8 Mai 2024
Si, si...
C'était prévu....
C'était même pensé, écrit, organisé....
Mais...
C'est quand même l'imprévu du destin des êtres qui nous a tous frappés.
Retour sur une commémoration.
Il y a d'abord eu les deux élèves de l'école de théâtre.
Portées par la grâce....
Qui ont raconté l'histoire.
Oui, l'histoire de Solange.
Sous forme de dialogues.
Entre Zoé et Jessica :
zoé :
La petite fille, c’est moi. J’ai échappé à la rafle du 6 juillet 1942 à Paris.
Ici, à Chandres, je ne porte plus l’étoile jaune. Je ne suis pas la « Youpine » mais je suis la rouquine
Jessica :
Qui a plein de taches de son sur la figure, des oreilles plus grandes que la normale.
zoé : J’en ai fait des expériences.
Jessica : Conduire les vaches au pré, enlever très vite les petits cochons qui viennent de naître
Zoé : Car la truie risque de les manger.
Jessica : Amorcer la pompe à la main
zoé : Car il n’y a pas le courant électrique
Jessica : Traverser la cour avec une brouette chargée de deux seaux d’eau.
zoé : Pas facile !
Jessica : A manger aux lapins sans qu’ils se sauvent. Le plus malin, c’est le lapin.
zoé : Aller chercher le cidre à la cave, tout au fond de la cour en traversant le tas de fumier sur une planche avec ce maudit porte-bouteilles si lourd …
Jessica : Et tout de même des soldats allemands qui venaient sans cesse : chercher des œufs, du lait, des volailles.
zoé : Ils payaient, bien polis.
Jessica : La fermière mettait l’argent dans une boîte à épices, sur la cheminée, et nous sentions la peur.
zoé : J’allais à l’école
Jessica : La Kommandantur était sur la place ?
zoé : A côté de l’école.
Jessica : Les Allemands s’étaient aménagés une baignade sur l’Eure ?
zoé : Juste derrière l’école
zoé : Le soir, on allait dans les champs, au-dessus du village, ramasser les tracts
Jessica : lancés par les avions anglais ?
zoé : On les donnait autour de nous. On attendait....
Jessica : la Libération.
zoé On chantait !
Jessica :
Sur les airs de l’époque des chansons avec des paroles de colère contre les Fridolins.
Zoé : Dans cette ferme, quand tout était bien clos, on écoutait Radio Londres.
Jessica :
Il fallait en inventer des trucs pour essayer de diminuer le brouillage !
Zoé : Chacun avait une recette.
Jessica :
Parmi les ouvriers agricoles, il y avait des Résistants. Il y a en a eu qui ont été fusillés avec « les 32 d’Eure-et- Loir ».
Zoé :
Et moi, dans tout cela, je savais qu’un autre temps viendrait. Je crois que j’ai acquis pour toute la vie une notion d’espoir, une forme de résistance au malheur.
Jessica :
Mais il y a eu le 6 juin 44. Le débarquement.
Zoé : J’ai été reçue au certificat d’études, avec dispense.
Jessica : La vie était à venir. Les Américains sont arrivés à Chandres le 15 août 44.
Zoé :
Mais avant, nous avions eu des bombardements terribles.
J’ai vu les boules se détacher des avions.
Jessica :
C’était.... peur et..... joie.
Zoé : Quand je suis revenue à l’école, 75 Boulevard de Belleville à Paris, 90 enfants de mon école manquaient.
Elles ferment le livre de photos
Jessica : Morts à Auschwitz.
............................
Et puis...
Et puis Solange est venue au micro...
Emue, dans son petit tailleur écossais :
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