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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 1.900 articles.

Las Chicas Del Cable

"Mon père pourra m'enfermer autant qu'il le voudra...

Parce qu'il n'y a ni porte ni verrou que l'on puisse dresser contre la liberté de mon esprit."

Virginia Woolf

En français, cela sonne tout de suite moins bien et c'est beaucoup plus plat :

« Les demoiselles du téléphone ».

"Las Chicas Del Cable" est visible sur Netflix depuis  le 28 avril 2017.

Avec un générique envoûtant : "Salt"de B. Miles.

L’histoire se déroule à Madrid en 1928.

Cinq amies de milieux très différents : Marga, Carlota, Angeles, Sara et Lydia, travaillant au sein de la Compagnie Nationale du Téléphone madrilène, se battent pour acquérir leur indépendance.

Chacune à sa façon.

Et c’est plutôt rude dans ce monde de machos !

Une ambiance très "Gatsby Le Magnifique" de Francis Scott Fitzgerald, avec fume-cigarette, robes charleston, vermouth dans les bars d'hôtels, champagne coulant à flot dans les soirées, et d'irrésistibles chapeaux cloches années folles.

Un rude combat pour la vie, un rude combat pour l’amour.

Un rude combat non sans humour.

L’actrice principale Blanca Suarez (Lidia Aguilar / Alba Romero) crève littéralement l’écran dans le rôle de Lidia. Une prostituée mondaine qui rêve de partir en Argentine et se trouve obligée, suite au chantage d'un commissaire de police, de cambrioler le coffre-fort de la seule compagnie de téléphone du pays. Qui a justement 800 emplois à pourvoir...

Dont 12 emplois de standardistes, pour 390 candidates !

La lutte va être rude. Et Lidia se montrera la plus rusée de toutes. Avec un humour en acier face au jeune directeur Don Carlos.

Oui, la beauté brune, pulpeuse et piquante de Blanca Suarez est juste confondante.

Et les deux hommes de sa vie :  Don Francisco Gomez (acteur Yon Gonzalez) qui a été son grand amour, 10 ans auparavant, et Don Carlos Cifuentes (acteur Martiño Rivas), le fils du patron,  vont vite, très vite, dans leur âpre lutte pour la conquérir, vont vite l’apprendre à leurs dépens.

Lidia est, tout le long de la série, sous la haute protection de Victoria, une puissante mère maquerelle aux multiples relations madrilènes (actrice guest star Kitti Manver)

A son opposé, la fine beauté blonde, Carlota Rodriguez de Senillosa (actrice Ana Fernandez), pure produit de l’aristocratie espagnole, en révolte contre sa famille, ne lâche pas un iota de sa toute jeune indépendance.

Sa vie de cœur balance dur entre un homme, l'ingénieur en communication, Miguel Pascual (acteur Borja Luna) et une jolie femme rousse, responsable des standardistes,  Sara Millan (merveilleuse Anna Maria Polvorosa)…

Peut-on imaginer comment étaient traitées les lesbiennes dans cette Espagne ultra conservatrice ?

Mais les épouses, comme Angeles Vidal (actrice Maggie Civantos), n’avaient guère plus de droits. Si ce n’est d’être dans la totale ombre de leurs maris.

De se faire battre et de ne pas se plaindre d’être cocue de surcroit.

Mario, le mari odieux, est impeccablement campé par le beau Sergio Mur.

Sa maîtresse, la secrétaire de direction Carolina (actrice Iria Del Rio) nous est présentée dans une scène de sodomie plutôt embarrassante.

Qui se déroule sur leur lieu de travail, un soir de fête.

Et que découvre, en ouvrant la mauvaise porte, la prude Marga.

Ah Marga...

Son petit couple fleur bleue, très fleur bleue... Oui Marga (actrice Nadia Santiago) au prénom prédestiné : Maria Immaculada, et son timide fiancé puceau Pablo (acteur Nico Romero)…

A eux les douceurs du romantisme et de la découverte.

Même si la logeuse de ces dames est plutôt... Typique et inattendue "Souviens-toi, garde l'esprit ouvert et les jambes fermées" décoche-t-elle à Marga qui part pour sa toute première soirée à la "Compaña de telefonia".

Toutes les scènes dénudées sont très belles, très érotiques et très suggestives.

Jamais vulgaires.

Et quand un crime est commis, l’inspecteur Cuevas (le viril Antonio Velazquez) ne va pas non plus résister longtemps aux charmes de Angeles.

Tout ce petit monde vit, se bat et (parfois) meurt sous nos yeux charmés de tant de couleurs et de sensualité.

L'Histoire avec un grand H est totalement respectée quand on vit en direct la toute première communication intercontinentale, celle entre le roi d'Espagne Alphonse XIII et le président américain John Calvin Coolidge.

Ou la création, après bien des luttes de pouvoir, des cabines de téléphone populaires.

Ou encore les écoutes téléphoniques demandées par le pouvoir en place et rendues nécessaires afin de tenter de déjouer la préparation du complot des militaires pour prendre le pouvoir.

Une fois les 8 épisodes de la première saison épuisés, reste encore le bonheur d’une saison 2 (sur Netflix depuis le 25 décembre 2017) et la perspective d’une saison 3 (tournée cette année).

Si l'on se bat actuellement avec le hashtag #balancetonporc, être une femme en 1928 était tout sauf simple !

Grâce à leur travail de standardiste, ces quatre jeunes femmes en quête d’indépendance vont créer une relation qui va changer leur vie.

C’est subtil, parfois doux, parfois violent, parfois érotique, parfois révoltant.

C’est juste l’Espagne des années 20.

Et la difficile lutte de quatre femmes pour imposer leur désir de liberté.

 "En 1928, les femmes étaient considérées comme des ornements qu'on pouvait exhiber dans les soirées mondaines, des objets à qui il était interdit d'exprimer une opinion ou de prendre une décision. Si la vie n'était facile pour personne, elle l'était encore moins pour les femmes. Pour une femme, en 1928, la liberté était un rêve qui semblait inaccessible. Car la société cantonnait les femmes aux rôles de maîtresses de maison, de mères, d'épouses. Elles n'avaient pas le droit d'avoir des rêves, des ambitions. Pour avoir un avenir, nombre d'entre elles devaient partir loin de chez elles, tandis que d'autres devaient affronter les normes d'une société misogyne et rétrograde. En définitive, que nous soyons riches ou pauvres, nous voulions toutes la même chose : être libres et si, pour cela, il fallait enfreindre la loi, nous étions prêtes à le faire qu'elles qu'en soit les conséquences."

Sacré programme pour une série tellement intense qu'elle donne vraiment envie de la revoir en sa langue originale : l'espagnol !

Olé muchachas!

Liliane Langellier

 

NETFLIX : Gratuit le premier mois et 11 € chaque mois suivant.

 

 

Carlota, Lidia et Marga

Carlota, Lidia et Marga

Carlota et son redoutable père

Carlota et son redoutable père

Marga et son soupirant Pablo

Marga et son soupirant Pablo

Angeles et son mari Mario

Angeles et son mari Mario

La superbe Lidia (ou Alba)

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