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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

2 février 1913 Inauguration de la Central Station à New York, la plus grande gare du monde

J'en parlais hier...

Avec le roman de Mary Higgins Clark que je préfère : La Nuit du renard.

Qui se déroule à Grand Central Station.

New York.

Cette gare gigantesque a été inaugurée le 2 février 1913.

………………………………….

Conçue en 1913 comme une ville au coeur de Manhattan, Grand Central détonne par ses "mensurations" : un hall de 38 mètres de haut traversé chaque jour par 750 000 personnes, 67 voies, des réseaux infinis de couloirs souterrains…

EDDIE ARDAIX OUVRE SON ÉCHOPPE À 5 H 45. "C'est notre heure de pointe et il faut faire vite", dit celui qui contrôle une petite armée de cireurs de chaussures à Grand Central. Tout est chronométré : de sept à huit minutes pour un spit shine avant d'aller au bureau. Toujours pressés, les clients en profitent pour feuilleter le Daily News ou le New York Post, les deux tabloïds qui règnent encore sur la ville. Une image mille fois photographiée qui se répète du lundi au vendredi. "Les Américains, remarque Eddie en souriant, aiment que leurs chaussures brillent." Comme toutes les gares, Grand Central se lève tôt. Dans un New York qui se réveille, elle déverse dès les premières heures son flot de banlieusards endormis. Ils sont 750 000, tous les jours, voyageurs et visiteurs, à traverser son hall principal, où trône sa fameuse horloge, et à emprunter ses soixante-sept voies qui en font la plus grande gare du monde. Cette année, Grand Central fête ses 100 ans, réchappée de tous les bouleversements urbains qui ont secoué New York depuis un siècle. "C'est un trésor pour tous les New-Yorkais", voire "un symbole de tout ce qui est majestueux dans notre ville", affirmait le maire, Michael Bloomberg, en février, lors de la cérémonie du centenaire.

Inaugurée en 1913, Grand Central a toujours été beaucoup plus qu'une gare. Lorsque les architectes, Charles Reed et Allen Stem, et surtout l'ingénieur William J. Wilgus, qui devient vite l'âme du projet, imaginent le chantier pharaonique, ils voient une ville dans une ville, qu'ils appellent Terminal City, avec des commerces, des magasins et un réseau de couloirs souterrains qui mènent directement aux nouveaux hôtels de luxe du quartier : le Biltmore, le Commodore, le Roosevelt, et le Waldorf Astoria. Ce dernier dispose d'un ascenseur, aujourd'hui abandonné, qui débouche directement sur le quai 61, que le président Roosevelt empruntait afin d'éviter de se faire photographier à sa sortie du train et de mieux cacher son infirmité. Aujourd'hui, la gare ne dessert que la grande banlieue new-yorkaise mais, longtemps, ses trains aux noms évocateurs (The Mohawk, The Missourian, The Water Level...) transportaient les voyageurs dans tout le pays. Le plus connu, le 20th Century Limited, a été immortalisé par Alfred Hitchcock dans La Mort aux trousses. Il reliait New York à Chicago et accueillait ses voyageurs illustres - l'élite financière venue faire du business ou les stars en route pour Los Angeles - sur tapis rouge.

La mort aux trousses. Hitchcock. 1959.

EN 1963, SA GRANDE RIVALE, PENN STATION, autre chef-d'oeuvre architectural dans le style Beaux-Arts, est victime de la spéculation immobilière. Les grues mettront trois ans à la démolir pour faire place au Madison Square Garden, la gare devenant entièrement souterraine. Un acte de vandalisme culturel qui laisse la ville traumatisée. Alors lorsque, quelques années plus tard, le propriétaire de Grand Central, la société de chemin de fer Penn Central Railroad, au bord de la faillite, propose de la remplacer par un immeuble de bureaux, les New-Yorkais se mobilisent. Un jour, en janvier 1975, Kent Barwick, directeur de la Municipal Art Society (MAS), une organisation non gouvernementale destinée à la conservation et à la protection des monuments, reçoit un coup de fil inattendu : c'est Jackie Onassis. Elle deviendra le visage d'une intense campagne médiatique pour sauver Grand Central. Le contentieux arrivera même jusqu'à la Cour suprême. Trois ans plus tard, la gare est finalement sauvée quoique en piteux état. Le ciel étoilé du hall principal, peint par le peintre français Paul Helleu, est recouvert d'une épouvantable couche de crasse noire, due notamment à la nicotine. Et "le marché où les banlieusards faisaient leurs courses servait de dépôts à ordures", se souvient Steve Kivel, propriétaire d'une minuscule horlogerie, nichée dans un des passages, héritée de son grand-père.

Le ciel étoilé de Paul Helleu

Aujourd'hui, il est difficile d'imaginer que, jusqu'au début des années 1990, Grand Central servait de refuge à des centaines de sans-abri et de toxicomanes qui arpentaient ses couloirs et ses souterrains. Après d'importants travaux de rénovation entrepris en 1998 par son nouveau propriétaire, la régie des transports de New York (Metropolitan Transportation Authority), la gare est aujourd'hui en pleine forme. Elle est redevenue le centre commercial qu'avaient imaginé ses fondateurs. Et compte trente-cinq restaurants, dont le fameux Oyster Bar (bar à huîtres) et son plafond voûté, dessiné par l'architecte espagnol Rafael Guastavino, et une galerie de commerces alimentaires de luxe, Grand Central Market, qui propose des produits d'épicerie fine et des délices en tout genre. Mais la lutte pour l'âme de Grand Central n'est pas tout à fait finie. Un projet de révision du cadastre, proposé par le maire Bloomberg, menace d'emporter des constructions certes moins emblématiques "mais qui font partie de la texture du quartier", explique Ronda Witts, une des conservatrices de MAS. "Ces dernières années ont été particulièrement difficiles, car ce qui compte, ici, c'est l'immobilier. C'est ce qui fait marcher cette ville." Il semble que New York, toujours emportée par le business, ait la mémoire courte.

Grand Central Oyster Bar

Grand Central Station. New York.

Grand Central Station. New York.

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