'accueillent. Pacino mettra longtemps à le rendre public mais Kate et James, ses grands-parents maternels sont originaires de Corleone en Sicile, fief rendu célèbre par le film Le Parrain.
Al Pacino
Pacino s'ennuie à l'école, ses résultats sont mauvais sauf en anglais. Il traîne avec une bande de gamins du quartier et fait les 400 coups très jeune. A 17 ans il claque la porte de l'école, se dispute avec sa mère qui n'est évidemment pas d'accord avec son choix et décide de devenir acteur. Il vit de petits boulots, apparaît dans quelques pièces underground et tente d'intégrer les grandes écoles de théâtre. Une audition ratée pour entrer au célèbre Actors Studio le pousse vers le Herbert Berghof Studio (HB Studio) dans laquelle il rencontre son 1er maître, Charles Laughton. Cet homme le forme durant plusieurs années et l'accompagne dans les périodes difficiles. Pacino manque d'argent, il lui arrive de dormir dehors et il doit souvent privilégier un salaire à une séance de training d'acteur.
Il intègre finalement le prestigieux cours de Lee Strasberg en 1966, après avoir perdu sa mère et son grand-père. Al Pacino a connu un début de carrière très difficile, la vie ne l'a pas épargné et il a beaucoup souffert. Suffisamment en tout cas pour savoir de quoi il retourne lorsqu'il joue des personnages en souffrance, ce que Lee Strasberg ne manque pas de remarquer.
Al Pacino à ses débuts
Entré à l'Actors Studio, Al Pacino y rencontre de futurs grands noms comme Dustin Hoffman ou Robert de Niro. Il raconte d'ailleurs qu'à leurs débuts, les gens les confondaient souvent et venaient féliciter l'un pour un film dans lequel l'autre avait joué. Ils sont restés amis depuis.
Pacino apprend donc la « Méthode », cet ensemble de pratiques, d'outils, d'exercices mis au service de l'acteur selon un certain protocole pour aboutir au résultat le plus juste possible. Pacino apprend vite, il se dit fasciné par Lee Strasberg, son enthousiasme pour le jeu et son amour des acteurs. C'est d'ailleurs lui qui le pousse à quitter tous ses petits boulots qui épuisent son énergie pour se concentrer sur son jeu. L'urgence financière se faisant sentir, Pacino part appliquer la méthode hors du studio très tôt, mais c'est désormais en tant qu'acteur qu'il gagnera sa vie.
Lee Strasberg, enseignant à l'Actors Studio
C'est au théâtre qu'il travaille le plus à ses débuts, il reçoit d'ailleurs un certain nombre de récompenses pour ses prestations dont un Obie award en 1968 pour The Indian want the Bronx d'Israel Horovitz. Il est repéré par un agent, Martin Bregman avec qui il signe rapidement.
Grâce à ce dernier, Pacino débute au cinéma dans Me, Nathalie en 1969 mais c'est dans Panique à Needle Park en 1971 qu'il attire l'attention. Son rôle d'addict à l'héroïne lui inspire une performance d'acteur remarquable et remarquée par un réalisateur montant, Francis Ford Coppola.
LE PARRAIN, UN TOURNANT
Al Pacino dans Le Parrain
Lorsqu'il se voit confier la réalisation du film Le Parrain, Francis Ford Coppola sait qu'il joue dans la cour des grands. Les producteurs investissent de grosses sommes et entendent bien récupérer leur argent. Ils insistent pour que le réalisateur engage un acteur déjà connu pour le rôle de Michael Corleone mais Coppola ne veut que Pacino.
Il tient bon et réussit à l'engager mais la tension est palpable sur le tournage, puisque réalisateur et acteur se savent sur un siège éjectable. Ils terminent tout de même le film, soulagés d'avoir pu aller au bout de leur travail. Le film connaît un succès incroyable et reste aujourd'hui un classique inégalé. Grâce au Parrain, Al Pacino est connu du grand public et reconnu par ses pairs. Son salaire augmente de manière exponentielle et il a la liberté de choisir les rôles qui lui conviennent. Il joue dans le second volet du Parrain aux côtés de son ami Robert de Niro en 1974. Entre temps, il est à l'affiche de Serpico de Sidney Lumet. Sa prestation de flic colérique lui vaut plusieurs récompenses et lui ouvre de nouvelles portes. Pacino accumule les rôles de criminels ou de flics, toujours à la frontière de la légalité.
Après un nouveau film de Lumet, Un Après-midi de chien en 1975, Pacino tourne avec Sydney Pollack puis avec Friedkin avant de rencontrer le réalisateur qui lui offre le rôle de sa vie, Brian de Palma.
Brian de Palma, le réalisateur de Scarface
Dans les années 80, la carrière d'Al Pacino est déjà bien lancée, il a connu de gros succès public et critique et prétend à des salaires dignes des stars. Mais c'est avec Scarface que Pacino atteint l'apogée de son jeu. Brian de Palma lui propose d'interpréter le rôle de Tony Montana, un mafieux d'origine cubaine qui gravit tous les échelons de l'institution du crime tandis qu'il descend ceux de la santé mentale jusqu'à devenir totalement paranoïaque. Drogue, crime, argent, tous les ingrédients d'un polar réussi sont là et Pacino offre une performance d'acteur extraordinaire qui fascine toute une génération. Le film devient culte en quelques années et Pacino est définitivement associé à ce personnage de gangster en proie à la folie.
Al Pacino, dans Scarface
Les années qui suivent ce succès phénoménal sont difficiles à négocier mais l'acteur fait les bons choix et le temps aidant, il apprend à gérer son implication dans ses rôles. Il retravaille avec Coppola pour le 3ème volet du Parrain puis avec De Palma pour L'Impasse aux côtés de Sean Penn.
En 1992, il reçoit enfin l'oscar du meilleur acteur pour Le Temps d'un week-end de Martin Brest. En 1995, il partage à nouveau l'affiche de Heat avec Robert de Niro même si les 2 acteurs n'apparaissent jamais dans le même plan. La même année, Pacino mène à bien un projet de longue date entre documentaire et fiction sur Shakespeare, Looking for Richard.
La fin des années 90 est riche en collaborations, Pacino tourne avec Oliver Stone, Michael Mann ou encore Mike Newell. Dans les années 2000, la carrière d'Al Pacino continue de se développer, il explore de nouveaux genres, est à l'affiche des gros succès du moment, autant dans des thriller que des comédies. Il participe en 2003 à la mini série de Mike Nichols, Angels in America sur l'homosexualité et le SIDA dans les années 80. Le casting est impressionnant, Emma Thompson, Meryl Streep, Justin Kirk et Jeffrey Wright. C'est un grand succès pour un projet atypique.
Le nouveau projet très attendu d'Al Pacino est une collaboration avec Martin Scorsese pour The Irishman, aux côtés de Robert de Niro. La sortie est espérée pour 2012.
Al Pacino ne s'est jamais marié, il a 3 enfants.
Les parallèles entre sa vie et celle de Robert de Niro sont frappants, les 2 acteurs sont d'ailleurs amis.
Bibliographie
Filmographie