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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 1.700 articles.

A propos de l'Affaire Seznec

Je lis de nombreux twittos qui pédalent un peu dans le yaourt en commentant l'affaire Seznec...

Loin de moi l'idée de leur jeter la pierre...

Je vais juste vous retranscrire ci-dessous l'un de mes articles qui résumait honnêtement l'affaire Seznec :

A propos de l'affaire Seznec

Depuis l'été 1923, l'affaire Seznec défraye la chronique. Elle divise encore aujourd'hui la France. La Bretagne, certes, mais aussi le canton nogentais. Elle débute au moment même où Guillaume Seznec et Pierre Quemeneur quittent le restaurant du Plat d'Etain, à Houdan. Elle n'a toujours pas trouvé le mot "fin". Retour sur une énigme.

C'est l'époque de la vertueuse Troisième République. Celle où les ministères sautent comme les bouchons de champagne dans les salons particuliers. Une seconde "Belle Epoque" qui succède à la guerre cruelle et dévastatrice. Alexandre Millerand est président de la République. Maurice Maunoury, maire de Luisant, député de Chartres, est ministre de l'Intérieur. Louis Florentin Marlier est directeur de la Sûreté Générale, surnommé "La Secrète", sise 11, rue des Saussaies dans le VIIIe arrondissement de Paris. Et la Chambre a été repeinte en "bleu horizon".

C'est l'époque de la fin des trafics en tous genres.Celle qui a succédé au départ des "Sammies" l'été 1919. Qui ont laissé sur le sol français fameux stocks américains dont la liquidation commence officiellement le 3 novembre 1919. C'est une véritable pluie de dollars qui s'est abattue sur Brest, avec son camp de Pontanezen, dès avril 1917. Nombreux sont, en France, les affairistes qui se sont bâtis une véritable fortune.

C'est aussi l'époque où les Bolcheviques prennent le pouvoir en Russie. Et, forts de l'or des Tsars qu'ils ont assassinés, achètent officieusement à la France, à l'Angleterre et aux Etats-Unis, des denrées alimentaires mais aussi des armes et des véhicules en tous genres.

Les faits

C'est l'histoire d'un voyage. Celui de deux hommes. De Rennes à Paris. Dans une Cadillac torpédo six places. Le vendredi 25 mai 1923. Pierre Quemeneur, aimable célibataire, habite Landerneau. Conseiller général de Sizun (Finistère), négociant en bois, il a été le fournisseur officiel du génie pour les poteaux de mine des tranchées. Guillaume Seznec, secret et taiseux père de quatre enfants, est maître de scierie à Morlaix. Tous deux ont été mobilisés à Brest pendant les hostilités.

Ce n'est pas leur premier voyage, mais ce sera leur dernier. "De toute évidence, Seznec et Quemeneur partent pour des affaires qui ne sont pas transparentes" déclare Mariylise Lebranchu, dans une émission de France 3 en avril dernier. 

Après un parcours chaotique, à Dreux, la Cadillac nécessite l'intervention du garagiste Hodey. A Houdan, ils dînent à l'Hôtel du Plat d'Etain. C'est la dernière fois que Pierre Quemeneur est vu vivant. C'est le début de l'affaire Seznec.

La condamnation

Guillaume Seznec rentre seul à Morlaix le lundi 28 mai au matin. Face à l'étrange disparition de leur beau frère et frère, Jean Pouliquen et Louis Quemeneur portent plainte dès le 13 juin au Parquet de Brest. Le mercredi 29 juin, Seznec est convoqué à la Sûreté Générale. Après une garde à vue de 19 jours, sans l'assistance d'aucun avocat, il est officiellement inculpé le 7 juillet. Et déféré à la prison de Morlaix, le 16 juillet.

L'enquête policière et l'instruction sont curieusement menées. Et, à Quimper, le procès en Assises qui se déroule du 24 octobre au 4 novembre 1924, est hâtivement bâclé. Accusé de faux en écriture et d'assassinat, Seznec échappe de peu à la guillotine pour être condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Après un séjour à Saint-Martin-de-Ré, le bagnard Guillaume quitte la France pour Cayenne à bord de La Martinière, le 7 avril 1927. Il ne retrouve le sol de sa patrie que vingt ans plus tard, en juillet 1947. Il a refusé sa grâce, ne se jugeant pas coupable, mais différentes remises de peine et la fermeture annoncée du bagne lui ont permis d'être libéré. Curieusement renversé à Paris, au carrefour des Gobelins, le 14 novembre 1953 par une camionnette qui prend la fuite, Guillaume meurt des suites de cet accident le 13 février 1954.

Le combat

Dès l'annonce de la sentence de 1924, ses biens sont vendus. Sa famille dispersée. Marie, l'aînée rentre au Carmel de Jersey pour aller soigner les bagnards lépreux en Guyane. Elle meurt, âgée de 21 ans en août 1930, sans avoir pu réaliser son voeu. Les deux fils, Guillaume et Albert, sont mis en apprentissage sous un nom d'emprunt : Marc. Le nom de jeune fille de Marie Jeanne. Qui ne divorcera pas (ce qui est accordé aux épouses de bagnards), mais se battra jusqu'à son dernier souffle. Jeanne, la cadette, est admise à l'orphelinat de la Providence, dont elle ne sortira qu'à sa majorité. 

Et pourtant... Le combat ne cessera jamais. Dès l'annonce du verdict, Marie Jeanne prend le flambeau pour défendre son homme. Après sa mort, en mai 1931, c'est Marie Anne Colin, la mère de Guillaume, qui lui succède. Puis, Jeanne. Et enfin son petit-fils Denis. Quatorze demandes de révision !  Dont la dernière, à l'initiative du Garde Des Sceaux, Madame Lebranchu, député maire de Morlaix, échoue le 14 décembre 2006.

 

Liliane Langellier

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