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15 Mars 2018
La rue Bayard déménage...
Oui, RTL s'en va vers de nouveaux locaux juste à côté du Monop' de Neuilly...
C'est quand même une sacrée page de la vie des médias qui se tourne...
La rue Bayard...
Les souvenirs reviennent...
En vrac !
Les petits soirs d'été rue Bayard à I.P., la régie publicitaire de RTL...
Où nous allions, les mercredis soirs, enregistrer les messages publicitaires pour vendre notre magazine à la petite semaine...
Oui, vous lisez bien : à la petite semaine...
Le service Promotion des Ventes devait vendre un hebdomadaire différent chaque fois.
D'où l'impression grande taille des couvertures pour les kiosques de Paris via l'A.A.P. et des 4 par 3...
D'où les fameuses petites affichettes jaunes à imprimer avec un "slogan" pour l'affichage sauvage des promoteurs dans toute la France...
Il y a même eu des affiches de culs de bus...
Et alors là, il fallait faire fissa pour trouver le dossier de la semaine à la rédaction...
Pour l'ingurgiter rapidos...
Et pour, à la réunion avec notre agence de publicité, savoir en ressortir la substantifique moëlle..
Notre agence de publicité...
Celle de Philippe Michel.
Oui l'agence CLM/BBDO. Chevallier, Le Forestier. Michel.
Philippe était brillant. Très.
Et Jean-Marc, leur chef de pub, était joli comme un macaron tout frais de chez Ladurée.
Je cavalais donc comme une folle.
Car mon directeur savait surtout jouer l'absence.
Une fois que la conférence de rédaction avait eu lieu, je filais récupérer le nom du journaliste en charge de la cover.
Et je ne le lâchais plus !
Il me fallait le contenu.
Tout le contenu.
Cela marchait bien avec la rédaction.
D'abord parce que j'étais plutôt mignonne, insolente (très) et rapide sur les coups.
Les journalistes m'accueillaient sympathiquement dans leur antre.
Pourtant ce n'était pas gagné d'avance car, avenue Hoche, le 2ème étage, l'étage noble de la rédaction, ne supportait pas les publicitaires.
Qui leur bouffaient l'espace de leurs articles un peu plus chaque semaine dans le chemin de fer.
Après, et bien après il fallait décomposer tout ça.
Et le décliner en affiches et en messages radio.
Surtout en messages radio !
Une fois les messages écrits...
C'était le directeur de la rédaction, Yann de l'Ecotais, qui était en charge d'enregistrer...
C'était Yann qui nous prêtait sa superbe voix gutturale.
Yann, dit le Niçois ou le Pizzaiolo, selon.
Transfuge de RMC qui avait croisé mon beau-frère au Figaro.
Je me souviens encore du nom du technicien radio à I.P. : Eddie Pazmino !
Un métis d'Amérique du Sud.
Né quelque part entre le Mexique et la Colombie.
Je crois bien que c'était Le Salvador !
Revenons à Yann...
Yann était souvent fatigué.
Il venait d'enquiller une nuit entière de bouclage (le mardi soir) pas toujours facile.
C'était difficile ce plus de l'enregistrement.
Il m'appelait - juste avant de partir - pour que je vienne le rejoindre à sa voiture plutôt que de partager celle de mon boss.
C'est un de ces soirs-là qu'il m'a décoché "Tu sais, Lily, les journalistes ce sont des individualistes forcenés !".
Il venait sûrement de devoir trancher une bataille du rail pour leur foutu chemin de fer !
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Une fois dans le studio...
Je lui faisais monter un double scotch glaçons pour le mettre en forme.
Il fumait.
Beaucoup.
Mais sa voix était juste divine.
Mâle.
Très mâle.
Alors, selon les soirs, les messages étaient plus ou moins longs à enregistrer.
Il fallait parfois recommencer et recommencer pour que tous les mots rentrent dans le temps requis.
De mon côté, j'étais mariée. Très.
Et mon époux s'agaçait parfois quand on jouait les prolongations.
Deux hommes et moi dans un studio.
Il avait un peu de mal.
Yann, il le connaissait.
Il connaissait sa séduction.
Et Eddie m'avait raccompagné rue de Braque un soir où il avait fait sa connaissance.
A trois dans un studio, cela ne lui plaisait pas trop !
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Rue Bayard...
L'odeur persistante des petits troquets les soirs d'été à Paris.
Le soleil qui se couche derrière l'Arc de Triomphe sur les Champs-Elysées...
La vie qui palpite dans les petites rues adjacentes.
Cette impression unique d'être au coeur de la vie parisienne.
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J'ai quitté la Promotion des Ventes l'été 1986.
Pour aller vivre de nouvelles aventures au journal féminin "L'Express Style"...
Avec Guillemette de Sairigné.
Le job était moins prestigieux.
Terminés les somptueux voyages dans le monde entier avec les Maisons de la Presse de France et de Navarre.
Terminés les séminaires dans les Relais Châteaux.
Terminées les prestigieuses soirées de lancement d'un nouveau supplément...
Terminées les permanences champagne à la tente de Roland-Garros...
Terminées les inaugurations privées du Salon du Livre avec Bernard Pivot...
Le job était certes moins prestigieux...
Mais il résumait mon envie de toujours.
Ecrire.
Et vivre avec ceux qui possèdent ce don inimitable...
L'écriture.
Liliane Langellier
Les quatre vérités : Yann De L'Ecotais, Direction rédaction de "l'Express"
Sur le plateau du Télématin , interview de Yann de l' ECOTAIS, Directeur de rédaction de "l'Express" sur son livre "L'urgence . Le chômage n'est pas une fatalité " chez GRASSET